"Ces Jeux ne sont pas chers", Moscovici félicite Paris 2024 d'avoir su éviter le dérapage budgétaire

Un succès maîtrisé. La Cour des comptes a salué ce lundi la réussite de l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, notant qu’il n’y avait pas eu de dérapage budgétaire. L'institution a estimé que les dépenses avaient été maîtrisées pour des Jeux qui ont coûté moins cher que ceux de Londres en 2012.
"Le coût a été substantiel, a rappelé Pierre Moscovici, premier Président de la Cour. Nos concitoyens ont le droit de savoir que les Jeux ont coûté 6,6 milliards d’euros. C’est le prix d’un tel évènement. Pour autant, ces Jeux ne sont pas chers. Ils ont été deux fois moins chers que les Jeux de Londres. Ce n’est pas en soi excessif."
Alpes 2030 comme objectif
Suivis par cinq milliards de téléspectateurs et disputés devant un public massif, avec 12,1 millions de billets vendus, les Jeux ont mis en lumière le savoir-faire français en matière d’organisation de grands événements internationaux. Les Magistrats ont notamment apprécié la dépense publique et les recettes pour l’État qui sont indépendantes des recettes du Cojop (billetterie, sponsors).
La Cour identifie également des défis à relever, particulièrement en matière de gestion budgétaire, d’impact économique et d’héritage à long terme. Un retour d’expérience qui doit servir pour Alpes 2030 dont une première évaluation sera faite par les magistrats de la rue Cambon en 2028.
Pour la Cour, l’un des points clés de la réussite des Jeux est la gouvernance. Les différentes parties (État, collectivités territoriales, Comité d’organisation, Solideo) ont très bien fonctionné ensemble. Il faudra poursuivre pour Alpes 2030 tout en simplifiant aussi les schémas, d’autant que ces Jeux d’hiver se dérouleront à cheval sur deux régions (Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur).
Un impact faible sur le PIB français
Les dépenses publiques liées aux Jeux ont été évaluées à 3,02 milliards d’euros pour l’organisation et 3,63 milliards pour les infrastructures. Parmi les postes principaux figurent la sécurité (1,44 milliard d’euros), les transports (569,9 millions d’euros) et les aménagements urbains (857,6 millions d’euros). Sur le volet recette, les revenus générés pour l’État par les Jeux se montent à 293,6 millions d’euros (essentiellement la TVA) mais elles ont été réduites par des exonérations fiscales spécifiques d’un montant de 250 millions d’euros qui ont été accordées au CIO et au Cojop.
En revanche l’effet sur l’économie française reste très modeste, avec seulement +0,07 point apporté au PIB français. Un chiffre décevant qui s'explique par le fait que la baisse du tourisme durant l’été 2024 n’a pas été rattrapée après la période estivale. Mais le bilan de la Cour des comptes reste positif, celle-ci espérant qu'Alpes 2030 saura suivre les pas de l’organisation de Paris 2024. "C’est un bilan globalement positif avec des leçons à tirer pour l’avenir, poursuit Moscovici. Il y a des recommandations avec des retours d’expérience pour améliorer la gouvernance et les prévisions financières."
Le Cojop conteste
De son côté, le Cojop de Paris 2024 a envoyé deux courriers à la Cour des comptes après la publication en juin dernier d’un premier rapport. Il estime que la Cour inclut des dépenses qui ne sont pas liées uniquement aux Jeux comme le prolongement de la ligne de métro 14 jusqu’à Orly décidé avant l’attribution des Jeux à la France ou le coût des droits télés déboursés par France Télévisions pour la diffusion des Jeux. Paris 2024 estime que le "vrai" coût des Jeux est de 2,5 milliards pour le contribuable français.
Mais il s’agit de deux visions car Pierre Moscovici rappelle que la Cour évalue le coût global pour le contribuable et ne comprend pas cette réaction et celle de l’actuelle présidente du CNOSF, Amélie Oudéa-Castera. "Je trouve ça vain, stérile, artificiel et un peu surréaliste, cette polémique. Nous répondons aux questions posées par le Parlement. La question est liée au dossier de candidature. Combien ça coûte?. Nous sommes là pour informer le citoyen du cout réel des Jeux sans porter de jugement et sans être excessivement critique. On salue d’ailleurs la réussite du Cojop dans son organisation et sa gestion, avec un excédent d’exploitation de 76 millions d’euros. Cela coûte tant et cela a été plutôt bien géré. Qui est-ce que cela gêne de savoir ça?"