JO 2022: de 2008 à 2022, comment Pékin a réutilisé le Water Cube et ses autres sites

Dans le "Ice Cube" situé en plein cœur de Pékin, les pierres glissent et les équipes crient pour guider l’homme au balais, sur la glace. Quand la cible est atteinte, on se tape dans les mains, on serre le poing.
Ici, les épreuves de curling battent leur plein, tous les jours. L’endroit est grand et moderne. Le toit, lui, ressemble à un assemblage de bulles côte à côte, d’hexagones de tailles diverses. Une originalité déjà vue en… 2008. Car cet "Ice cube" était, il y a 14 ans, le "Water Cube." Le site, en forme de boîte de l’extérieur, avait accueilli les épreuves de natation lors des Jeux Olympiques d’été pékinois. Les tribunes bleus et blanches sont toujours là. Au fond, on devine l’emplacement des plongeoirs de l’époque, utilisés pour la compétition de plongeon.
C’est ici que le Français Alain Bernard avait été sacré champion olympique du 100 mètres nage libre. Ici aussi que Michael Phelps avait raflé… huit titres olympiques. "C'est ce dont j'ai rêvé. J'ai une photo de Michael Phelps sur mon bureau lors de ces Jeux, à cet endroit-même. Maintenant, nous jouons dans cette même arène. Le rêve devient réalité", écrit sur Twitter le membre de l’équipe américaine de curling Christopher Plys, après découverte de la salle. Réponse du nageur: "Le cube est un endroit spécial… Amuse toi bien!"
2600 poutres en acier
Pour transformer le site en piste glacée, il a fallu environ deux ans de travaux. La piscine a été drainée et ont été installées, dans ce trou géant, 2.600 poutres en acier pour former une sorte d’échafaudage. Ces dernières supportent des blocs de béton, sur lesquels a été posée la glace. Des systèmes de déshumidification et de climatisation sont utilisés pour gérer la température. Une structure qui se veut ultra-moderne et sera, après les Jeux paralympiques, "réutilisée pour des sports d’hiver et d’été, passant de l’un à l’autre en fonction de la saison."
Et le Water Cube devenu Ice Cube n’est pas le seul exemple de sites "Pékin 2008": le palais national omnisport est passé du handball, du trampoline ou encore de la gymnastique au hockey sur glace. Le Palais omnisport de Wukesong, ex-antre du basket, accueille-lui aussi du hockey. Le Palais omnisport de la capitale, qui avait accueilli le volley-ball, reçoit maintenant le patinage artistique et le short-track. Et la cérémonie d’ouverture a aussi eu lieu dans le même site qu’en 2008, au Nid d’Oiseau, le stade national de Pékin.
Argument écologique
En plus d’avoir un côté pratique, tout cela a surtout un côté symbolique. Ces réutilisations et transformations de sites ont été un argument mis en avant par Pékin 2022 lors de sa candidature: moins de construction pour des Jeux plus écolos. "Les plus verts de l’Histoire", selon les organisateurs, qui parlaient en 2019 "d’organiser des Jeux olympiques d'hiver respectueux de l'environnement, fédérateurs, ouverts et propres".
"Certains sites ont été parfaitement réutilisés. Nous avons accordé toute notre attention sur l'économie de CO2. L’énergie verte est utilisée. Et nous avons un plan pour la réutilisation de ces sites après les JO", affirmait encore Zhao Weidong, directeur medias et communication du comité d’organisation juste avant les Jeux.
À Pékin, on répète fréquemment que, lors de ces JO, l’énergie utilisée est renouvelable, que les véhicules sont alimentés à l’hydrogène, au gaz naturel et à l’électricité. Que de la végétation a été plantée, aussi. Eoliennes, énergie solaire, les arguments sont nombreux.
Pérennité des sites
Certains répondent que la neige est artificielle et que la construction des sites de Yanqing et Zhangjiakou ont nécessité des modifications du paysage et des dégradations de l’environnement. Que la neige, 100% artificielle, a été créée en utilisant 185 millions de litres d’eau, dans une région où les réserves sont plutôt faibles.
À ce jour, l’impact écologique de ces Jeux olympiques est difficile à chiffrer. Mais le comité d’organisation préfère parler pérennité: comme le Ice Cube, le site du Big Air, en pleine zone industrielle, sera "utilisé pour de nombreuses compétitions sportives et l’entraînement des athlètes, ainsi que pour des événements culturels et civiques".
Le village olympique de Pékin, lui, "mettra en avant la santé et l’intelligence, se transformera en logement public ouvert à la location". D’autres sites, à Yanqing et Zhangjiakou, serviront pour des événements sportifs, festifs, touristiques et même… du camping.