
Jupes dans le hand : des dessous pas très chics

La Française Mariama Signaté - -
Léa Terzi, ailière gauche de Dijon, a lancé le mouvement. Un billet sur un blog, relayé par la sociologue Béatrice Barbusse. Puis les réseaux sociaux de s’enflammer. La raison du courroux ? Le projet des présidents des dix clubs de la Ligue féminine de handball (LFH) d’obliger les joueuses à troquer le short contre une… jupe dès la saison prochaine, à l’image de l’équipe de Metz qui joue ainsi pour la seconde saison de suite. Réunis à Nice en début d’année, les dirigeants ont discuté la chose avant de la voter à l’unanimité. La question a également été abordée en comité directeur de la LFH. Devant le tollé, les présidents ont refusé d’avouer que le projet avait été envisagé et démenti ce vote. Selon les informations de RMC Sport, il a pourtant bien eu lieu.
Certains dirigeants en ayant parlé à leurs joueuses, ces dernières ont alors commencé à se mobiliser. Avec Léa Terzi comme figure de proue. « Je pensais que ça n’allait pas prendre d’ampleur mais ça a fait parler, grâce à Béatrice Barbusse et son réseau. Et on a obtenu gain de cause puisque la jupe ne sera pas obligatoire la saison prochaine, explique l’ailière dijonnaise. On nous impose une tenue vestimentaire sans nous avoir consultées, c’est vraiment ce qui m’a dérangée. Et puis, je ne vois pas le but. Les gens ne viennent pas voir nos gambettes ou notre physique, ils viennent voir du beau jeu. »
« C’est de la communication mal calculée »
Arrière gauche d’Issy et de l’équipe de France, Mariama Signaté confirme : « On a à cœur de prouver que ce n’est pas un jeu de filles. On s’engage autant que les garçons mais avec nos propres qualités physiques. Le côté sexy va attirer d’autres types de spectateurs. Mais mettre une jupe, ce n’est pas le truc de toutes les filles. Et sur le terrain, quand on se met en mode guerrière, ça peut être moins pratique. » Sur la forme, c’est surtout la décision d’une obligation sans consultation qui a provoqué la colère. « Les joueuses ne sont pas contre la jupe, mais quand elles le souhaitent, confirme Béatrice Barbusse, sociologue et ancienne présidente du club masculin d’Ivry. Pour jouer, elles veulent continuer à porter le short. » Et Maryse Ewanje-Epée, membre de la Dream Team RMC Sport, d’insister : « Le scandale, ce n’est pas la jupe, c’est le fait qu’on ne laisse pas le choix. »
Dans un superbe exemple de rétropédalage, Jean-Marie Sifre, président du club d’Issy et membre du comité directeur de la LFH ainsi que de sa commission communication, s’accroche aux branches d’explications alambiquées dans lesquelles son utilisation du mot « jupettes » dit tout de l’esprit derrière cette idée : « Il y a eu des discussions entre les présidents sur l’idée de faire un coup médiatique car cela a bien marché à Metz. Mais aucune décision n’a été prise. On ne fait pas du tout machine arrière et je comprends bien que cela puisse poser problème si on parle d’obligation. Mais si un club décide de le faire, il n’y a rien de grave. » Pas d’obligation, donc, mais la porte laissée ouverte aux clubs. « C’est de la communication mal calculée pour faire du buzz sur le moment, juge Béatice Barbusse. Mais à long terme, est-ce que ça peut être une bonne stratégie de développement du sport féminin ? Je n’en suis pas du tout sûre. Avec une telle décision, la joueuse ne maîtrise plus son corps, il devient un corps à voir pour les autres. Et ça me dérange. » Elle n’est pas la seule.