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JO 2021 (VTT): un duo de Françaises en grandes favorites

Loana Lecomte, numéro 1 mondiale en VTT cross-country, et sa dauphine, Pauline Ferrand-Prévot, sont les deux favorites pour le titre olympique ce mardi (début de la course à 8h) à Tokyo. Très attendues, les deux championnes du monde en titre (Espoirs et Elite) pourraient offrir un doublé à la délégation tricolore.

Depuis le début d’année, Loana Lecomte est sur un nuage. Les quatre dernières manches de Coupe du monde auxquelles elle a participé? Quatre victoires. Les championnats de France? Un succès tranquille. A 21 ans, la jeune vététiste est pourtant encore chez les Espoirs. Mais le talent n'attend pas le nombre des années. "C’est assez incroyable, je ne m’y attendais pas forcément et j’en profite, se réjouit-elle. Je travaille chaque année pour être le plus en forme possible. C’est un peu un rêve…" Dominatrice, pleine de panache, Loana Lecomte dégage une vraie confiance sur son vélo et se révèle, depuis quelques mois, aux yeux du grand public.

"C’est spécial de passer sur le devant de la scène, poursuit-elle. Avec les entraîneurs de l’équipe de France, on a mis en place des accompagnements: quelqu’un s’occupe de tout ce qui est sponsoring, j’ai un attaché de presse qui fait des plannings. C’est un autre monde, c’est sympa." La Haut-Savoyarde ne sort néanmoins pas de nulle part. Jusqu’à ses treize ans, elle fait du VTT l’été et du ski l’hiver aux Carroz-d'Arâches, où elle vit. Mais le titre olympique de Julie Bresset en 2012 la fait pleurer. Ce sera le VTT. Loana remporte ensuite les championnats de France juniors et espoirs puis devient championne d’Europe espoirs. Avant le titre mondial l'an dernier.

Un report des JO bénéfique

Cette année, la marche est encore plus haute, chez les grandes, mais elle la gravit sans problème. Sa progression s’explique aussi par la saison dernière - où elle découvrait les courses élites - tronquée par la pandémie. "Le décalage d’un an des JO m’a permis de progresser physiquement, de prendre de l’expérience sur les courses Elite, de connaître un peu mieux mes concurrentes avant les Jeux, estime-t-elle. Je suis encore jeune, on augmente progressivement les charges d’entraînement... Je n’aurais peut-être pas eu les mêmes capacités physiques il y a un an."

"Ça peut sembler être une progression fulgurante depuis quelques mois, mais ça fait deux ou trois ans qu’on sait que techniquement elle peut être la meilleure mondiale, témoigne Yvan Clolus, le manager des Bleus. Elle a eu cette progression physique qui lui permet aujourd’hui d’être tout devant. Maintenant, elle reste jeune et on doit gérer tous les à-côtés, la pression… Mais elle gère pour le moment. J’ai l’impression que c’est quelqu’un qui n’a pas de limites."

PFP "pas jalouse ni envieuse"

Si elle dit vouloir "faire la meilleure place possible", Loana Lecomte est la grande favorite pour le titre à Tokyo... devant sa compatriote Pauline Ferrand-Prévot, dont elle était fan il y a encore quelques années. "Loana fait une saison incroyable, reconnaît la triple championne du monde (2015, 2019 et 2020, année où Lecomte s'impose chez les Espoirs) de 29 ans. Elle a eu une progression pendant l’hiver qui est juste dingue. Je suis vraiment contente pour elle car c’est une bosseuse." L’ambiance entre les deux collègues-concurrentes est bonne. "Elles performent dans la bonne humeur", se félicite Yvan Clolus. Mais "PFP", "pas jalouse ni envieuse", compte bien battre sa cadette. Et elle l’assume: "J’ai été championne du monde, championne de France, championne d’Europe. J’ai gagné des Coupes du monde. Donc mon objectif est d’être championne olympique et je me sens bien avec ça."

Pauline Ferrand-Prévot lors des Mondiaux 2020
Pauline Ferrand-Prévot lors des Mondiaux 2020 © AFP

L’histoire de Pauline Ferrand-Prévot avec l’olympisme est pourtant compliquée. Vingt-sixième à Londres en 2012, elle abandonne à Rio quatre ans plus tard, en pleurs devant les caméras alors que l'ancienne championne du monde sur toute (2014) et en cyclo-cross (2015) était très attendue. PFP est fatiguée, rincée psychologiquement par la pression qui l’entoure. Gênée physiquement, aussi. Elle a couru après le temps toute la saison à la suite de plusieurs pépins. "J’ai un goût un peu amer de ces Jeux, admet-t-elle. J’étais au bout du rouleau… Après Rio, dans ma tête c’était clair et net: j’allais arrêter. Je ne voulais plus monter sur un vélo. Puis j’ai eu une longue thérapie, des personnes m’ont aidé à reprendre confiance en moi, reprendre goût à la vie aussi."

Un chien nommé Rio

La Rémoise prend du recul, se remet au sport après quelques mois, avant de remonter sur le vélo. Elle achète un chien, aussi, qu’elle appelle…. Rio. Un "petit clin d’œil pour dire que Rio n’était pas si mal" qui fait partie de son cheminement. Début 2019 puis début 2020, elle se fait opérer en raison d'une endofibrose iliaque à la jambe gauche, source de ses soucis physiques. Apaisée, elle retrouve surtout un niveau international et les sommets avec deux nouveaux titres planétaires et aujourd’hui une deuxième place au classement mondial de cross-country.

"C’est la leader de l’équipe de France aujourd’hui, souligne Yvan Clolus. Avec son palmarès, son expérience, son ambition. C’est elle qui tire le VTT vers le haut en France depuis dix ans. Elle a respecté son plan de progression en passant les étapes les unes après les autres. On sait qu’elle sera au niveau des toutes meilleures aux Jeux." Au lendemain du raté des garçons, avec aucune médaille pour Victor Koretzky (cinquième) et le champion du monde 2020 Jordan Sarrou (neuvième), les deux Françaises sont favorites et ont tout pour faire résonner La Marseillaise. Reste à savoir laquelle tirera le mieux son épingle des Jeux.

Valentin Jamin