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Flessel : « Une grosse fierté et une immense responsabilité »

Laura Flessel

Laura Flessel - -

L’escrimeuse tricolore, double championne olympique, sera le porte-drapeau de la délégation française lors de la cérémonie d’ouverture des JO le 27 juillet à Londres. A 40 ans, « la Guêpe » a conscience du poids du rôle.

Laura, comment réagissez-vous à votre désignation ?

Je suis très contente et très fière. Je suis honorée parce que porter une délégation aux JO, je l’ai toujours fait en deuxième ou troisième ligne. Et là, je vais pouvoir le faire en première ligne. Mais avant toute chose, je tiens à envoyer un petit message à Tony (Parker). Je pense très, très fort à lui et nos portables ne vont pas s’arrêter.

Avez-vous échangé récemment avec lui ?

Le dernier SMS date de quelques minutes. Il n’y a pas d’animosité. Le CNOSF a très bien amené les choses. Ce n’est pas facile de faire un choix. Nous ne sommes pas en compétition. Nous irons tous aux Jeux. C’est un peu la cerise sur le gâteau. Tony restera mon ami. Il m’a envoyé un message pour me féliciter. Il est beaucoup plus jeune que moi (30 ans, ndlr). Il y a Rio derrière (2016). Je le connais, il n’arrêtera pas comme ça.

Que représente pour vous le fait d’être la troisième femme porte-drapeau après Christine Caron (1968) et Marie-José Pérec (1996) ?

Je n’ai pas envie de m’arrêter au fait que je suis la troisième femme. Je suis la sportive qui va amener et encourager une grosse équipe de France. Il y aura à peu près 340 sportifs. Aujourd’hui, c’est la parité, la mixité. Mais c’est une équipe de France issue de divers horizons. C’est un esprit bleu pour aller chercher des victoires. Pour moi, être la troisième femme, ce n’est qu’un détail.

« Aller chercher ces fameuses médailles »

Dans quel état d’esprit étiez-vous en attendant le résultat ?

J’étais sur ma terrasse, au soleil, en train de boire du thé. Dire qu’il n’y avait pas de stress, ce n’est pas vrai. Quelque part, c’est une belle reconnaissance. Ce sont plus de trente années d’escrime, plus de quinze ans au plus haut niveau, cinq olympiades. En 2008, la finale était entre Tony Estanguet et Laura Flessel. Les sportifs français sont très bons. Ils ont du charisme. Je me suis dit : « Laisse-toi rêver ». C’est une grosse fierté mais c’est aussi une immense responsabilité.

Quel mot vous vient spontanément à l’esprit ?

« Merci ». On ne le dit pas assez souvent dans notre carrière. Merci à ma famille, mon club, mes partenaires, le mouvement sportif français. Les JO, c’est tous les quatre ans. On n’est jamais sûr du lendemain. C’est une réelle et belle opportunité pour dire merci. Il n’y a pas de larmes. Il n’y a que du bonheur. La mission, c’est d’aller chercher ces fameuses médailles sur toutes les compétitions avec une équipe de France très costaude.

Allez-vous avoir une motivation supplémentaire ?

L’équipe de France est une grande famille. J’ai eu la chance de pouvoir parler avec plusieurs sportifs qui ont porté le drapeau, comme Jackson Richardson, Marie-José Pérec et bien d’autres. Il y a cette excitation de porter le drapeau, la responsabilité, la peur de mal faire. Mais aujourd’hui, je suis dans le plaisir. La peur n’existe pas dans mon vocabulaire. C’est du plaisir, de la combativité et la responsabilité de motiver encore plus toute une équipe de France.

« Je n’ai peur de rien »

Que pouvez-vous apporter de personnel à ce rôle de porte-drapeau ?

L’humilité, l’abnégation, le sourire et le travail. Sans être donneuse de leçons, nous sommes tous passés par différentes étapes. Tout est très dur. On est tous motivé. Je dirais juste qu’il faut rester solidaire, groupé et confiant.

Vous êtes-vous sentie soutenue par les autres athlètes ces derniers mois ?

Depuis le mois de décembre, j’ai été soutenue par la famille du sport français. Je suis passée par des moments très difficiles. Les réseaux sociaux ont également beaucoup aidé pour m’amener des messages de soutien de personnes qui ne sont pas des sportifs. Ça m’a encore plus donné envie d’aller chercher ce ticket olympique. Je me suis dit que l’escrime est certes un sport non-populaire, peu médiatique mais en fait, on a dépassé les sphères.

Etes-vous inquiète pour votre propre compétition ?

Honnêtement, je n’ai peur de rien. Je suis dans le défi, le challenge. Ma personnalité est comme ça. Je m’inspire aussi de ce que Tony (Estanguet) a pu faire remonter comme informations. C’est une immense responsabilité. Je ne suis pas seule. Il y a tout le mouvement sportif qui sera derrière. Je vais redoubler d’intensité pour travailler. On me connait comme une bosseuse. L’objectif n’est pas de participer mais de réussir.

Propos recueillis par Julien Richard et Rodolphe Massé