Jeux paralympiques: Rémy Boullé, l'ancien commando parachutiste médaillé de bronze en kayak

"Plutôt qu’avoir cette médaille, j’aurais aimé pouvoir continuer ma carrière de militaire. Mais la vie en a décidé autrement. Je suis là donc je la savoure tout de même." Rémy Boullé préfère être honnête. Sa troisième place obtenue ce vendredi en kayak aux Jeux paralympiques de Tokyo ne représente pas à ses yeux la concrétisation d’un rêve. Parce qu’il aurait aimé repartir avec un métal différent, d’une part. Et parce qu’il lui est encore difficile de faire le deuil de sa "vie d’avant", d’autre part.
"Avoir une médaille me permet surtout de remercier tous les sponsors, les associations et mes amis, tous ceux qui me soutiennent au quotidien, les entraîneurs. Sans eux, j’aurais déjà arrêté", raconte-t-il au micro de RMC Sport, quelques heures après avoir complété le podium de la finale du 200 mètres, derrière le Hongrois Peter Kiss et le Brésilien Luis Carlos Cardoso da Silva en catégorie KL1 (athlètes sans ou avec une fonction très limitée du tronc, sans fonction des jambes).
"J’espère prendre ma revanche à Paris 2024"
Cet ancien militaire est devenu paraplégique il y a sept ans après un accident de parachutisme, après avoir défendu les intérêts de la France en opération en Afghanistan, au Niger, au Tchad ou encore au Mali. "J’étais dans les commandos parachutistes. Pour moi, j’étais né pour être militaire. Quand on a la chance de faire le métier qu’on veut, c’est difficile de tout perdre. Je relative parce que je suis encore vivant. Mais à part ma compagne et ma fille, je pourrais tout donner, ma médaille et ma vie d’aujourd’hui, pour retourner à ma vie d’avant. Je ne veux pas être utopiste. J’avais une vie qui m’allait très bien", témoigne l’Orléanais de 33 ans.
C’est grâce au sport que sa reconstruction a commencé. Le canoë-kayak est devenu une évidence pour ce compétiteur né. Et les résultats ont rapidement suivi. En 2016, il prend la cinquième place aux Jeux paralympiques de Rio. "J’ai raté la médaille en finissant à une seconde du premier, mais c’était différent. J’étais sorti de l’hôpital un an plus tôt et c’était déjà beau de s’être qualifié", se remémore-t-il. Au quotidien, il s’entraîne entre trois à quatre heures.
Avec un objectif clair : "J’espère prendre ma revanche à Paris 2024. J’aimerais réussir à performer à Paris 2024 en essayant d’aller chercher une médaille un peu plus belle. (...) Aujourd'hui, ça a été dur sur la finale parce que j’avais tout à perdre. J’étais venu pour battre le Brésilien et je savais que je pouvais le faire parce que j’avais fait des chronos significatifs en entraînements. Mais il y avait quand même ce stress qui était assez angoissant, de se louper. Donc je me demande si, inconsciemment, je n’ai pas géré et gardé un petit peu de jus pour ne pas m’écrouler. Il faut que j’arrive à me libérer beaucoup plus, je sais que j’ai clairement les capacités d’aller chercher le Brésilien et de le battre."
Ses envies ne s'arrêtent pas aux prochains Jeux. "Mon rêve ? C’est d’avoir une Ferrari 812. Mais bon, je crois que ce n’est pas pour tout de suite...", s'amuse Rémy Boullé, qui passe difficilement inaperçu avec sa crête bleue. "Blague à part, je vais essayer de faire les championnats du monde de vol en soufflerie, annonce-t-il. J’espère aussi réussir à faire un saut en parachute en autonomie complète, être le premier paraplégique à le faire en France. Je travaille sur les autorisations."