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JO 2016, athlétisme - Mayer : "Cette médaille d’argent a le goût d’or"

Kévin Mayer

Kévin Mayer - AFP

Kévin Mayer a décroché la médaille d’argent du décathlon des Jeux olympiques 2016, en battant au passage le record de France (8893 points). A 24 ans, le Français savoure cette deuxième place comme un titre olympique, comme il l’a confié au micro de l’Intégrale Rio sur RMC.

Kévin, un titre de vice-champion olympique sur un CV, ça a de la gueule, non ?

Ça a de la gueule ! Merci à RMC de m’avoir suivi toute l’année, c’était juste exceptionnel. Ça se termine en apothéose avec un nouveau record de France, la sixième meilleure performance mondiale de tous les temps, derrière un grand Ashton Eaton. C’est juste incroyable. J’ai fait un décathlon presque parfait. Je suis sur un nuage.

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Racontez-nous ce décathlon, sans doute celui de votre vie…

Ce n’est pas le décathlon de ma vie, j’en ferai des meilleurs, j’en suis sûr et certain. Je travaille pour. Mais pour l’instant c’est le meilleur moment de ma vie. Tout le monde rêve de faire une médaille olympique, c’est la consécration de tant de travail, d’abnégation, de sacrifices pour tous mes proches, de pression pour eux qui sont là mais qui finalement ne peuvent rien faire pour m’aider. Merci à tous du soutien, peu importe qui vous êtes, c’est juste extraordinaire.

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Avez-vous pensé pouvoir battre Ashton Eaton ?

Il est plus fort que moi sur 1500m, c’est au javelot que j’aurais dû faire la différence. Pour moi, c’est un grand monsieur, le recordman du monde, un exemple. Etre aussi proche de lui, c’est déjà une grande consécration. Pour moi, cette médaille d’argent a le goût d’or, honnêtement. J’ai 24 ans, c’est le décathlon, il faut plus d’années pour mûrir et progresser techniquement dans les dix épreuves. J’ai encore beaucoup de taf et une médaille d’or à aller chercher plus tard. Au final on se dit que l’élève pourra dépasser un jour le maître.

« J’ai donné mon corps à la science »

Auriez-vous pu faire mieux sur le 1500m, dernière épreuve de ce décathlon ?

Honnêtement, je pensais faire dix secondes de plus tellement j’étais fatigué et tellement j’avais des douleurs partout. Ce décathlon, j’ai donné mon corps à la science. Je pensais qu’il était vraiment fini après le javelot, que je ne pourrais plus avancer. Les jambes ont tenu jusqu’au bout, j’étais derrière Ashton, j’ai fait mon meilleur temps de la saison. Je n’ai aucun regret. Je pensais juste à courir le plus vite possible pour arriver le plus vite possible et finir ce décathlon. Je n’avais plus du tout la médaille en tête, plus la lucidité de penser à ça.

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Avec cette médaille d’argent, c’est presque une nouvelle carrière qui va commencer pour vous…

Pour moi ce n’est pas une nouvelle carrière qui commence. Ma carrière a commencé quand j’étais tout jeune, que je m’entraînais à Tournon (Drôme), que chaque année je progressais, je travaillais. Chaque année j’ai pris exemple sur les autres pour acquérir de l’expérience. Merci à Romain Barras (champion d’Europe en 2010, ndlr) surtout, qui m’a donné énormément d’expérience, plus vite que si j’avais dû aller la chercher tout seul. J’ai une équipe formidable qui m’a remis sur pieds. J’avais tellement de douleurs après le premier jour que je ne pensais jamais terminer. J’avais du mal à marcher ce matin. C’est exceptionnel tout ce qu’on a donné ces deux derniers jours tous ensemble. J’ai toujours tendance à dire que soit on se sent soutenu par les autres, soit on a le poids de tout le monde sur les épaules. J’ai fait le choix de me laisser porter par tout le monde. Je les en remercie tous.