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Euro : Karabatic, star et patron à la fois

Nikola Karabatic

Nikola Karabatic - -

Meilleur joueur des Experts depuis le début de l’Euro, Nikola Karabatic a surtout vu son influence au sein du groupe s’accroître encore un peu plus. Plongée chez les Bleus avant la demi-finale face à l’Espagne ce vendredi (18h30).

« Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui avant la mise en place ? » « Un touch-down, comme ça tout le monde va courir un peu. » Cet échange aurait très pu se dérouler entre Claude Onesta, le sélectionneur de l’équipe de France de handball et Sylvain Nouet, son adjoint. Mais si ce dernier s’est bien renseigné sur le programme du jour, ce n’est pas auprès du sélectionneur des Experts. Plutôt du côté de leur autre boss, Nikola Karabatic. Car il ne faut pas s’y tromper : le leader technique des Bleus aujourd’hui, c’est bel et bien l’arrière gauche ou demi-centre international, indissociable du parcours réussi des Français à l’Euro danois avant la demi-finale face à l’Espagne ce vendredi (18h30).

D’ailleurs, la scène de lundi dernier n’est pas un événement. Juste un rendez-vous ponctuel, qui se prolonge au-delà des séances d’entraînement. Très proche de Didier Dinart, qui l’a toujours considéré comme son petit frère, Nikola Karabatic n’est jamais loin du responsable du secteur défensif des Bleus, pour qui son avis compte lors des mises en place. Comme en match, où son opinion sur les changements à effectuer trouve écho aux oreilles de Claude Onesta. Ou dans le vestiaire, où ses remarques sont vite imprimées par les jeunes et les remplaçants. « Nikola a toujours été un leader dans sa façon de jouer sur le terrain, rappelle Jérôme Fernandez. Comme il a énormément de respect pour les anciens, il les laissait parler d’abord et s’il devait rajouter quelque chose, il le faisait. Le fait que pas mal de cadres ne soient plus là aujourd’hui lui laisse aussi un peu plus de place. »

Et de responsabilités. « Il est hors de question de laisser le moindre détail au hasard, confie Nikola Karabatic. Il faut que tout soit bien mis en place, que tout le monde sache ce qu’il a à faire sur le terrain, en défense ou en attaque. C’est mon rôle d’apporter ces précisions-là et d’aider tout le monde. » Une (large) casquette que le joueur de Barcelone assume de façon spectaculaire. Un bras clinique (25 buts sur 37 tirs, soit 68 % de réussite), une vista remarquable (28 passes décisives, 2e passeur de l’Euro derrière le Parisien Mikkel Hansen) et une défense redoutable : Karabatic brille dans tous les secteurs. Pour Claude Onesta, son exil catalan est aussi à l’origine de cet état de grâce. « C’est un joueur qui joue beaucoup au combat. Les combats sont plus faciles dans le championnat espagnol, relève le sélectionneur français. Il arrive avec un peu plus de fraîcheur et d’envie. » De maturité aussi.

Onesta : « Pas le plus élégant mais le plus efficace »

« Il a plus de maitrise, assure Jérôme Fernandez. A Kiel, il était plus jeune. Il avait des moments où pendant dix minutes un quart d’heure, il était ‘‘inarrêtable’’. Après, il commençait à tirer la langue et il fallait un peu le gérer là-dessus. Là, il arrive à la trentaine. Il est capable de donner énormément, de gérer aussi tout au long du match et de garder son efficacité. » Les Experts profitent donc au Danemark d’un Nikola Karabatic au sommet de son art. Epanoui. Souriant. Disponible auprès des médias. Et revanchard, lui qui n’a pas digéré l’échec des Bleus en Serbie il y a deux ans (11e).

« Il a identifié ce rendez-vous comme étant prioritaire dans sa saison, avance Onesta. Cela va de pair avec l’emprise qu’il est en train d’installer sur l’équipe. Ça en devient le patron, ce qui n’était pas le cas encore. Par moment, on a l’impression qu’il fait ce qu’il veut, quand il veut et où il veut. Quand on voit en plus son activité défensive, on se dit aujourd’hui que ce n’est peut-être pas le joueur le plus élégant du handball international, mais sûrement le plus efficace. Et de loin. » Les supporters français ne s’y trompent pas. Les Danois, qui lui demandent régulièrement une photo, non plus. Après tout, c’est bien lui qui figure sur l’affiche officielle de l’Euro. Un signe, assurément.

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La rédaction