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JO 2024 (natation): entraîneurs, avocate, sponsors, préparateur mental… la galaxie (très familiale) de Léon Marchand

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Déjà triple champion olympique, Léon Marchand fait chavirer la France lors des JO 2024. Un phénomène dont l’explosion était attendue cet été à Paris, lui qui a su s’entourer pour gérer au mieux performances sportives et notoriété.

Très proche de sa famille, bien connue de la natation française

Programmé pour le haut niveau, Léon Marchand a pris le temps de construire son entourage. Mais n’est pas allé très loin pour choisir ses personnes de confiance. Les compétences étant déjà parmi ses proches. Le Toulousain a grandi dans une famille de nageurs qui ont pratiqué le haut niveau. Son père, Xavier Marchand, aujourd’hui journaliste à France Télévisions, a compilé 21 titres de champion de France dans les années 90 en 4 nages. Il a également décroché une médaille d’argent aux Mondiaux 1998 en 200m 4 nages et deux médailles, une en argent et une en bronze, aux championnats d’Europe en 1997 et 2000. Désormais donc journaliste, Xavier Marchand gère les relations de son fils avec la presse.

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Sa mère, Cécile Bonnet, a elle aussi brillé dans les bassins avec 11 titres de championne de France en 4 nages et en dos, avec également des records de France en 100m 4 nages et 200m 4 nages. Et si ça ne suffisait pas pour faire de la famille Marchand un rassemblement de spécialistes, son oncle, Christophe Marchand, a été médaillé de bronze aux championnats d’Europe en 1993.

Tant de références qui ont poussé Léon Marchand à rester très proche de sa famille et a les privilégier pour les grandes orientations de sa carrière.

Deux entraîneurs qui travaillent en harmonie

Choyé dans ses jeunes années dans le cocon du TOEC à Toulouse, dont le président Vincent Gardeau est proche de la famille, Léon Marchand n’a jamais rompu le lien avec son club d’origine malgré son exil américain. Après les Jeux olympiques 2021 à Tokyo, le nageur polyvalent rejoint le groupe de Bob Bowman, le célèbre entraîneur qui avait cornaqué Michael Phelps, l’homme aux 28 médailles olympiques.

Marchand l’a donc rejoint dans l’Arizona à l’ASU où il a poursuivi sa progression, enchaînant titres et records. La fidélité étant l’une des marques de fabrique du Français, il a suivi Bowman au Texas, là où l’expérimenté coach s’est récemment installé après son départ de l’université d’Arizona State.

Un choix de carrière tourné vers les Etats-Unis qui n’a pas fait oublier Toulouse à Marchand. Lorsqu’il se trouve en France, il s’entraîne avec Olivier Castel, son entraîneur au TOEC, en suivant le programme de Bowman. Castel a aussi effectué un séjour aux Etats-Unis auprès de l’entraîneur américain avec qui il échange sur la progression du Français.

Pas d’agent, mais une avocate… un modèle à la Mbappé

Point d’agent autour de Léon Marchand, mais une structure qui rappelle celle de Kylian Mbappé. Et ce n’est pas un hasard. Les deux prodiges du sport français se sont rencontrés en 2023 avant les championnats de France à Rennes. "Il a mis en place un système qui ressemble un peu au nôtre, avec sa maman qui gère beaucoup de choses", confiait-il à L’Equipe Mag. "Ils ont décidé de ne pas engager trop de personnes pour s’occuper de tous les à-côtés, alors que Kylian, c’est quand même le footballeur le plus connu mondialement en ce moment. Ils restent dans leur petit cocon et font les choses à leur manière, sans avoir recours à une agence qui chercherait à leur vendre des sponsors, des publicités…. Kylian n’est pas tombé dans ce piège de dépendre de dépendre de personnes extérieures."

Quand Mbappé a la conseille Delphine Verheyden, Léon Marchand a lui choisi de confier ses intérêts à Carole Bluzat. Là aussi, on retrouve un choix ‘familial’. Cette dernière est la femme d’un ami de Xavier Marchand.

Des sponsors volontairement peu nombreux

"Je ne veux pas me transformer en panneau publicitaire." En 2023, Léon Marchand expliquait, au micro de RMC Sport, sa démarche discrète mais réfléchie autour des sponsors. "Je cherche à rester rare au niveau des partenariats. On veut faire attention à sélectionner les meilleurs."

Le Toulousain n’est sous contrat qu’avec deux sponsors: Omega et LVMH. Deux sponsors pour un athlète de cette dimension, c’est peu. Les règles du NCCA, le championnat universitaire américain, limitaient la marge de manœuvre de Léon Marchand sur les affaires. Celui-ci, qui disposait d’une bourse universitaie, va désormais passer professionnel, tout en continuant à s’entraîner avec Bowman au Texas.

"La priorité de Léon, c'est avant tout de nager, de prendre du plaisir dans ce qu'il fait et de performer", nous confirmait Carole Bluzat avant les Mondiaux de Fukuoka en 2023. "Il a besoin de temps pour ça et surtout pas d'être dans une logique mercantile. Gagner de l'argent lui importe peu. L'idée est de capitaliser pour son avenir dans le respect du cadre qui est le sien aux Etats-Unis. Mais sans chercher à tout prix à tirer le maximum. Quand on devient partenaire ou ambassadeur, il y a des contreparties qui sont demandées. L'objectif c'était zéro contrepartie. Ça n'existe pas (rire) mais l'objectif premier était d'avoir des partenariats les moins contraignants possibles pour lui pour lui laisser le plus de temps pour ce qu'il a à faire." Avant les JO, Marchand a poursuivi dans cette logique protection et de rareté avec très peu d’opérations médias et sponsors.

Une tête bien faite… et bien préparée

Léon Marchand épate autant par ses résultats que par son attitude. Posé, calme, réfléchi même après ses triomphes, le nageur tricolore travail son psychique depuis plusieurs années. "Il m'a contacté quand il devait avoir 18 ans. D'habitude je ne travaille pas aussi tôt avec des sportifs, j'aime bien qu’ils aient un peu plus d'expérience", nous confiait son préparateur physique, Thomas Sammut avant les Mondiaux de Fukuoka. "Mais déjà, on sentait chez lui cette volonté d'avoir une approche différente de celle qu'il avait. C'est pour ça qu’on a commencé à travailler ensemble. Et j'étais bluffé quand même par sa maturité."

"On ne s’est jamais imposé un rythme. C'est en fonction de lui", nous expliquait Sammut. "À partir du moment où il a digéré les informations qu'on a envie de traiter tous les deux, il me rappelle et on met un "step" supplémentaire en place. On échange un peu plus souvent à l'approche ou pendant les courses. Mais pas parce qu’il est dépendant de moi, mais parce qu'on on met en place des choses assez précises, pour que ça soit bien clair dans sa tête. Et il se nourrit de retours. Il a besoin en fait, que ce soit avec son entraîneur ou avec moi, de retours pour que lui réfléchisse sur la suite. Je ne suis pas son doudou, ce n'est pas de la dépendance au contraire. Nous on travaille sur une chose essentielle: l'autonomie." Une méthode dont les résultats sont éclatants.

Mathieu Idiart, avec Julien Richard