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JO 2021 (judo): l’arbitrage de la finale de Cysique, scandale ou pas?

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Disqualifiée en finale pour attaque dangereuse, Sarah-Léonie Cysique s'est contentée de l'argent à Tokyo. La décision d’arbitrage divise des légendes du judo, comme Lucie Décosse et David Douillet.

Tout le monde attendait des étincelles dans cette finale féminine des -57 kg et le clan bleu espérait de tout son cœur une médaille d’or pour Sarah-Léonie Cysique. Le rêve a tourné court, sur une décision d’arbitrage : la Française a été disqualifiée pour attaque dangereuse. Les officiels ont considéré qu’elle avait planté sa tête dans le tatami pour initier son action, ce qui est illégal car trop dangereux pour son intégrité physique. Le verdict a été mal vécu par la vice-championne olympique, qui n’a pas caché un "petit sentiment d’injustice" même si elle l’a "accepté", et a divisé le monde du judo.

"Une méprise" pour Douillet

"Sarah-Léonie ne peut pas contester la décision, parce que dans notre système d’éducation de judoka, on respecte avant tout l’arbitrage. Mais moi qui ne suis plus athlète, je peux la critiquer, a tranché sur RMC David Douillet, double médaillé d’or olympique. Je n’aurais pas pris cette décision. Je suis certain, à l’œil, qu’elle n’a pas eu l’intention de planter le cou pour faire ce mouvement, c’est évident. C’est à cause du contre de l’adversaire qu’elle s’est retrouvée dans cette situation. C’est une méprise."

"Quelqu’un qui a fait de la compétition voit ça du premier coup d’œil et Gévrise (Émane, triple championne du monde, consultante pour RMC) était d’accord là-dessus, a poursuivi l’ancien poids lourd. Il y a l’esprit de la règle, et là on n’y est pas. Si tu te plantes le cou dans le tapis pour ce mouvement, tu dois êtes sanctionnée, c’est logique pour éviter que tu finisses tétraplégique. Mais là, elle le commence sans planter son cou et il arrive là après un contre." Sur certaines images, la Kosovare Nora Gjakova semble en effet appuyer la Française lors qu’elle a la tête dans le sol.

"Pas un scandale" pour Décosse

Cette vision était contestée par Lucie Décosse, coach de Cysique, restée en France pour les Jeux. "C’est compliqué, c’est une histoire de règlement, a expliqué la championne olympique de Londres. C’est la Kosovare qui essaie de la contrer et la met sur la tête, mais normalement si elle avait tourné les épaules au même moment, l’action n’aurait pas été comptée comme un hansoku-make (une pénalité). Mais comme elle reste dans l’axe, si on découpe juste l’action du moment où elle rentre la tête dans le tapis, il y a pénalité. Je ne pense pas qu’on peut dire que ce soit un scandale."

Très digne dans la défaite, la principale intéressée avait laissé la place à la joie, quelques heures après sa finale. "Au début, ça a été un peu compliqué. Dans ma tête, je n’avais pas la médaille, j’avais simplement perdu une finale, encore. Ça a été très dur de me dire que j’ai été vice-championne olympique, mais une fois que je suis montée sur le podium, que j’ai eu la médaille, là ça s’est un peu envolé et j’ai pensé à la joie plus qu’à la tristesse", s’est-elle réjoui.

Corentin Parbaud Journaliste RMC Sport