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Mondial de handball: France-Espagne, un match entre vrais amis

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Contrairement au basket où l’animosité est très forte, au handball, France-Espagne, dernière affiche du tour principal du Mondial lundi soir à Cracovie (21h), est un match entre amis. Les liens entre les joueurs des deux nations sont forts et alimentés au gré des parcours des handballeurs entre la Liqui Moly Starligue en France, et le championnat espagnol.

Dans les années 2000, la colonie française avait élu domicile à Ciudad Real, club disparu depuis. Cette ville située à 200 kilomètres au sud de Madrid a accueilli Didier Dinart pendant dix ans puis Luc Abalo et Jérôme Fernandez qui avaient, eux aussi, franchi les Pyrénées. Il y a eu ensuite la période Barcelone de l’ancien capitaine français Cédric Sorhaindo (2010 à 2021) et de Nikola Karabatic entre 2013 et 2015, là où il a remporté sa dernière Ligue des champions en club. La capitale catalane est toujours aussi riche de Français aujourd’hui avec Ludovic Fabregas, Dika Mem, Melvyn Richardson sans oublier Timothey N’Guessan, forfait pour ce Mondial. Mais depuis une dizaine d’années, les talents espagnols se sont aussi exportés en France avec la montée en puissance du championnat.

Cinq joueurs espagnols dans le championnat français

"Depuis que je suis parti (en 2013), le championnat ne cesse de progresser en terme de structure et de professionnalisation des équipes, confesse Gonzalo Perez de Vargas, gardien du Barca et ancien joueur de Toulouse en 2013-2014. La proximité aussi avec la culture. Si on compare la France et l’Allemagne, en terme de période de vacances, de rythme… la France est plus proche. Il y a aussi beaucoup d’équipes avec des Espagnols en première et deuxième division. C’est bien pour nos joueurs de pouvoir gagner leur vie mais on aimerait aussi qu’en Espagne au-delà du Barça, on puisse faire la même chose."

Car la principale différence entre les deux championnats nationaux est la capacité de la France à envoyer régulièrement plusieurs clubs en Ligue des champions. En 2018, lors du sacre de Montpellier, ils étaient trois français pour quatre places (MHB, PSG, HBC Nantes). Nantes et Paris sont depuis retournés à Cologne pour le Final Four Européen en 2021. Les Espagnols restent toujours aussi présents dans le championnat français, la LiquiMoly Starligue avec cinq pensionnaires, Ferran Solé au PSG, Inaki Pecina à Chambéry, Jorge Maqueda et Kauldi Odriozola à Nantes et Adria Figueras à Chartres.

Nikola Karabatic et Gonzalo Perez de Vargas
Nikola Karabatic et Gonzalo Perez de Vargas © DR

N. Karabatic : "De vrais liens d’amitié"

Mais au-delà des trajectoires communes, les joueurs ont tissé entre eux des relations fortes. Nikola Karabatic était invité l’été dernier au mariage de Gonzalo Perez de Vargas : "J’ai des très bons amis et plus que des amis, confesse Karabatic. Je pense à Gonzalo. A Rodrigo avec qui j’ai joué à Paris. Il y en a certains qui ont arrêté mais des joueurs comme Viran Morros, Victor Tomas, Eduardo Gurbindo sont des amis. A Paris, je joue avec Ferran Solé et David Balaguer. Ce sont de vrais liens d’amitié, c’est pour ça que ces matchs-là sont particuliers. Mais quand on est sur le terrain, on n’a surtout pas envie qu’ils gagnent."

Gille : "Il n’y a pas que des sourires et des caresses dans le dos"

Pour Perez de Vargas, ce n’est pas uniquement une question de relations humaines mais ce sont aussi les valeurs du handball qui font que beaucoup de joueurs de différentes nationalités sont amis : "Je pense que ça vient du handball, analyse le portier ibérique. C’est un sport très noble. Les gens sont très généreux entre eux. On a tous des amis dans d’autres équipes. J’ai joué contre Blaz (Janc le Slovène), mon coéquipier vendredi. Dimanche, ce sera pire. Ils sont quatre au Barça. J’ai joué avec Val (Porte), Niko (Karabatic). C’est cool de les voir."

Tous les acteurs préviennent. Personne ne se fera de cadeaux dimanche soir à la Tauron Arena (21h). "Il y a du lien, des échanges très réguliers, explique Guillaume Gille, le sélectionneur des Bleus. Pour certains ce sont des coéquipiers. Cela va s’oublier le temps d’un match. Ce sont des choses qui génèrent autre chose que de l’animosité et de l’agressivité. Je me remémore les France-Espagne qui ont marqué l’histoire du handball français. Il n’y a pas que des sourires et des caresses dans le dos."

Des matchs de légende

Guillaume Gille fait référence notamment à des matchs couperets et légendaires comme les demi-finales gagnées par les Experts à l’Euro 2013, au Mondial 2015 ou encore au ce mythique quart de finale des Jeux Olympiques de Londres avec cette victoire d’un but (23-22) et un but ancré dans les mémoires de William Accambray à trois secondes de la fin pour envoyer les Bleus dans le dernier carré olympique. Depuis, la Roja a retrouvé des couleurs en éliminant la France lors de l’Euro 2018 (27-23) ou en privant les Français du bronze lors du dernier Mondial en Egypte en 2021 (35-29).

Arnaud Valadon