F. Canu : « Une belle carte à jouer pour Londres »

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Les médaillés français sont jeunes, c'est encourageant en vue des jeux de Londres...
Quand on regarde l'âge des médaillés, mais aussi de ceux qui ont fait des 4èmes, 5èmes ou 6èmes places, il y a toute une génération entre 22 et 25 ans qui arrive, qui débarque. D'ailleurs, des médaillés d'Athènes, il n'y en a que trois qui ont récidivé avec une médaille ici : Julien Absalon, Fabien Lefèvre et Hugues Duboscq. Ca prouve qu'on est à un tournant de notre histoire. Maintenant, il faut les amener sur la plus haute marche du podium. Ca ne sera pas facile, c'est un gros travail qu'on doit entreprendre. C'est pour ça aussi qu'on souhaite faire évoluer le système français pour aller à la médaille d'or. C'est ce qui nous fait défaut aujourd'hui, ce n'est pas par hasard s'il y en a si peu. Il faut aller à Londres en se disant « Londres, c'est nous, c'est chez nous, c'est pratiquement la maison », comme l'a fait l'Asie ici. J'attends donc beaucoup de ce projet Londres, parce qu'il faut qu'on recolle au peloton de tête des nations. Là, on a pris du retard.
Ce qui frappe aussi, c'est le déficit de médailles chez les filles...
On sait que certaines fédérations ont des difficultés de recrutement. On l'a évoqué avec Patrick Cluzaud, le DTN du vélo, et c'est le cas. Le vélo a du mal à trouver des jeunes filles de 14,15, 16 ans qui fassent de la piste ou de la route. Parce que d'abord on fait de moins en moins de sport à l'adolescence, on démarre le sport beaucoup plus tôt maintenant à 5, 6 ans et à 12, 13 ans on constate qu'on arrête. Faire de la compétition, c'est encore autre chose. C'est un des aspects. Je ne suis pas sûr d'autre part qu'on sache bien manager les filles, il y a quand même des spécificités, des façons de faire. Là-dessus on verra avec les fédérations comment travailler, mais il y a un beau chantier car c'est aussi une conception du sport et on ne peut pas, à Londres, avoir aussi peu de résultats chez les filles qu'à Pékin
Qu'est-ce qui permettrait de rapporter plus de médailles d'or de Londres ?
Préparons ces jeunes athlètes à gagner. Psychologiquement, ce n'est pas qu'une histoire d'argent, c'est aussi un état d'esprit, c'est aussi une façon de faire et c'est ce qui manque parfois dans le sport de haut niveau. Je cite souvent l'exemple d'Alain Bernard, c'est un remarquable exemple : il est sorti il y a à peu prêt un an avec des exploits, et en un an il a appris à devenir champion olympique. Je ne suis pas surpris, pour l'avoir vu évoluer, pour avoir vu aussi son entourage évoluer. Il s'était préparé à gagner. Ca, ça se prépare dans la tête. Il a été champion d'Europe cet hiver, il a appris à gagner, il a été champion de France, et ce n'était pas évident à Dunkerque. Donc c'est cet état d'esprit aussi qu'il faut qu'on insuffle auprès de fédérations qui n'ont pas l'habitude de faire gagner. Faire gagner un champion aux Jeux, ça demande un certain savoir faire, donc à nous de les accompagner par rapport à ça. Sinc7rement, si on arrive à conjuguer tout ça, sincèrement, on peut jouer une belle carte à Londres.
Bernard Laporte a évoqué l'arrivée de fonds privés pour franchir un palier. Qu'en pensez-vous ?
C'est une des pistes dans nos évolutions. C'est vrai qu'à un moment donné, la porte du privé peut être très intéressante, comme le font encore une fois les britanniques. Pas uniquement toujours en argent frais, mais en compétences, en savoir-faire, notamment en termes de, recherche. Vous savez que l'armée anglaise par exemple travaille beaucoup avec les équipes cyclistes. Donc on a certainement des choses à faire avec des partenaires privés pour qu'ils nous amènent leurs compétences. Ce sera un plus intéressant, ce ne sera pas non plus un plus indispensable. Mais ça pourra peut-être nous permettre de gagner un peu plus de médailles ».