JO 2022: les athlètes face au danger du cyber espionnage

"Les Jeux seront à huis clos donc le meilleur moyen de partager c’est de rester connecté." A l’image de Romain Heinrich, pilote de bobsleigh qui représentera les Bleus en Chine, les athlètes qui vont disputer les JO d’hiver à Pékin (4-20 février) vont passer beaucoup de temps sur leurs smartphones ou leurs portables pour partager leurs joies, leurs peines et leurs émotions. Oui mais voilà, en Chine, ces connexions ne sont pas sans risque.
Certaines délégations ont carrément demandé à leurs athlètes de ne pas emporter avec eux leur propre téléphone et autre matériel informatique personnel à cause des risques de cyber espionnage. "Les athlètes vont se faire prêter des smartphones qui seront mis à la poubelle en rentrant, confirme Raphaël Grably, journaliste pour BFM Tech. Le risque est que le téléphone utilisé soit piraté en arrivant sur place." Le danger peut venir de partout : d’une simple connexion wi-fi, d’une prise USB qui ne serait pas protégée quand un appareil est en charge ou tout simplement d’une application. L’une d’elle est déjà la cible de critiques.
My2022 est présenté comme un "outil important dans l'arsenal des mesures anti-Covid". Elle n’est pas obligatoire pour les athlètes, ni pour les professionnels lors des Jeux mais elle leur permettra de faire contrôler leur statut sanitaire. Or selon certaines expertises, des données (notamment vocales) pourraient être récupérées à l’insu des athlètes. "Je ne suis pas un expert, mais tout laisse à penser que ce genre d’application permet d’accéder à qui le souhaite aux documents qu’il peut y avoir dans le téléphone, note Romain Heinrich. Il y a des temps de latence qui sont un peu long. Je ne pense pas que ce soit des bugs d’application." Et d'ajouter : "Mais je ne le crains pas plus que ça."
Un téléphone portable (vide) fourni par le CNOSF
Pas de crainte donc, mais de la vigilance avant d’aborder les Jeux : "On a été formé au niveau du Comité olympique aux bonnes pratiques à adopter pour éviter de se retrouver dans des situations où on aurait des informations sensibles qui pourraient fuiter, poursuit l’athlète de 31 ans. Cela peut aussi concerner les connexions sur les réseaux publics ou tout simplement aller charger son téléphone dans des lieux publics sur des ports usb qui ont des petites centrales. Aujourd’hui, avec usb on peut tout faire. Ce n’est pas que du transfert d’énergie, c’est du transfert de données."
Compte tenu de ses activités d’ingénieur en dehors du sport, Romain Heinrich dispose de documents sensibles. Mais le Tricolore les a retirés de son ordinateur pour n’emmener que des contenus liés au sports. Pour ce qui est du téléphone, les athlètes vont recevoir un mobile d’un sponsor du CNOSF que l’instance leur recommande d’utiliser en priorité. "Le téléphone sera vide", sourit Romain Heinrich. Enfin il semblerait que certains athlètes tricolores, notamment les plus connus, aient fait l’objet d’une sensibilisation plus appuyée sur ce sujet.