Paris 2024: les Franciliens peuvent-ils être appelés à rester chez eux pour ne pas saturer les transports?

L'expression en fera frémir plus d'un, renvoyant un passé proche qui donne encore quelques sueurs froides: y aura-t-il un appel aux Franciliens à rester chez eux du 26 juillet au 11 août 2024? L'hypothèse ne serait pas à exclure, si l'on en croit le Canard Enchaîné, qui a eu accès à une lettre envoyée par le Préfet de la région Île-de-France Marc Guillaume au ministre des Transports Clément Beaune le 28 novembre dernier.
Contacté par BFM Paris et RMC Sport, l'entourage du Préfet, très remonté, dément formellement une telle idée. "Il n’a jamais été question de confinement olympique, au contraire! Cela va à l’encontre de ce que souhaite le Préfet qui veut une mobilisation populaire. Il faut au contraire que les Jeux vivent", estime-t-on.
Toujours est-il que, d'après ce courrier, les projections de saturation du réseau de transports francilien semblent très alarmistes. "À certains endroits, le plan transport ne permet d'acheminer les spectateurs que si tous les autres voyageurs étaient dissuadés ou presque", explique le Préfet à Clément Beaune dans ce courrier. Lequel venait d'assurer dans les médias: "Nous serons prêts". En clair, selon le Préfet de région, le réseau actuel ne sera pas en mesure d'absorber la masse de touristes venus pour l'évènement si les utilisateurs habituels maintiennent leurs usages.
Des informations confirmées par RMC Sport, à qui l'entourage du Préfet affirme que dans sa lettre, celui-ci explique que certains jours, l'utilisation des transports en commun de la région risque d’être difficile pour les spectateurs mais aussi pour les habitants. À six mois des Jeux, le Préfet y explique toutefois qu’il reste encore du temps pour trouver des solutions. Dans son entourage, on estime que le Préfet fait aussi "son travail" de prévention avant un grand événement organisé dans sa région.
Faudra-t-il demander aux habitants de la région de rester chez eux durant les JO pour permettre au réseau de transport de résister et éviter un fiasco de l'acheminement des spectateurs? Le Canard Enchaîné utilise l'expression "confinement olympique" qui interroge, un vocable repris (puis retiré) ce jeudi par Le Monde à l'origine de la mise au point du Préfet.
100% de saturation sur les RER
Selon Le Canard, Marc Guillaume évoque, dans son courrier, un dépassement régulier des "seuils de saturation" sur 11 lignes de métro sur 16 et sur cinq lignes de RER... sur cinq: 68% de saturation pour le métro donc, 100% pour le RER, avec aussi des difficultés sur le réseau de bus. Entre 500.000 et un million de spectateurs par jour sont attendus pour ces Jeux de Paris 2024.
Interrogée, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse n'est pas choquée par l'idée d'un appel au télétravail généralisé pour les Franciliens.
"Nous disons tous que l'on incite au télétravail ceux qui peuvent télétravailler parce qu'il y aura du monde dans les transports", explique-t-elle ce jeudi.
Valérie Pécresse estime toutefois que le pire n'est pas inévitable, prenant pour exemple la dernière Coupe du monde de rugby qui, malgré un certain encombrement des transports, n'a pas connu d'incident majeur. "On nous avait annoncé que ce serait une catastrophe. Ce sont des défis importants, on va les relever. Que le gouvernement demande à ceux qui peuvent télétravailler de télétravailler, c'est tout à fait normal. On sera prêts pour les JO et on va les réussir", conclut-elle.
Auprès de France 3 Ile de France, Bernard Gobitz, vice-président de la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports d'Île-de-France (FNAUT), identifie des problèmes futurs sur les lignes 9 et 10 à la fin de certaines épreuves simultanées à Roland-Garros et au Parc des Princes. Il ajoute aussi le cas du Stade de France, qui avait déjà marqué les esprits lors de la finale de la Ligue des champions en 2022.