JO 2024. Barbara Butch cyberharcelée: "Elle a dû partir de Paris parce qu’elle se sentait en insécurité"

"On parle de milliers de menaces". Depuis son apparition lors de la grande cérémonie d’ouverture des JO 2024, la DJ Barbara Butch est victime de cyberharcèlement. Elle a participé au tableau "Festivité" avec Philippe Katerine et des drag-queens, ce vendredi soir à Paris. Une scène, dénoncée par certains comme parodiant la Cène alors que le directeur artistique Thomas Jolly dément et met en avant une fête païenne reliée aux dieux de l'Olympe, après laquelle elle a reçu des messages de haine "du monde entier" selon son avocate Me Audrey Msellati.
"Elle est très combative, elle va bien, assure cette dernière ce mercredi sur RMC. Elle a décidé de se défendre, de se protéger face à cette vague de cyberharcèlement dont elle est victime et qui vient à la fois de gens français et internationaux. Elle a d’autant plus décidé de se défendre avec pugnacité qu’elle estime que ces vagues de cyberharcèlement doivent s’arrêter. Elle pense à toutes les victimes qui n’ont pas la chance de pouvoir être entendues, notamment par les médias."
Depuis vendredi, Barbara Butch reçoit "des insultes à caractère antisémite, grossophobe, lesbophobe, transphobe, sexiste", "très violentes et qui s’accompagnent aussi de menaces de mort, de torture, de violences, d’atteintes à son intégrité physique". "Il y a des appels coordonnés pour aller la cyberharceler, notamment depuis les Etats-Unis, explique Me Audrey Msellati. On essaye de travailler aussi sur un plan où on peut débusquer ces appels pour mieux les signaler au parquet. Le travail est assez colossal parce que le cyberharcèlement est massif et internationalisé." Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris.
"Une violence que Barbara Butch n’a jamais vécue auparavant"
Et Barbara Butch n’est pas la seule à être ciblée. "Il y a énormément d’artistes dans ce tableau qui subissent du cyberharcèlement, notamment des drag-queens, souligne l’avocate de la DJ. Je pense que Barbara Butch cristallise encore plus de violences parce qu’elle a un statut très particulier, celui de femme juive, lesbienne, grosse. En fait, ce sont toutes ces caractéristiques socio-culturelles, liées à son apparence physique, que les gens ne supportent pas de voir à la télévision. Les gens ne supportent pas qu’une telle personne puisse représenter leur pays devant le monde entier."
L’ampleur de ces réactions et de ces menaces a aussi surpris Barbara Butch. "Elle n’y avait pas pensé, selon son avocate. Elle se préparait, elle était très concentrée à donner le meilleur d’elle-même sur sa prestation. Elle s’attendait à avoir des commentaires négatifs, comme à chacune de ses apparitions et publications. Mais pas à ce déchainement-là. C’est une violence qu’elle n’a jamais vécue auparavant. Chaque seconde qui passe, elle reçoit des messages, des commentaires. Bien sûr, il y a énormément de commentaires de soutien, d’amour, de bienveillance. Mais pour chaque commentaire de soutien, il y a quasiment un commentaire violent."
Trump, Erdogan… "Ça amplifie la haine"
Au niveau international, Donald Trump et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont ajouté leurs voix aux critiques contre la cérémonie d’ouverture des JO 2024, notamment son "immoralité". "Ça amplifie la haine, note Me Audrey Msellati. De notre point de vue, à l’international, ce n’est pas tant une attaque contre elle mais contre les valeurs, les droits et les libertés de la France. Si elle doit être le pare-feu, la protectrice de ces valeurs parce qu’elle les incarne, elle le fera. Pour elle, les valeurs qu’elle a toujours défendues par ses engagements, la diversité, l’inclusivité, le respect de l’autre, elle les a chevillées au corps. Elle est complètement prête à mener ce combat. Elle va communiquer. Elle a dû partir de Paris parce qu’elle se sentait en insécurité, mais elle va parler."
Dans Le Parisien, Barbara Butch confie être "une survivante", "une guerrière" et être "prête à aller au front pour les gens qui n’y arrivent pas, pour ceux qui ne le peuvent pas". "Et je veux que les personnes qui se permettent d’être si intolérantes, sous couvert d’une appartenance religieuse ou politique, payent", assure-t-elle.