RMC Sport

CNOSF: Brigitte Henriques dit "stop à cette campagne de déstabilisation"

placeholder video
Alors que deux enquêtes sont ouvertes à Paris autour du CNOSF, sa présidente Brigitte Henriques a pris la parole lors d'une conférence de presse pour dénoncer une "campagne de déstabilisation" à son encontre et annoncer au passage deux plaintes contre un journaliste.

L'invitation est tombée en fin de matinée et n'était pas prévue au programme. Brigitte Henriques, présidente du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), a convoqué une conférence de presse au siège de la Maison du sport français en fin d'après-midi pour "donner un plein éclairage sur (une) situation devenue intolérable". Une conférence de presse au lendemain d'un bureau exécutif extraordinaire, initiée par son avocat Arash Derambarsh présent à ses côtés sur l'estrade. Pour Brigitte Henriques, "le CNOSF subit une campagne incessante de déstabilisation depuis plusieurs mois avec pour simple objectif de fragiliser l'exécutif et en tête sa présidente".

"À qui profite le crime? Pourquoi suis-je devenue la femme à abattre?" Bienvenue dans le grand Cluedo du sport français. Une partie à rallonge qui commencerait presque à lasser les plus férus de jeux de société. Et le sport français. "Il y avait vraiment la nécessité que je puisse donner ces éléments factuels avec mon conseil pour que cette musique d'informations et d'allégations mensongères puisse cesser auprès de l'opinion publique et des médias", lance la présidente du CNOSF. Et son avocat Arash Derambarsh de planter le décor: "Il est intolérable dans un État de droit de porter des accusations aussi graves dans le seul but de déstabiliser le CNOSF, pour des jeux politiciens où l'on essaye de distiller des fausses informations, d'instrumentaliser les journalistes et de mentir aux français".

"Il est nécessaire que ça s'arrête"

Dans une "opération transparence", l'avocat détaille trois plaintes déposées. Dont deux contre le journaliste Romain Molina. Une pour cyberharcèlement déposée le 24 février dernier et pour laquelle une information judiciaire a été ouverte. "Ma cliente est une femme pourtant robuste, mais ces fausses affirmations l'ont mis en situation de burn out", assure Me Derambarsh qui cite les deux affaires, Roujas et Fortépaule dévoilées par Molina. Une autre plainte contre ce même Romain Molina "pour des faits de diffamation publique" à la suite d'une interview donnée sur Sud Radio. La troisième plainte étant celle contre Didier Séminet, l'ancien secrétaire général du CNOSF remercié avec fracas par Brigitte Henriques.

Trois plaintes à l'initiative de Brigitte Henriques. Alors pourquoi convoquer la presse ce mardi et au siège du CNOSF qui n'est à ce stade pas impliqué dans ces plaintes? "À partir du moment où mon secrétaire général et mon trésorier ont reçu un courrier évoquant une affaire de la FFF dans laquelle mon avocat a porté plainte, il était important de donner les bonnes informations que je voulais relayer à l'ensemble des présidents de fédérations, de CDOS (comités départementaux) et de CROS (régionaux). J'ai dû rendre des comptes à mon bureau exécutif, ce que j'ai fait", explique la présidente du CNOSF.

De qui vient ce courrier? "Un de mes prédécesseurs, balaye-t-elle. Pas besoin de donner le nom, je pense que c'est clair". Façon de citer sans le nommer Denis Masséglia à qui elle a succédé. "Ce qui est sûr, c'est que j'ai été élue le 29 juin 2021 et quatre jours plus tard des allégations mensongères sont sorties, pour lesquelles nous avons porté plainte pour cyber harcèlement. Je m'interroge véritablement pourquoi dès le lendemain de mon élection j'ai pu subir ça. La campagne était déjà pas mal. Le fait que quatre mois après mon élection, il y ait de nouveau des attaques sur moi qui ont fait que je suis devenue une cible et qui maintenant vont plus loin et touchent le CNOSF, il est nécessaire que ça s'arrête. Parce que le CNOSF est là pour la réussite des jeux que l'on attend depuis 100 ans".

"En pleine forme" à moins de 500 jours des JO

Brigitte Henriques face à une vingtaine de journalistes présents se défend: "J'ai déjà signalé un cas de viol et j’ai toujours eu le courage de le faire. Je me suis toujours levée contre les propos sexistes. Il est déplorable que l’on veuille faire en sorte que je doive toujours me défendre sur des choses que je n’ai pas faites. Et pendant ce temps on ne parle pas de ce que le CNOSF fait pour la réussite des Jeux olympiques. J'ai besoin avec le CNOSF et l'ensemble des présidents de fédérations de pouvoir me concentrer sur la réussite des Jeux, sur l'héritage, sur le club France. Sur le programme, gagner en France, sur les services aux fédérations. Il n'y a que ça sur quoi je suis concentrée, et je veux pouvoir travailler dans la sérénité".

Victime d'un burn-out début octobre, Brigitte Henriques s'est mise à l'écart pendant près de trois mois. Aujourd'hui, elle affirme aller mieux. Suffisamment pour tenir la barre du sport français à moins de 500 jours des JO de Paris. "Je suis la première femme du CNOSF, c'est un honneur, un symbole et une grosse responsabilité, dit-elle. Oui j'ai eu un genou à terre au mois d'octobre, mais je peux vous dire que je suis en pleine forme et c'est du bonheur de voir par exemple aujourd'hui tout ce qu'il peut se passer dans le cadre de la semaine olympique et paralympique. Je suis une femme de terrain et tout l'oxygène et l'énergie que je peux prendre c'est sur le terrain. Et je vais vraiment très très bien".

Un message pour le conseil d'administration

Une prise de parole ce mardi qui va aussi dans ce sens. "Ça fait déjà un moment que je me sens bien parce que j'ai très bien compris ce qu'il se passait. Pour quelle raison passer d'une présidente élue à 58%, adoubée par son prédécesseur et entourée par une équipe de 12 élus auprès de moi en plus des 10 autres, à tout d'un coup une situation qui change. Et quand vous trouvez les raisons de pourquoi vous êtes la cible, celle qu'il faut abattre, ça vous fait prendre de la hauteur et du recul pour se concentrer encore plus sur le projet qui est le miens et des élus. Et présidente du comité olympique, l'année des Jeux olympiques, forcément c'est un poste qui donne envie à d'autres. Et peut-être parce que je suis la première femme présidente de ce CNOSF, on se dit que c'est plus facile..."

L'ancienne vice-président de la FFF, derrière son pupitre, lance un grand "stop". "Dans quel monde est-on? Pourquoi en l'espace de quatre semaines, après mon élection, je deviens une personne à abattre? Alors stop! Le message aujourd'hui c'est stop! On va prendre des mesures qui seront soumises au conseil d'administration pour que tout cela cesse. C'est moi qui suis la cible pour déstabiliser le CNOSF, alors stop! Stop à cette campagne de déstabilisation".

Une défense et un message également envoyé au conseil d'administration de l'instance qui se réunira le 13 avril prochain: "Je souhaite que l'on puisse travailler en pleine sérénité sur ce projet qui nous fédère. L'important est que le conseil d'administration ait aussi envie de tourner la page de tout ce que l'on peut entendre et raconter, qu'il ait les bonnes informations et qu'une bonne fois pour toute on puisse se concentrer sur la réussite des Jeux".

Julien Richard