RMC Sport

Ces molécules qui menacent les Jeux

Les autorités locales ont passé un accord avec le CIO pour lutter contre l'introduction de produits dopants au Canada.

Les autorités locales ont passé un accord avec le CIO pour lutter contre l'introduction de produits dopants au Canada. - -

Des substances à l’effet similaire à l’EPO pourraient circuler au Canada lors des Jeux de Vancouver. Problème, aucune méthode de détection n’a été mise au point à temps. Mais le CIO a huit ans pour mener des analyses rétroactives. Dissuasif.

A Vancouver, le Comité international olympique (CIO) craint et s’outille pour parer l’importation de produits dopants depuis les Etats-Unis vers le Canada. Sur le modèle de ce qui s’était fait à Turin en 2006 avec les Carabiniers italiens, une coopération est prévue avec les autorités canadiennes, notamment avec les gardes-frontières. Le président du comité international olympique, Jacques Rogge, n’exclut pas que les forces de l’ordre du pays hôte mènent des descentes dans les résidences des athlètes, comme ce fut le cas il y a quatre ans dans le chalet des Autrichiens : « Ce sera à la police canadienne de décider s’il y a des actions judiciaires à mener. Le CIO a passé un accord avec les gardes-frontières pour être tenu informé à chaque fois qu’un membre accrédité essaie d’introduire au Canada des produits interdits. Pour le reste cela dépendra des autorités canadiennes si elles souhaitent mener des raids. »

Les responsables de la lutte antidopage redoutent l’importation de nouvelles EPO ou de substances apparentées. Les craintes portent sur deux molécules de synthèse (l’Hematide de l’Américain Affymax et la Sestide de l’Allemand AplaGen) qui présentent les mêmes qualités que l’EPO, mais plus faciles et moins chères à fabriquer, et qui restent comme la CERA (EPO à effet retard), un mois dans le sang. L’Hematide est en phase d’étude clinique niveau 3, c’est-à-dire au dernier stade avant la commercialisation. Les deux molécules servent à traiter (comme l’EPO) l’anémie. Aux dires de l’Union cycliste internationale, les coureurs les utilisent déjà. Quelques 450 prélèvements sanguins menés aux Jeux devraient permettre aux autorités de suspecter des pratiques interdites, à défaut de confondre avec certitude les contrevenants.

1225 contrôles de plus qu’en 2006 à Turin

Mais selon nos informations, il n’existe pas de méthode de détection certifiée par l’Agence mondiale antidopage pour ces deux molécules. A moins que les patrouilles canadiennes n’interceptent une personne en flagrant délit d’importation illégale de ces petits flacons, le risque est donc réel pour que des athlètes concourent avec une de ces nouvelles substances dans l’organisme. Ou à moins que les échantillons, conservés huit ans par le CIO, ne soient analysés ultérieurement, comme ce fut le cas avec l’EPO CERA. Au siège de l’AMA, on veut croire que cet arsenal suffira. « Nous connaissons bien ces deux substances mais il est de notre politique de ne pas commenter sur le moment où nous mettons en place des méthodes de détection, simplement parce que les sportifs qui trichent ne nous avertissent pas des substances qu’ils utilisent, déclare à RMC Sport Frédéric Donzé, responsable à l’Agence des relations avec les médias. D’autre part, le CIO conserve les échantillons des JO pendant huit ans et il s’agit là d’un élément dissuasif important… »

Le Comité d’organisation de Vancouver a prévu 2000 tests urinaires et sanguins pour les Jeux olympiques, et 425 pour les Jeux paralympiques. Le premier contrôle interviendra le 4 février. En 2006 à Turin, le chiffre était de 1200. Le Président Rogge a déclaré fin janvier que le CIO escomptait le même nombre de cas positifs qu’aux Jeux de Salt Lake City (7) et Turin (7).

La rédaction - Louis Chenaille