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JO d’hiver 2030: pourquoi Gabriel Attal n'a pas signé la garantie de l'État

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Le comité international olympique se prononce ce mercredi 24 juin sur la candidature des Alpes françaises à l'accueil des JO d'hiver. Pourtant, Matignon n'a toujours pas officialisé la garantie financière de l'État.

L'officialisation approche pour les Alpes françaises. La 142e session du comité international olympique (CIO) est censée attribuer officiellement, par un double vote ce mercredi 24 juillet, les JO d'hiver de 2030 aux Alpes françaises, seules en lice, et ceux de 2034 à la ville américaine de Salt Lake City.

Le scrutin aurait dû se dérouler le 12 juillet mais le CIO a reporté le vote, considérant qu'il manquait les garanties financières de Matignon. Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal n'a pas signé la lettre d'engagement financier de l'État pour les JO d'hiver 2030 dans les Alpes Françaises.

Amertume après la dissolution

Officiellement, Gabriel Attal n'a pas pu parapher la lettre d'engagement parce que la dissolution de l'Assemblée nationale est intervenue entre-temps. "La réalité, c’est qu’il aurait pu le faire avant, mais il n’a pas souhaité le faire", souffle à BFM DICI une source préfectorale.

"Je l’ai eu Attal moi, au téléphone. La face voilée, c’est qu’il a fait la lettre d’engagement sans la lettre de caution avec une seule volonté: faire chier le président Macron", déclare un proche du dossier.

Et d’ajouter: "ce n’est qu’une histoire de cornecul politique entre l’Élysée et Matignon. Attal n’a pas supporté la dissolution". Selon nos informations, Gabriel Attal s’est bien engagé dans un premier temps lorsqu’il était pleinement Premier ministre

"Et à la dissolution, il a trouvé le prétexte de dire, de manière élégante, ça sera mon successeur qui le fera. La réalité, c’est bien d’emmerder Macron qui lui mettait la pression pour signer. Ce qu'Attal aurait pu faire sans problème avant de partir" détaille un élu bien renseigné. "Mais signer avant de partir, cela manque quand même d’élégance", reconnaît cette même source politique.

Frilosité budgétaire du Premier ministre

Par ailleurs, l’aspect financier a aussi refroidi l’hôte de Matignon au moment de signer la garantie.

Avant la dissolution, il avait commandé un rapport à l’Inspection Générale des Finances (IGF) consulté par La Lettre pour évaluer le coût de ces JO 2030. Le budget estimé à un peu moins de 2 milliards d'euros par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP) serait dépassé.

"En gros, Attal n’a pas voulu prendre la responsabilité d’une gabegie financière comme le prévoit Bercy", résume une source qui suit ces tractations de près.

Contacté par BFMTV au sujet de ces différentes allégations, l'entourage du Premier ministre n'a pas souhaité faire de commentaires.

Bronca des élus locaux

De leur côté, les défenseurs des Jeux 2030 dans les Alpes balaient les doutes sur l'aspect financier. "On est face à un État profond qui systématiquement est contre et qui dit tout le temps non. Quand on voit ce qu’ils dépensent pour Paris. Dès qu’ils peuvent faire des économies sur la province, ils les font", s’étrangle un proche de Renaud Muselier.

"Tout existe en fait. Faire deux bosses à Montgenèvre et un front de neige à Serre-Chevalier, ça ne coûte quasiment rien à l’échelle d’un tel projet. On est parti sur un budget de 2,4 milliards et là, on est à 1.7 milliards. Et il y a encore des économies à faire", prévient un élu régional de premier plan.

Et de citer un exemple dans les Alpes du Nord: "une coupe du monde de descente coûte 10 millions et pour les JO d’Hiver, c’est budgétisé à 100 millions sur la même piste. Pourquoi ? Parce que c’est la tentation de dépenser pour des JO qu’il faut réussir, face à un CIO qui a un cahier des charges important".

"Et puis, ne nous voilons pas la face, le monde sportif sait très bien dépenser l’argent du monde politique et du contribuable. Ils ne doivent rendre des comptes à personne, à l’inverse des élus. Il va donc falloir calmer tout le monde et encadrer le COJO pour que ça ne parte pas dans tous les sens. On va encore faire des économies", poursuit-il.

Pas de doute sur l'attribution

Malgré l'absence de lettre d'engagement, Emmanuel Macron va bien aller défendre ce mercredi la candidature au siège du CIO à Paris. "Sauf surprise de dernière minute, c’est bon", assure confiante, cette cheville ouvrière du projet JO 2030 dans les Alpes Françaises. Pour elle, l’attribution des Jeux d’hiver ne peut plus échapper à la France ce mercredi 24 juillet.

"Je suis même en train de préparer mon discours. Mais on a eu chaud… ", poursuit-elle. Ce maire des Alpes du Sud est sur la même longueur d'onde. "Franchement, ça va mieux mais la semaine dernière, on était vraiment au fond du trou", reconnaît l’édile, qui sera demain à Paris pour vivre en direct cette attribution des Jeux 2030.

Contacté ce mardi matin, Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte-D’Azur, disait vouloir se concentrer sur la journée de mercredi. "Pour les Alpes Françaises et les Alpes du Sud, c’est la victoire la plus rapide de la terre et la moins cher. En janvier 2022, j’ai dit que j’allais chercher les Jeux d’hiver. En juillet 2024, on les a".

Et le Marseillais de conclure: "on va enfin donner une visibilité à nos montagnes. Et si on est un peu malins tous, collectivement, on va traiter beaucoup de problèmes récurrents qu’on n'arrive pas à traiter comme les dessertes en se dotant de moyens supplémentaires qui laisseront un héritage".

Valentin Doyen avec Florent Bascoul