Onesta : ‘‘Entre l’Euro et les JO, on ne choisit pas’’

Claude Onesta, le sélectionneur des Bleus - AFP
Claude, dans quel état sont vos troupes après les fêtes de fin d’année ?
On a déjà commencé notre préparation entre Noël et le jour de l’An. On a libéré tout le monde pour venir faire le réveillon avec les copains et on s’est retrouvé très vite derrière. Ça fait un petit intermède mais on était déjà dans le rythme de la préparation.
Avez-vous donné des consignes à vos joueurs dans cette période ?
J’ai toujours dit que je trouvais ridicule de donner des consignes sur quoi que ce soit. Ça me paraît compliqué de vouloir qu’un joueur soit capable de prendre une décision à la dernière minute d’un match, qui peut nous donner un titre, si on ne lui a même pas laissé la possibilité de choisir ce qu’il mangeait. Il y a une forme d’autonomie avec laquelle les joueurs ont appris à vivre. Chacun sait qu’il peut s’amuser, sans trop d’excès car on les paie souvent au prix cher, mais qu’il faudra revenir très vite au travail. On a toute confiance en chacun pour savoir où est la limite.
Le groupe France est touché par beaucoup de blessures. Le problème aux adducteurs de Nikola Karabatic, préservé lors du premier stage, est-il terminé ?
Ça reste non pas une préoccupation mais quelque chose auquel on fait attention. Il est de mieux en mieux et il s’entraîne de plus en plus normalement mais on ne cherche pas pour autant à charger la dose. Ça va se faire de manière régulière. J’espère bien sûr qu’il sera opérationnel le plus tôt possible mais on n’est pas à quelques jours non plus. Donc quand il faut relâcher un peu, on le fait. C’est quelque chose qui se fait de façon raisonnable et raisonnée.
Il y a de l’inquiétude autour de Xavier Barachet, touché au genou. Sera-t-il remis pour l’Euro ?
Ça fait encore partie des choses sur lesquelles on réfléchit. Après, on a tendance à dire que plus on prend de temps pour réfléchir, moins la solution devient effective. Il est évident qu’un joueur qui ne participe absolument pas à la préparation aurait du mal à s’intégrer progressivement dans la compétition. Aujourd’hui, le tout n’est pas de savoir comment il va, car globalement il va assez bien, mais de constater qu’il a quand même une blessure au genou. Un protocole va devoir être établi pour savoir quelle est la meilleure solution pour que cette blessure ne devienne pas un handicap par la suite. On n’est absolument pas décidé à prendre le moindre risque sur la possibilité d’aggraver cette blessure. Sa présence à l’Euro est donc de moins en moins une hypothèse raisonnable.
En 2016, il y a l’Euro mais aussi et surtout les JO. Fixez-vous une priorité entre les deux ?
Il est évident que la résonance d’un titre olympique éventuel est sans commune mesure avec celle d’un titre européen. Mais on ne fait pas la fine bouche. Quand vous pouvez avoir un titre, vous cherchez à valider l’opportunité. Donc on ne choisit pas. Ce serait imbécile de dire qu’on fait l’impasse sur l’Euro pour se réserver pour les Jeux. Maintenant, étant déjà qualifiés pour ces JO, on n’a peut-être pas à s’investir comme les autres devront le faire sur cet Euro. Outre Barachet, on a beaucoup de forfaits. Il nous manque cinq joueurs parmi ceux qui étaient au Qatar lors du dernier titre mondial. On a une équipe fortement renouvelée. On va quand même essayer d’aller chercher un résultat mais il faudra peut-être parfois savoir lever le pied si la situation s’y prête.
En 2012, les Bleus avaient terminé 11e de l’Euro avant de remporter le titre olympique. Deux compétitions majeures dans la même année, est-ce trop ?
Ça l’est surtout si on veut être partout. Les joueurs ne se contentent pas de ces deux compétitions. Ils ont aussi le championnat, la Ligue des champions… Ils enchaînent tout au long de la saison. Deux compétitions internationales majeures, c'est lourd. En 2012, on avait joué l’Euro alors que l’équipe de France était au complet. Là, on est amoindri donc dans une situation un peu plus délicate. Mais ça nous permet de solliciter des jeunes pleins de talent qui n’ont peut-être pas eu l’opportunité d’avoir du temps de jeu et des responsabilités par le passé. On va jouer à plein cette carte-là en se disant que même si ça ne paie pas ce coup-ci, on investit sur l’avenir. On est déjà qualifiés pour les JO mais aussi pour les prochains championnats du monde organisés en France. Tout en essayant de construire des moments de performance immédiats, on a aussi besoin de préparer cette équipe pour les échéances qui suivent. On est dans un cycle où on va travailler avec l’ensemble des acteurs, notamment les jeunes, et si on peut accrocher quelque chose, on ne s’en privera pas. Mais peut-être qu’on ne mettra pas tout en œuvre, et surtout ce qui pourrait être déraisonnable, pour obtenir un titre à tout prix.