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JO de Paris 2024: "Plus de temps à perdre", prévient Pierre Moscovici

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Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, présentait ce mardi au Sénat et à l'Assemblée nationale le rapport d'étape du gendarme des finances publiques sur les Jeux olympiques de Paris 2024. Avec quelques saillies intéressantes.

Le temps presse, et il l'a fait savoir. Le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici présentait ce mardi au Sénat et à l'Assemblée nationale le rapport d'étape du gendarme des finances publiques sur les Jeux olympiques de Paris 2024. Un travail entamé en 2019 et inscrit dans la loi olympique. Un document de 130 pages dans lequel les magistrats de la Cour des comptes ne tirent pas la sonnette d'alarme, mais soulèvent certains retards et somment les organisateurs d'accélérer, notamment sur les transports, la sécurité, et la signature de contrats avec les équipements. 

Le document présenté ce mardi ayant été rédigé avant la révision du budget par le comité d'organisation et l'augmentation de 10% du budget décidée en décembre dernier, cette révision budgétaire fera l'objet d'un nouveau rapport de la Cour des comptes au premier semestre 2023. 

"L'important n'est pas seulement de participer... Mais aussi de réussir. Et la Cour des comptes jouera son rôle de vigie." Devant les sénateurs, Pierre Moscovici manie la métaphore olympique. Et si le ton n'est pas alarmiste au moment de présenter le rapport d'étape de la Cour des comptes, certains points d'interrogation sont soulignés à 18 mois des Jeux olympiques de Paris. 

3 milliards d'euros de dépenses publiques

Avec un "point de passage délicat" selon Pierre Moscovici et "un risque opérationnel avéré" sur la livraison des sites olympiques. Les sites en construction sont dans les temps, mais "la Cour invite les différentes parties à accélérer le passage à la phase opérationnelle pour éviter des retards, et notamment de conclure les contrats avec les équipements utilisés pour les jeux. Pour assurer la livraison des Jeux, nous demandons de signer les conventions d'utilisation des sites au plus vite."

La Cour alerte également sur la sécurité. Avec en point central la cérémonie d'ouverture. "Le plan global de sécurité doit impérativement être arrêté, lance devant les sénateurs l'ancien ministre de l'Economie. Il faut anticiper le déficit de sécurité privé". Il semble en effet entendu que les 20.000 agents de sécurité privés ne pourront être recrutés. Et qu'il faudra donc faire appel aux forces de sécurité intérieures (augmenter la réserve opérationnelle de la gendarmerie et de la police, appel à l'armée). "Mais le cout doit être pris en charge par le COJOP, pas par les contribuables."

La question des transports est également soulevée dans le rapport. "La bonne gestion des transports est une condition sine qua non de bonne livraison des Jeux, prévient Moscovici. Il y a des retards sur certaines infrastructures comme le prolongement de la ligne 14, le franchissement urbain de Pleyel, la porte Maillot et la gare du Nord. Il faut achever le plan de transport site par site dès cette année."

Dans son rapport, la Cour des comptes indique également qu'elle n'est pas en mesure de valider l'équilibre budgétaire des Jeux de Paris 2024. "Ce n'est pas une critique, prévient d'emblée Pierre Moscovici. Les chiffres ne peuvent pas être validés par la Cour car ils reposent sur des estimations fragiles et des périmètres à mieux définir entre le privé et le public." Et de préciser les dépenses estimées pour les finances publiques et donc le contribuable: "Il y a à ce jour 1,2 milliard d'euros de l'Etat, 1,1 milliard d'euros des collectivités locales. Et il faut ajouter les dépenses fiscales, de sécurité, de santé, de transport qui ne sont pas chiffrés à ce stade." Soit un total estimé à environ 3 milliards d'euros. "Le passage de la phase de planification stratégique à la phase opérationnelle est plus délicat. La majorité des surcoûts s'explique par des causes exogènes (inflation), mais les acteurs doivent rester vigilants jusqu'au bout." 

La Cour des comptes rendra un nouveau rapport avant l'été suite à la révision budgétaire décidée le 12 décembre par le conseil d'administration de Paris 2024. Le président du gendarme des finances publiques Pierre Moscovici devant le Sénat prévient : "La phase opérationnelle doit être maitrisée et il n'y a plus de temps à perdre, on rentre dans le money time". 

Julien Richard