Des « Bronzés » aux « Experts », vingt ans de succès

- - -
Les Bronzés (1992-1994)
Jamais la France, nation mineure du handball, n’était montée sur le moindre podium international jusque là. Mais on sent, dans le sillage de l’entraîneur marseillais Daniel Costantini, que l’heure approche. Aux Jeux Olympiques de Barcelone, les Bleus, qui se sont tous teints les cheveux en jaune poussin, obtiennent une magnifique médaille de bronze aux dépens de l’Islande (24-20). Leur premier surnom est tout trouvé. Une équipe est née ; un état d’esprit, convivial et déjanté, également. L’année suivante, les Mahé, Perreux, Volle et autre Médard parviennent en finale du championnat du monde en Suède, ne s’inclinant que devant la Russie (28-19). La machine est lancée.
Les Barjots (1995-2000)
Costantini, coach rigoureux et plutôt austère, n’a jamais caché que le mode de vie de la plupart de ses joueurs ne lui convenait guère. Mais plutôt que de réprimer leurs excentricités, il définit un modus vivendi (sérieux sur le terrain, liberté en dehors) qui s’avère payant. En 1995, en Islande, la France devient championne du monde pour la première fois de son histoire en dominant la Croatie (24-19). « Comment vous définissez-vous ? », demande une journaliste à Philippe Gardent. « Je dirais que nous sommes assez barjots », répond-il. Ce sera la nouvelle appellation officielle de Bleus encore inconstants : favoris du tournoi olympique d’Atlanta, ils échouent au pied du podium (4e). La décennie s’achève sans autre titre, mais le meilleur est à venir.
Les Costauds (2001-2007)
Le championnat du monde 2001 a lieu en France, bouquet final d’une génération exceptionnelle. Au terme d’un tournoi de feu, marqué par deux victoires insensées face à l’Allemagne et la Suède, les coéquipiers de Jackson Richardson sont de nouveau sacrés. Dans un Palais Omnisports de Paris-Bercy en fusion, Costantini pleure à chaudes larmes. « Je crois que nous sommes costauds… », confie-t-il après le quart de finale arraché à l’Allemagne après prolongation (26-23). L’expression fera florès. Claude Onesta est intronisé dans la foulée. La transition s’effectue en douceur, avec deux médailles de bronze aux Mondiaux 2003 puis 2005, année de la retraite du joueur le plus capé de l’histoire du hand français, Jackson Richardson (417 sélections). En 2006, la France remporte enfin le titre de championne d’Europe. Ne reste plus qu’à aller chercher l’or olympique.
Les Experts (2008-2011)
Ce sera chose faite à Pékin, en 2008. Avec un Nikola Karabatic en pleine ascension, meilleur buteur de l’équipe (37 buts), trois joueurs dans l’équipe-type du tournoi (Omeyer, Narcisse et B. Gille), et des anciens désireux de partir sur un dernier coup (Girault), la France est invincible. Après une demi-finale tendue face à la Croatie (25-23), les hommes d’Onesta écartent l’Islande (28-23) pour être sacrés champions olympiques. La fédération française de handball soigne alors son marketing. Le nom d’ « Experts », en référence à la série, rallie tous les suffrages. L’harmonie jeunes-anciens fait des ravages : les coéquipiers de Jérôme Fernandez, meilleur marqueur de l’histoire des Bleus (1220 buts) enlèvent dans la foulée le championnat du monde en Croatie et le championnat d’Europe en Autriche, en battant à chaque fois en finale leur victime préférée, la Croatie. En moins de vingt ans, la France a mis le monde du handball à ses pieds.