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CNOSF: un match pour la présidence du sport français entre l'ex-ministre Oudéa-Castéra et l'ex-banni Séminet

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Amélie Oudéa-Castéra, ancienne ministre des Sports, et Didier Séminet, président de la fédération de baseball-softball, s'affronteront pour la présidence du Comité olympique français (CNOSF). Leur candidature vient d'être validée, l'élection est fixée au 19 juin.

La course à la présidence du comité olympique français (CNOSF), qui doit changer de patron dans près de deux mois, va offrir un duel assez inattendu entre l'ex-ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra et l'ex-secrétaire général de l'institution Didier Séminet, deux personnalités et deux parcours très différents. L'affiche n'est pas celle pressentie il y a près de trois semaines.

Alors que se profilait un duel sans sel - pour un siège que David Lappartient a renoncé à briguer de nouveau après son échec au CIO - entre le président de la fédération de baseball-softball Didier Séminet et le président de la fédération de triathlon Cédric Gosse, la candidature d'"AOC" a tout chamboulé.

"Coup de maître"

L'arrivée tardive dans la course de l'ex-ministre des sports pendant les JO de Paris, a totalement renversé la table. "Un coup de maître", estime une source au sein du mouvement olympique", "elle a coupé l'herbe sous le pied à ceux qui auraient éventuellement pu se lancer". "AOC" a franchi le pas, et Cédric Gosse s'est rangée derrière elle, pressenti pour être secrétaire général en cas de succès de l'ex-ministre, selon plusieurs sources. Les deux candidatures, pour une élection fixée au 19 juin, ont été validées mercredi par la commission de déontologie du CNOSF.

"Cela peut paraître assez inégal à première vue, étant donné l'aura et l'influence d'AOC qui a incarné pendant deux ans les JO à Paris. Mais il ne faut pas forcément se fier aux apparences, le CNOSF est une maison compliquée", analyse un membre du comité olympique.

Deux anciens ministres des sports s'étaient lancés infructueusement dans l'aventure ces vingt dernières années, Guy Drut (2009) et David Douillet (2017). "Mais c'était une autre époque", rappelle une source proche du CNOSF. "J'ai envie d'aider le sport français", a assuré Amélie Oudéa-Castéra à l'AFP pour expliquer les raisons de sa candidature. "On a la perspective des JO 2030 juste après les JO de Paris, c'est un moment inédit. Je ne veux pas que le soufflé des JO de Paris retombe", ajoute-elle.

Didier Séminet a lui une histoire particulière avec le CNOSF, une maison au sein de laquelle il est arrivé en tant qu'administrateur en 2017. Quasiment inconnu du grand public, issu d'une fédération non olympique, son nom sent quelque peu le soufre, associé à l'une des plus graves crises traversée par l'institution. Choisi par la présidente Brigitte Henriques pour être son bras droit après son élection au printemps 2021, les deux se sont affrontés violemment pendant plusieurs mois, plongeant la maison du sport français dans une crise sans fin quelques mois avant les JO de Paris. Didier Séminet avait été démis de son poste plus d'un an après son arrivée en septembre 2022.

"Il peut se passer beaucoup de choses"

Cet épisode avait nourri une crise larvée qui s'est prolongée pendant des semaines, pour aboutir au départ de Brigitte Henriques au printemps 2023. Elle avait ensuite été remplacée par David Lappartient, venu du CIO en pompier de service à quelques mois des JO de Paris. "Didier Séminet est certes associé à ce mauvais moment mais il peut aussi être perçu comme celui qui a enclenché un mouvement salutaire ayant abouti au départ de Brigitte Henriques", estime une source proche du candidat. S'il connaît parfaitement les rouages du CNOSF, son profil semble peu à même de créer la surprise, estiment plusieurs sources au sein de l'institution.

"AOC, on sait qu'elle a la stature pour être présidente. A l'heure d'aujourd'hui elle semble devant mais il peut se passer beaucoup de choses d'ici le 19 juin", estime un fin connaisseur de l'institution. "Ceux qui pensent que l'élection est pliée ne savent pas compter", pronostique cette source. Le collège électoral est constitué des 110 présidents et présidentes de fédération. Pour Didier Séminet, ce duel va "voir s'opposer deux visions différentes, celle d'un CNOSF aligné sur le pouvoir politique et celle d'un CNOSF fort, avec la légitimé issue des clubs". "Je n'ai jamais politisé le sport", répond à l'AFP "AOC". "Je n'ai jamais pris de carte dans aucun parti, et si je suis élue, ma seule carte sera celle du sport français".

JA avec AFP