El Hannouni : « Les Jeux, un accélérateur d’émotions »

Assia El Hannouni - -
Assia El Hannouni, mettez-vous un terme à votre carrière après ces Jeux Paralympiques ?
C’est sûr, c’est confirmé. J’ai envie de passer à autre chose. Je préfère partir en étant en haut que de faire une année de plus et de me prendre des cartons par des filles.
Qu’allez-vous garder de ces Jeux de Londres ?
Les Jeux, c’est vraiment un accélérateur d’émotions. Sur le 200m, je n’avais pas confiance en moi. Gautier (Simounet, son guide, ndlr) avait confiance pour deux. Quand j’ai gagné, je n’ai pas réalisé pour moi mais pour Gautier. Pour la première fois, le guide a été médaillé. C’est une bonne logique. J’étais contente, je lui ai donné une médaille d’or. Il repart avec un souvenir de Londres.
Quel est votre champ de vision ?
Je ne vois que d’un œil. Et j’ai un champ de vision rétréci. Je ne vois pas sur les côtés, ni en haut, ni en bas. Et je ne vois pas à plus de cinq mètres. J’ai beaucoup de mal à reconnaitre le visage des gens, les petits détails.
Comment faites-vous pendant la course ?
Je regarde tout simplement devant moi. Quand je cours sur 800m, je ne vois pas les filles. Je les écoute. Soit certaines respirent trop fort, soit d’autres courent comme des mammouths, avec le bruit de leurs foulées sur la piste. J’arrive à me repérer par rapport à ça.
Savez-vous où vous êtes placée pendant la course ?
Sur 800m, j’arrive à me repérer. C’est plus difficile sur 200m. J’ai beaucoup de mal avec la courbe. J’ai du mal à me rendre compte quand on arrive en sortie de virage.
Pourquoi courez-vous sans votre guide sur certaines distances ?
Sur 100 et 200m, il faut aller vite tout de suite. Moi, je ne sais pas aller vite tout de suite parce que j’ai du mal à voir les lignes. Sur 400m, je cours tout seul parce que ce n’est pas une course à fond, c’est du tempo. Là, j’arrive à me débrouiller. Sur 200m, la courbe est très difficile pour moi à prendre visuellement.
Quelle est votre relation avec Gautier, votre guide ?
Il y a de l’amitié et de la confiance. Il court à côté de moi. J’ai un gant, qui est relié à lui par une ficelle. Il tient la ficelle pour éviter que je sorte de mon couloir.
Comment votre première association s’est-elle passée ?
C’était trois semaines avant les Jeux de Pékin. Ça s’est super mal passé. On avait une séance de starts. J’avais des consignes à respecter, je n’y arrivais pas. Je me suis énervée contre Gautier, contre le coach. Je n’étais pas rassurée. Et puis, je ne sais pas ce qu’il s’est passé à Pékin mais tout a fonctionné et on a gagné.
Le titre de l'encadré ici
Son guide est « sur le marché des transferts » |||
Assia El-Hannouni raccrochant, son guide Gautier Simounet va rechercher une nouvelle partenaire. « Je suis sur le marché des transferts » a-t-il expliqué avec le sourire dans le Moscato Show. Avec l’octuple championne paralympique, ce sont les départs qui ont occasionné le plus de travail. « Le plus dur, c’est les départs dans les starting-blocks, confie-t-il. Je suis un sprinteur. J’ai une bonne poussée. Assia, ce n’est pas son point fort. » « Je ne comprends rien dans les starts, donc je bute, je suis chiante et il y a des étincelles ! », reconnait la Française. En course, par contre, pas un mot entre les deux. « Si je lui parle, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas, indique Gautier Simounet. Ce serait embêtant. » A Londres, il n’en a pas eu besoin.