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JO 2021: comment se déroule la lutte contre le dopage à Tokyo

L’Agence mondiale antidopage (AMA) a donné ce vendredi matin une conférence de presse à Tokyo pour présenter son plan de bataille pour les Jeux olympiques. En marge de celle-ci, son directeur général Olivier Niggli s’est confié à RMC Sport.

Ce n’est pas la face la plus belle des Jeux olympiques, mais elle existe. Derrière les moments de joie, d’émotion, les performances folles et les exploits, chaque édition ou presque est marquée par ses affaires de dopage – parfois ses scandales – et ses suspicions. Pour éviter que la fête ne soit gâchée, l’Agence mondiale antidopage est sur le front. Et son travail a commencé avant le début de Tokyo 2020.

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Lutte antidopage et Covid: 25.000 tests le mois dernier

Si la pandémie de coronavirus eu un impact sur le sport et la lutte contre le dopage au début de l'année 2020, les contrôles ont repris de plus belle sur la première partie de l'année 2021, pour atteindre ces deux derniers mois des chiffres supérieurs à ceux observés en 2019. Rien que le mois dernier, 25.000 tests hors compétition ont ainsi été réalisés.

Sur ces Jeux olympiques de Tokyo, les restrictions sanitaires liées au Covid vont bien sûr compliquer techniquement les choses. "Ça prend plus de temps, les contrôleurs doivent prendre des précautions, la logistique est plus lourde, les athlètes sont arrivés plus tard, mais il n’y a pas trop de différence", assure Olivier Niggli, directeur général de l’AMA.

Des sports plus ciblés que d'autres par la lutte antidopage

Concernant les sports, "bien sûr que certains sont plus surveillés que d'autres, en fonction du système d'appréciation du risque", précise Niggli: "L'haltérophilie par exemple est plus surveillée que le tir à l'arc".

Cette dernière discipline, qui joue d’ailleurs sa présence aux prochains Jeux de Paris, a vu après de nombreux scandales de corruption son programme de lutte antidopage être confié à l'ITA, l’International testing agency. La fédération internationale d’haltérophilie ne décide plus de rien en la matière. "C'est un programme plus robuste, et les tests sont faits correctement, il n'y a plus de passe-droits", observe Olivier Niggli, tout en expliquant que "s'il y a des anomalies, on essaye de faire corriger le problème". "Si les choses se mettent en place, ça va. Sinon, ça peut aboutir à des recommandations de non-conformité et aboutir à une exclusion du programme olympique."

Quid de la Russie et de ses 335 athlètes présents à Tokyo?

Suspendue 4 ans de toutes compétitions internationales par l'AMA fin 2019, la Russie avait vu sa sanction ramenée à 2 ans par le Tribunal arbitral du sport fin 2020. "Une décision que tout le monde doit respecter y compris nous à l'AMA", explique Niggli.

La Russie – dont les athlètes vont concourir sous bannière neutre – n'aura pas le droit à Tokyo de faire flotter son drapeau ou de faire retentir son hymne. En revanche, les couleurs bleues, blanches et rouges du drapeau seront utilisées dans les uniformes conformément à la décision du TAS.

L'AMA se défend par ailleurs: "On n'a pas demandé à ce qu'il n'y ait pas d'athlètes russes. Ceux qui sont là sont d'une génération qui n'a rien à voir avec ce qu'il s'est passé il y a quelques années."

Aujourd'hui, la Russie est soumise à un programme antidopage strict. L'une des conditions de la décision du TAS de ramener la sanction à 2 ans au lieu de 4, est que l'agence antidopage russe reste indépendante. "On suit ça de près, assure Olivier Niggli. Quand, dans deux ans, on réintégrera peut-être les Russes, on examinera ça pour s'assurer qu'ils respectent la règle. Dans les faits, on va regarder ce qu'il se passe en Russie."

Le dopage par toucher, de quoi parle-t-on?

Un documentaire de l'ARD, chaîne allemande, a récemment évoqué un nouveau type de dopage par le biais d'un transporteur de substance déposé sur la peau des adversaires. Et il en vient à se poser la question: peut-on, par un acte de malveillance, contaminer un rival simplement en le touchant, par une poignée de main ou une tape amicale, sans que le sportif s'en aperçoive? Et cela peut-il aboutir à un contrôle positif?

L'Agence mondiale antidopage annonce à RMC Sport prendre cela très au sérieux. Elle a demandé à l'ARD de lui partager les paramètres de cette expérimentation (substance, dosage...). "Le sabotage a toujours existé, explique Olivier Niggli. Ce n'est pas nouveau, et c'est plus simple en mettant quelque chose dans un verre qu'en touchant un adversaire. On a posé la question à l'ARD, mais on n'a rien reçu pour l'instant."

Arnaud Souque