Grégory Havret, si près du paradis

Grégory Havret a failli créer l'exploit - -
Derrière lui au leaderboard du 110e US Open, trois légendes et vingt et un tournois majeurs cumulés : Ernie Els, Phil Mickelson, Tiger Woods. Devant, un seul nom, bien moins ronflant, celui du Nord-Irlandais Graeme McDowell, qui devance au final d’un tout petit coup le Rochelais pour la première victoire d’un Européen dans cette deuxième levée du Grand Chelem depuis l’Anglais Tony Jacklin, il y a… quarante ans.
C’est une semaine de rêve qu’a vécue Grégory Havret sur le mythique parcours de Pebble Beach, en Californie. Passé par les qualifications, jamais la pression n’a pesé sur ses épaules. Plutôt normal sur les deux premiers tours où il n’avait que le plaisir d’être là en tête, avec son statut de 391e joueur mondial. Il découvrait l’épreuve et ne jouait que le quatrième tournoi majeur de sa carrière, pour un seul cut passé. Après un superbe 3e tour qui l’a positionné au pied du podium, le Français s’est avancé vers le tour final aux côtés de Tiger Woods. Un voisinage d’ordinaire trop contraignant pour passer une belle journée. Mais Havret n’a jamais craqué. Mieux, il a rendu la plus jolie carte de ce dimanche dans ce prestigieux Top 5. S’il avait gagné, il aurait succédé à Francis Quimet, vainqueur dès son premier US Open en… 1913.
« J’ai travaillé vingt ans pour ça »
Mais Grégory Havret a tout de même glissé son nom dans l’histoire du jeu, troisième Tricolore à échouer si près en majeur après Van de Velde en 1999 et Thomas Levet en 2002, tous deux au British Open. « Je suis très heureux de ce tournoi, mais c’est aussi une grande déception parce que j’aurais pu l’emporter », a-t-il commenté. Il n’a que deux succès à son actif en onze années de professionnalisme : l’Open d’Italie en 2001 et l’Open de Loch Lomond en 2007, prouvant la solidité de ses nerfs lors d’un play-off remporté face à Phil Mickelson.
Sa formidable performance lors de cet US Open lui offre, en plus d’un éclairage dont il n’avait jusque-là jamais fait l’objet, un bond colossal au classement. Le voilà 177e mondial, pour un gain de 214 places. Le dauphin de McDowell savoure : « Honnêtement, c'est fabuleux pour moi de terminer à cette place. J'ai travaillé vingt ans pour vivre ce genre de moments. » Finir deuxième d’un majeur devant Woods et Mickelson, ça valait bien le coup d’attendre.