Aviron: les championnats de France tournent à la catastrophe à Vichy après une pluie de grêle

Autour de 22 heures, samedi, au deuxième jour de compétition, personne n’imagine que des grêlons de la taille de balles de tennis vont tomber sur Vichy. Un peu plus tôt, un premier orage est passé, n’inquiétant pas les athlètes, d’autant que les prévisions météo ne sont pas alarmantes.
Mais une demi-heure plus tard, c’est la tempête, Alain Waché, président de l’Aviron Grenoblois se précipite pour essayer de sauver les bateaux en marge des championnats de France d'aviron. "C’était le déluge, on entendait un bruit pas possible. En sortant du bâtiment où on logeait, on s’est fait canarder, comme avec des pierres. Le pare-brise du camion était complètement explosé." En arrivant au bassin les différents clubs découvrent des arbres abîmés, des oiseaux morts, et certains bateaux transpercés, totalement inutilisables.

400 embarcations abîmées
"Il y avait des trous énormes dans les bateaux, on pouvait passer notre main à travers, déplore Alain Waché. On en avait un haut de gamme qu’on venait d’acheter. Il était sous une bâche mais il a été plombé comme les autres, et ça coûte 65 000 euros un bateau comme ça."
Au total, environ 400 embarcations ont été abîmés avec des pertes totales estimées à plusieurs millions d’euros. L’ensemble des clubs présents ont été touchés, à l’image du Cercle Aviron de Nantes, qui déplore de la casse sur ses 13 bateaux engagés. Erwann Madec est président de la commission sportive du club. "On s’est rendus compte de la catastrophe que ça allait être pour l’aviron français et pour notre club. On est en danger, très clairement, l’aviron risque de perdre des adhérents. Si l’assurance rembourse mal, on ne sera pas capables de rembourser avec nos fonds. Et si on n’a plus de bateaux, on va avoir des problèmes."
Une fin de compétition frustrante
Après avoir mis les bateaux encore en bon état à l’abri, les organisateurs se sont réunis, pour décider de la marche à suivre. C’est là que la décision d’interrompre la compétition a été prise, appuyée par le règlement de la fédération. "L’objectif était de terminer cette compétition, de ne pas pénaliser les rameurs, explique Christian Vandenberghe, président de la fédération française d’aviron. On s’est basé sur les textes, et on a attribué les médailles aux meilleurs temps des demi-finales."
Une solution de secours, pas idéale, et critiquée par Alain Waché, président du club grenoblois : "Personnellement, je pense qu’on ne pouvait pas attribuer de médailles dans ce contexte. On n’a pas pu défendre nos chances, c’est extrêmement frustrant. Il y a des sportifs qui, à 30 ans, continuent à ramer, et font tout ça pour rien. C’est terrible, ils doivent avoir le moral dans les chaussettes."

Bel élan de solidarité
Le président de la fédération l’assure, tout est mis en place pour aider l’aviron français à passer cette épreuve. Le ministère des Sports s’est emparé du dossier, et l’assurance va accompagner les clubs sinistrés. En plus de ça, pour les prochaines compétitions, une bourse d’échange est mise en place par la Fédération. Christian Vandenberghe s’en réjouit : "On a proposé aux clubs de se prêter les bateaux, et très rapidement, la solidarité s’est mise en place. On va faire ramer tous nos jeunes dans les week-ends prochains, je suis très heureux de la réaction des présidents des clubs."
A court terme, les rameurs devraient donc pouvoir continuer à participer aux compétitions. Mais dans le futur, les délais de fabrication et de livraison importants risquent de pénaliser de nombreux clubs, qui pourraient ne pas pouvoir participer à toutes les compétitions.
De nouveaux protocoles de sécurité vont être mis en place face à la multiplication de ces évènements météorologiques. En 2020, déjà, les championnats de France à Gravelines avaient été annulées pour cause de tempête.