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Jeux Paralympiques 2024: un an après la cérémonie d’ouverture, Paris célèbre le parasport dans un contexte tendu

La ministre des Sports, Marie Barsacq lors de l'anniversaire de la céremonie d'ouverture des Jeux de Paris 2024, le 26 juillet 2025

La ministre des Sports, Marie Barsacq lors de l'anniversaire de la céremonie d'ouverture des Jeux de Paris 2024, le 26 juillet 2025 - Icon Sport

Pour célébrer les un an de la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques 2024, la Ville de Paris a mis en place ce jeudi des ateliers de découverte de plusieurs parasports sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Une initiative qui s’inscrit dans un contexte particulier puisque beaucoup de para-athlètes s’estiment livrés à eux-mêmes depuis l’été dernier. La ministre des Sports, Marie Barsacq, leur a répondu.

Les touristes et les Parisiens qui se baladaient aux alentours de l’Hôtel de Ville ce jeudi ont certainement eu l’impression de replonger un an en arrière. Sur le parvis, des terrains de parasport ont fleuri pour permettre à tous - mais surtout à une centaine d’enfants issus des centres aérés et associations de la région - de pratiquer le cécifoot, la boccia, le volley assis et le basket fauteuil. 

"J’ai beaucoup aimé le cécifoot", lâche Maxime, 10 ans. Comme beaucoup d’enfants présents ce mercredi, le jeune garçon a suivi les Jeux Paralympiques, l’année dernière: "J’ai regardé la natation, c’était impressionnant! Ça nous montre que ce n’est pas parce que des gens ont un handicap qu’ils ne peuvent rien faire. Ils sont capables de faire les mêmes choses que nous, et même de les faire mieux parfois!"

Pour Manuel, l’animateur du centre de loisirs avec lequel est venu Maxime, l’important est que les plus jeunes sachent ce que traversent les enfants et les adultes en situation de handicap."

"En voyant ces para-athlètes, ils se disent que tout est possible", lâche l'animateur.     

"De nos jours, il y a de moins en moins cette peur de la différence chez les enfants. Et puis, en regardant les épreuves paralympiques l’an dernier, ils se sont rendus compte qu’on pouvait faire beaucoup de choses, même en ayant un handicap. Par exemple, il y avait un nageur qui n’avait ni bras, ni jambes. Ils me disaient: 'Mais comment il y arrive?', 'Comment il fait?', 'C’est un héros!'... Ça les fait réfléchir", conclut l’animateur.

"Depuis que les Jeux sont passés on a du matériel de pacotille"

Mais derrière les sourires et les exclamations des enfants, cette journée s’inscrit dans un climat tendu. Si "20% de licenciés supplémentaires", ont été recensés par la fédération depuis septembre 2024 rappelle Gaël Rivière, président de la Fédération Française de Handisport et champion paralympique de cécifoot à Paris, du côté des para-athlètes, beaucoup ont déchanté. 

"Ces deux dernières années, on avait du matériel au top et là depuis que les Jeux sont passés, on nous donne du matériel de pacotille", a déclaré le sprinteur Thimotée Adolphe à Franceinfo. "On met des athlètes en danger qui ne peuvent pas performer. Après les Jeux, tout s'est effondré comme un château de cartes."

Corentin Le Guen, membre de l'équipe de France de rugby fauteuil, a lui aussi exprimé sa déception sur les antennes d'Ici Bourgogne. "On a eu des annonces, mais rien ne suit derrière. C'est très très dommageable... Si on ne fait pas de médailles, on n'a pas forcément de reconnaissance derrière et pas forcément plus de licenciés ni de moyens pour se développer".

"6 millions d'euros en plus pour accompagner les para-athlètes"

La ministre des Sports, Marie Barsacq, présente sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris ce jeudi, leur a répondu: "Nous avons évidemment entendu les propos des athlètes", admet-elle. "Mais Il est important de rappeler que 6 millions d'euros ont été ajoutés cette année pour accompagner les athlètes sur leur préparation paralympique pour 2028. L'État est au rendez-vous pour continuer de miser sur les athlètes parce que nous savons qu’ils le méritent et qu’ils sont une locomotive extraordinaire pour le développement de la pratique."

"La réalité, c'est qu'il y a eu un désengagement de certaines entreprises qui étaient partenaires de ces athlètes pour la préparation des Jeux et qui, évidemment, voyant les compétitions plus lointaines, se sont désinvesties", a témoigné la ministre des Sports.

"Aujourd'hui les stratégies de ces entreprises sont tournées sur d'autres enjeux. C'est vrai que pour certains athlètes c'est difficile parce qu'ils ont bénéficié de ces programmes et aujourd'hui ils n'en bénéficient plus. Nous sommes alertés sur le sujet et nous militons tous auprès des entreprises pour qu'elles continuent à accompagner nos athlètes. Et puis évidemment, des événements comme celui d'aujourd'hui sont très importants pour pouvoir médiatiser les parasports, les athlètes, et leur garantir une chance d'avoir des sponsors", a terminé Marie Barsacq.

Les Jeux Paralympiques 2024 ont aussi permis de mettre l’accent sur les problèmes d’accessibilité que rencontrent les personnes à mobilité réduite. "Toutes les lignes de bus sont 100% accessibles aux personnes à mobilité réduite, ainsi que 93% des équipements sportifs publics", explique Pierre Rabadan, adjoint à la Maire de Paris. "Évidemment, l'idée est d'arriver à 100% dans les prochaines années. On est aussi passé de six sections de parasport effectives à Paris à 46."

Camille Beaurain