JO 2021 (canoë): "Ça fait ch… qu’il soit là", le coup de gueule de Bart, privé de médaille par un ex-dopé

On l’appelle parfois la médaille en chocolat. C’est surtout celle de la frustration. Terminer quatrième de son épreuve aux Jeux Olympiques met forcément du temps à se digérer. Mais parfois, les circonstances rendent la chose encore plus compliquée. Demandez donc à Adrien Bart. Privé de la médaille de bronze du canoë monoplace (C1) 1000 mètres pour un dixième de seconde ce samedi, le Français a dû la laisser à Serghei Tranovschi qui l’a dépassé dans les derniers mètres.
Particularité du bonhomme? Le Moldave d’origine ukrainienne, vingt-quatre ans, avait déjà terminé troisième de l’épreuve à Rio en 2016 avant d’être privé de sa médaille deux jours après le podium pour un contrôle antidopage positif hors compétition en juillet 2016, juste avant les Jeux, avant d’être suspendu pour quatre ans en février 2017 (et donc de pouvoir aller aux Jeux grâce au report). "C’est comme ça, réagissait d’abord Bart avec philosophie au micro de RMC. Il a pris quatre ans de suspension car il était positif à des substances dopantes. Aujourd’hui, il est de retour et il va vite. Mais on a vu aujourd’hui qu’il était battable. Deux mecs l’ont battu. Est-ce que la substance agit toujours dans son corps? Je n’en sais rien, je ne suis pas scientifique. Mais cette course prouve qu’il est battable, j’aurais dû le battre et je n’ai pas réussi à le faire."
"Pas très respectable"
Peu après, de retour de son contrôle antidopage, le Français qui avait remporté sa demi-finale avec autorité un peu plus tôt prenait moins de gants à l’heure de commenter la situation pour l’AFP: "Ça fait chier qu’il soit là, qu’il soit aussi fort. On ne sait pas grand-chose de ce mec et en même temps, je ne veux rien savoir de lui." Et d’ajouter: "Ce ne sont pas des choses que j’aime, ce n’est pas comme ça que je vois le sport. Même s’il a pu commettre une erreur, je suis désolé, j’ai une vigilance qui est super élevée. Si on est pro, on doit être vigilant sur tout ce qu’on ingère. Il n’a pas été vigilant ou alors il a triché, donc c’est quelqu’un de pas très pro et de pas très respectable."
Au-delà de ces déclarations, Tranovschi a encore fait parler de lui après la course avec un épisode qui va ajouter au malaise ambiant. Alors que le médaillé d’or brésilien Isaquias Queiroz (qui avait été vice-champion olympique à Rio) et son dauphin chinois Liu Hao sont venus en conférence de presse, le Moldave a laissé place à une chaise vide. "Nous n’avons pas trouvé l’équipe de Moldavie", a d’abord tenté l’animateur de la conf’. Un porte-parole de la Fédération internationale a ensuite expliqué un "malentendu" avec l’équipe moldave, qui pensait que la zone mixte (où les sportifs s’expriment juste après l’épreuve) faisait office de conférence de presse.
Ce qui n’a pas empêché l’intéressé de parler à l’AFP: "Je réalise à nouveau mon résultat de Rio et je montre que remporter de nouveau le bronze cinq ans plus tard n’est pas un problème pour moi. J’ai connu quatre années difficiles pendant lesquelles je n’ai pas pu m’entraîner. Aujourd’hui, je n’ai pas pagayé en pensant à ma médaille mais en pensant à mon finish." Bart, lui, veut se tourner vers la suite avec les Mondiaux encore au programme cette année et bien sûr Paris 2024 à l’horizon. "J’ai tout donné, tout mis en place, je fais quatrième, c’est mon niveau aujourd’hui, estime le céiste du Pas-de-Calais. Il y a des gars que j’ai battus et que je n’aurais jamais pensé battre. On va remettre les choses à plat. Si on repart pour trois ans, on doit repartir sur des bases solides, car sans cela on ne va pas très loin."