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JO 2024: "Ils auront peut-être moins d’a priori", comment les JO peuvent chasser les préjugés sur le golf

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L’épreuve de golf a débuté ce jeudi matin avec le premier tour du tournoi masculin dans le cadre verdoyant de Guyancourt où un public nourri a pris place autour du parcours. Les néophytes côtoient les grands connaisseurs qui espèrent que cette accessibilité changera le regard sur cette discipline souvent qualifiée d’élitiste.

Un soleil de plomb, des visages radieux et quelques clameurs parsemées. La compétition de golf aux Jeux olympiques a débuté ce jeudi avec le premier tour de l’épreuve masculine au golf national de Guyancourt. Dans les navettes bondées pour se rendre sur le parcours depuis la gare de Saint-Quentin en Yvelines, de fin connaisseurs portant des casquettes de la Ryder Cup côtoyaient des enfants désireux de voir la star espagnole Jon Rahm, mais aussi d’autres néophytes.

"Je ne pense pas que je serai venu voir du golf sans les JO"

C’est le cas d’Ugo, bonnet phrygien sur la tête, croisé au trou numéro 3 au moment où Rory McIlroy, superstar irlandaise, tirait. "Il y avait un super bon joueur qui était là", nous indique-t-il en désignant l’ancien numéro 1 mondial. Il est venu accompagné de son père, qui a obtenu ces billets. "Je connais vaguement les règles, il faut mettre la balle de trou", sourit-il. Sans le JO, il "ne pense pas" qu’il serait venu voir du golf mais il s’est renseigné sur les termes avant de venir. "Bogey, birdie…", cite-t-il. Son but à lui est de venir soutenir les Français Victor Perez et Matthieu Pavon, dont il n’est pas très sûr des noms, et de trouver la meilleure place pour cela. "Ils ont expliqué la stratégie, apparemment c’est d’attendre et d’anticiper."

Pierre est, lui, venu de Paris pour l’occasion. Il pratique parfois mais n’avait jamais assisté à une compétition. "C’est accessible et c’est un bel endroit", explique-t-il en louant le prix du billet (24 euros). "Ce sont les Jeux olympiques et je n’étais jamais venu au golf national. J’habite Paris, c’était l’occasion et j’ai pu avoir des places pas chères." Il espérait suivre le Français Victor Perez mais s’est vite retrouvé un peu perdu sur le parcours. "C’est impossible de savoir où il est", a-t-il regretté, un peu désorienté.

Croisé un peu plus loin, Philippe savait parfaitement où il se dirigeait. Grand amateur de golf, pratiquant, il a déjà assisté à la Ryder Cup en France en 2018. Lui vient voir les stars plus que les Français et semble avoir remarqué beaucoup de personnes dans son cas. "En entendant les discussions, les savent de quoi ils parlent, je pense qu’il y en a 80% qui jouent au golf", juge-t-il. Il se réjouit aussi de se fondre dans la foule avec les 20% restants et de côtoyer ce public mixte. Les JO rendent-ils le golf plus accessible? "Peut-être oui pour les gens qui ne connaissent pas. Ils vont peut-être trouver ça spectaculaire, intéressant. Ils auront peut-être moins d’a priori parce que tout le monde pense que ce sport est réservé à une élite."

"C’est un sport où il peut y avoir d’importantes dotations financières mais il n’y en a pas sur les JO et tous les grands joueurs sont là"

Son ami, également prénommé Philippe, fait d’ailleurs parti des récents convertis. "Je suis pratiquant depuis deux ans", confie-t-il en ajoutant être devenu "carrément" passionné. Il assiste pour la première fois à un tournoi en vrai et savoure. "Je découvre, je viens voir le beau jeu des joueurs et deux ou trois stars. C’est magnifique."

Aurélie, venue avec son mari et ses deux enfants a, elle, pris place au trou numéro 1 à l’ombre d’une arche. Elle apprécie aussi cette grande première sur site. "On aime bien le golf et ça (les JO) permet d’en voir, c’est accessible. Je ne m’attendais pas à voir autant de monde. C’est sympa." Son fils Elouane abonde: "c’est la première fois et c’est trop bien."

Olympique depuis 2016, le golf s’ouvre de nouveaux horizons avec cet accès plus "populaire" qui pourrait décoller quelques étiquettes bien accrochées. "On a tendance à ne pas voir le côté athlétique du golf", explique Jérémy, ancien joueur régulier. "Mentalement, c’est hyper exigeant, physiquement, ils enchainent aussi énormément." Il cite les nombreuses stars d’autres sports souvent aperçues sur les greens. La dimension olympique du sport donne aussi, selon lui, une autre image des joueurs. "C’est un sport où il peut y avoir d’importantes dotations financières mais il n’y en a pas sur les JO et ils sont tous au rendez-vous, tous les grands joueurs sont là", fait-il remarquer.

Colin MCKelly, Irlandais venu avec ses deux fils pour soutenir Rory McIlroy et Shane Lowry, apprécie cette approche olympique différente des circuits mondiaux (PGA ou LIV) même s’il regrette que les JO ne soient pas du tout au même niveau en termes de notoriété. "J’ai toujours eu un petit problème avec ça parce que ce (le golf aux JO) n’est pas la plus grande des compétitions pour le golf alors que les JO devraient être la plus grande des compétitions pour tous les sports. Mais chaque joueur ici veut gagner la médaille d’or ici."

Il savoure cette atmosphère un peu différente que le reste de la saison. "Il y a la fierté nationale d’être irlandais, les drapeaux, tout le monde supporte son pays, est heureux, passe un bon moment, profite. On est moins dans la compétition que lorsqu’il y en a toutes les semaines."

Jérémy valide et conclut: "Je ne mattendais pas à ce qu’il y ait une ambiance incroyable et pourtant, il y a une super ambiance. Je pense qu’il y a du public non connaisseur qui est venu pour encourager les Français, découvrir le golf, le cadre est sympa, c’est vert, on est au chaud."

Nicolas Couet Journaliste RMC Sport