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"Déjà beaucoup de cases cochées": le champion olympique Nicolas Gestin savoure son premier titre mondial

Le Français Nicolas Gestin lors des championnats du monde de canoë, 2 octobre 2025

Le Français Nicolas Gestin lors des championnats du monde de canoë, 2 octobre 2025 - CAMERON SPENCER / GETTY IMAGES ASIAPAC / Getty Images via AFP

Dans la foulée de son titre olympique l’an dernier à Paris, Nicolas Gestin a su dompter les conditions compliquées du stade d’eaux vives de Penrith, près de Sydney (Australie) pour réaliser un doublé en or en devenant champion du Monde pour la première fois de sa carrière. Il revient pour RMC Sport sur cette journée perturbée par la météo, et sur ses ambitions pour la suite.

Nicolas Gestin, qu’est-ce que cela procure d’être champion du monde?

Après le titre olympique l'an dernier, c'est vraiment cool, j'ai l'impression de déjà cocher beaucoup de cases dans ma carrière de sportif. J’avais été vice-champion du monde en 2023, donc je suis content de monter sur cette dernière marche. Aux Championnats du Monde, il n’y a jamais de courses faciles. Et là, le contexte aujourd'hui était encore plus stressant avec beaucoup de vent au départ. Donc, je suis content de concrétiser de la sorte.

Racontez-nous cette journée, avec les conditions météo justement...

C'était très, très venteux. Quand on est arrivés pour les demi-finales à la tente de l’équipe de France, je me disais que ça allait être reporté parce que j'avais l'impression que ça souffrait vraiment beaucoup. Il y a même un parasol qui nous est tombé dessus quand on faisait l'analyse vidéo avec Arnaud Brogniart, mon coach. Finalement, sur le bassin, ça ne bougeait pas tant que ça, il était un peu à l'abri quand même. Ensuite, j'ai eu plutôt de la chance j'ai l'impression sur la demi-finale et sur la finale, d’être tombé quand même dans des moments d'accalmie. J'ai réussi à tirer mon épingle du jeu sans trop calculer le vent et juste en m'exprimant sur l'eau. L'enjeu, c'était d'éviter toute pénalité parce que les portes bougeaient beaucoup. En demi-finale, j'en ai pris une mais je remporte quand même la demie avec un bon temps. Donc je m’étais mis en confiance sur le parcours et ma vitesse sur l'eau parce que je savais que je pouvais encore améliorer deux ou trois passages. Quand les portes sont un peu dans le vent, j'ai l'impression qu'elles sont un peu plus hautes, que c'est plus facile de se glisser dessous. Mais il faut garder une petite marge parce qu'on peut vite se faire surprendre sur une petite touche. En tout cas, j'ai bien tiré mon épingle du jeu là-dessus et j'ai fait en sorte d'être dans l'adaptation permanente.

Cet hiver, vous aviez retardé votre reprise du canoë jusqu’en février: il doit y avoir beaucoup de satisfaction de conclure la saison avec ce titre mondial après ce redémarrage tardif...

Carrément, cela me prouve aussi qu'on peut passer moins de temps dans le bateau l'hiver et qu'on peut s'entraîner d'une manière un peu différente. C'est à garder en tête, même si je crois que j'aime quand même bien le canoë et je serais content de remonter sur l'eau l’hiver prochain un peu plus tôt que l'an dernier.  Cela me donne plein d'idées en tête sur comment se préparer à l’avenir. Et en tout cas, je sais que j'ai des bons repères pour revenir, même si c'est tardivement, sur l'eau dès qu'il faut.

Imaginiez-vous réussir une telle saison post-JO, avec trois victoires en Coupe du Monde, le classement général et ce titre mondial?

Je me sentais quand même allégé de quelque chose après ma médaille d’or olympique. Je me disais que maintenant j’allais pouvoir prendre le départ en étant assez relax et essayer de dévorer chaque course. Mais pour autant, je me disais avant la saison: "accroche-toi parce que ça risque d'être compliqué avec le manque d'entraînement." Et je me suis dit qu’il ne fallait pas être trop exigeant avec moi-même, parce que tu ne peux pas l’être autant qu’avec six mois de préparation. Finalement, avec le peu de temps que j'ai eu et les moyens que j'ai mis, cela suffit. Je pense qu'il y a encore matière à progresser, à se développer. J'aurais signé direct, c'est sûr, pour une saison comme ça.

En étant à 25 ans champion olympique et champion du monde, quels sont vos objectifs pour la suite désormais ? 

C'est bon, je peux arrêter maintenant, je suis tranquille ! (rires) Non, évidemment, l’objectif c'est de récidiver et réussir à faire comme les grands champions de mon sport, je pense forcément à Jessica Fox qui nous a montré l'exemple en remportant presque toutes les courses à laquelle elle prenait part, que ce soit en canoë ou en kayak. Forcément, c’est aussi d’aller défendre un titre lors des prochains championnats du monde, ce sera un sacré défi. Puis aller défendre un titre olympique, cela en sera encore un autre… Essayer en tout cas d'assumer ce statut de numéro un mondial et de champion du monde en titre, et continuer tout simplement à prendre du plaisir, valoriser ces compétitions internationales et s'éclater là-dessus. 

Qu’est-ce que vous avez prévu pour fêter ce titre à Sydney?

Aller boire des bières, on ne va pas changer une équipe qui gagne! J’ai moins de Quimperlois autour de moi qu’aux Jeux olympiques mais ce sera quand même bien. Cela a été plus dur pour mes deux collègues de l'équipe de France en canoë (Yohann Sénéchaut éliminé en demi-finale et Mewen Debliquy éliminé en qualifications, ndlr), donc c'est dur pour eux de savourer un titre quand on n'a pas pris part à la finale. Il y avait eu 4-5 supporters français qui sont venus ici en Australie, et comme la finale a été avancée à cause de la météo, j'ai un paquet de copains qui avait dû mettre le réveil et qui se sont réveillés une heure trop tard. Mais ce n'est pas grave, on fêtera ça au retour le week-end prochain à Quimperlé. 

Quel est votre programme désormais? Serez-vous aux championnats de France dans deux semaines?

Je n'ai rien décidé pour le moment. J’ai une tournée des médias prévue en rentrant, des événements avec des sponsors aussi, et après je vais essayer de couper avec des vacances avant la reprise au mois de novembre.

Propos recueillis par Kévin Morand