Fourneyron : « Se pencher sur le modèle britannique »

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En attendant la confirmation de l’élection de Tony Estanguet à la Commission des athlètes, en quoi la présence d’un troisième « pion » français au sein du CIO (avec Killy et Drut) est-elle essentielle dans la perspective d’une candidature française à l’organisation des JO ?
C’est très important car il est essentiel pour notre pays que notre représentation à l’internationale soit toujours plus importante. On sait que ça pèse lors des grandes décisions.
Une cellule de travail va-t-elle être mise en place en vue d’une possible candidature de Paris et de la France pour organiser de prochains Jeux ?
Nous avons décidé avec le Comité national olympique (CNOSF) de commencer par une période d’analyse des raisons des trois échecs successifs (Paris 2008 et 2012, Annecy 2018), qui se terminera en septembre prochain. A la suite de cette analyse, nous souhaitons mettre en place et prendre en compte les propositions qui seront faites avec plusieurs règles.
Lesquelles ?
La première : une candidature aux Jeux part du mouvement sportif, c’est à lui de la porter et d’emmener cette dynamique. La deuxième chose, c’est d’attendre qui aura les Jeux de 2020. Nous le saurons en septembre 2013, ce qui permettra l’alternance des continents et donc de savoir quel est le bon calendrier. Ensuite, avoir une candidature qui ait des chances d’aboutir et faire en sorte que ce soit un véritable projet pour la nation.
Revenons aux JO actuels. Si la natation et le judo ont explosé les compteurs, d’autres sports ont déçu. Que faut-il changer ?
Quand on voit le parcours de la natation et tous les progrès qui ont été réalisés, c’est parti de critères de temps et de qualification extrêmement difficiles à obtenir. Mais on ne peut pas forcément traiter toutes les disciplines de cette manière. Et aujourd’hui, on a besoin en escrime en l’occurrence, de revoir un peu toute notre organisation collective. Il faut discuter avec les athlètes, travailler avec les tireurs qui en ont envie, prendre en compte leur parcours, leurs échecs, leur permettre de s’exprimer. Il est très important de les écouter.
Les médailles résument-elles tout ? Auquel cas, ne faudrait-il pas suivre le modèle britannique qui cible ses objectifs et les atteint ?
Non, elles ne résument pas tout. La diversité des disciplines, ici aux Jeux de Londres, est une vraie satisfaction. On était présents dans 24 disciplines sur 26 donc ça veut dire que la France a une très large représentation au plus haut niveau. Il y a d’ailleurs 12 disciplines qui sont médaillées. Des choix ont été faits par les Britanniques, qui ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres. Ils ont ciblé individuellement des sportifs, des disciplines et ils leurs ont consacré tous leurs moyens. On l’a vu en matière de cyclisme, d’aviron, où ils ont parfaitement réussi leur pari. En revanche, ils ont abandonné d’autres secteurs.
Leur approche est toutefois notable…
Oui, c’est un exemple intéressant à regarder. Les Britanniques ont fait des choix dans lesquels ils ont mobilisé leurs moyens, mais aussi les entreprises autour d’un projet sportif intégré, la recherche au niveau du matériel et de l’innovation. Ils n’ont pas seulement ciblé des disciplines. C’est un élément très intéressant sur lequel il faut qu’on se penche à l’avenir.
Les Caraïbes sont une ruche à médailles en athlétisme. Mais donne-t-on suffisamment de moyens à la Guadeloupe et à la Martinique pour rayonner autant que les îles alentours ?
Il y a encore des retards en matière d’équipement et d’encadrement. Mais également pour les déplacements car il y a peu de moyens et on pourrait avoir des compétitions plus simples d’accès. Pour que l’ensemble de nos athlètes ne soient pas obligés, systématiquement, de venir en métropole trop vite, perdant toute la richesse que leur offre leurs îles.
Un dernier mot sur les cas de dopages au sein de la délégation française, notamment en athlétisme (Gezzar et Hirt)…
Sur le registre de la lutte contre le dopage, on me trouvera toujours au rendez-vous. Car la sincérité du résultat et la protection de la santé du sportif, ce sont deux priorités qu’il faut continuer à porter. Si la lutte antidopage doit progresser, c’est un combat sur lequel je serai toujours présente pour le gouvernement français.