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Emmanuel Chedal, à la chasse aux kilos !

Emmanuel Chedal s'est classé troisième de l'étape de Coupe du monde de Lillehammer en décembre.

Emmanuel Chedal s'est classé troisième de l'étape de Coupe du monde de Lillehammer en décembre. - -

Le chef de file des sauteurs à skis tricolores aborde les grands rendez-vous comme les JO de Vancouver avec le souci de ne pas rendre trop de poids à ses concurrents. Mais attention à l’obsession.

« Matin et soir, je mange du müesli et un yoghourt maigre, beaucoup de café et rien d’autre. » Voici le drôle de menu de Janne Ahonen, l’une des plus grandes figures du saut à ski, avec trente-six victoires en Coupe du monde. Le Finlandais, qui avait raccroché en 2008 avant de revenir cette saison pour remporter enfin un titre olympique en individuel à Vancouver, s’était réjoui de « ne plus avoir à contrôler sans cesse ce (qu’il) mange ».
Avec leurs régimes draconiens, les sauteurs à ski rappellent ces sportifs où la chasse aux kilos devient une obsession : judokas, gymnastes, boxeurs, jockeys… En saut à skis, deux kilos peuvent faire perdre cinq mètres dans les airs. Ces dernières années, plusieurs vedettes internationales du saut à ski sont passées aux aveux : Ahonen donc, mais également les Allemands Martin Schmitt et Swen Hannawald.

L’équipe de France (1) qui sera aux JO de Vancouver, et son chef de file Emmanuel Chedal, n’échappent pas à cet impératif. Le détenteur du record de France (215 m) calcule régulièrement son indice de masse corporelle (IMC) (2). Le sauteur de Moûtiers mesure 185 cm pour 65 kg et affiche un IMC de 19. En dessous de 18,5, l’Organisation mondiale de la Santé parle de maigreur, en dessous de 16,5 de dénutrition. La classification de l’OMS ne s’applique pas exactement aux sportifs de haut-niveau, mais cela donne une idée de l’épreuve que s’infligent les sauteurs dans leur tentative d’imiter Icare.
Lorsque l’Allemand Hannawald, seul homme à avoir réalisé le Grand Chelem sur la Tournée des Quatre Tremplins en 2002, a confessé son anorexie volontaire, la Fédération internationale de ski a décidé de sévir. A partir de 2004, la FIS a raccourci les skis de tous les athlètes qui présentaient un indice IMC excessivement bas (18,5-19).

Anorexie volontaire

En matière de diététique, les Bleus n’ont pas emboîté le pas aux ténors allemands et finlandais de la discipline. Nicolas Dessum, longtemps détenteur du record de France et premier vainqueur français d’une épreuve de Coupe du monde (Sapporo, 1995) déclarait manger du... chocolat à tous les repas. « On ne fait pas de régime. On a essayé mais c’était peu concluant. On perdait trop peu de poids pour beaucoup de fatigue mentale. »

Martin Schmitt, qui avait dominé la discipline au début des années 2000, a dû être arrêté en raison de « fatigue chronique ». Sven Hannawald a raccroché après son triomphe au Quatre Tremplins pour « dépression »… Les Français abordent Vancouver avec des ambitions mesurées mais au moins ne craignent-ils pas de connaître les mêmes épreuves que certains de leurs adversaires, qui ont sombré après avoir connu l’ivresse de l’envol.

(1) Emmanuel Chedal, Vincent Descombes-Sevoie et David Lazzaroni
(2) L'IMC, indice de masse corporelle, est calculé à partir du poids divisé par la taille au carré

La rédaction - LC