2,1 millards d'euros et 75% de fonds privés: le premier budget pluriannuel des JO d'hiver 2030 a été voté

Deux semaines après l’approbation par le bureau exécutif (représentants des deux régions, de l’Etat, du CNOSF, du Comité paralympique et de la Dijo), c’est au tour du conseil d’administration du Cojop 2030 (Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques des Alpes) de voter, à l’unanimité, le premier budget pluriannuel de la compétition programmée dans un peu plus de quatre ans. Un budget qui s’établit désormais à 2,132 milliards d’euros.
Ce budget est légèrement en hausse par rapport à celui imaginé dans un premier temps par l’institution, aux prémices de sa création à l’intronisation d’Edgar Grospiron, le 18 février dernier. Cette somme supplémentaire d’un peu plus de 100 millions d’euros s’explique par l’affinage, désormais possible en amont, de différents aléas sur les différentes années qui séparent l’établissement au gré de près de 3000 lignes budgétaires: du budget qui va baliser le travail des organisateurs désormais, comme la parité des monnaies euros/dollars ou encore le choix définitif des sites pour les épreuves.
Un budget "fiable et raisonnable"
C’est un budget qualifié de "fiable et raisonnable, ni surévalué ni sous-évalué" par les différents acteurs du dossier, qui n’ont pas voulu commenter en "on" le contenu des débats, effectués à huis-clos.
"Ce premier budget pluriannuel concilie l’objectif de Jeux sobres et respectueux des finances publiques avec l’ambition de livrer des Jeux spectaculaires, utiles au territoire, au sport, et à tous les Français. Ce budget sert désormais de cap, en nous donnant les moyens de réaliser notre mission, tout en nous engageant pour tenir, tout au long des
quatre années à venir, cet objectif de sobriété", se félicite toutefois Edgar Grospiron dans un communiqué transmis ce lundi soir.
Cette réunion s’est déroulée pendant deux heures ce lundi après-midi à Décines, au siège du Cojop, en présence de Marina Ferrari, ministre des Sports et de la Vie associative, des présidents de région (Renaud Muselier d’un côté, Fabrice Pannekoucke de l’autre), de la présidente du CNOSF Amélie Oudéa-castéra, du Monsieur Montagne de la région Auvergne Rhône Alpes, Gilles Chabert, d’Eric Brèche, patron du syndicat des moniteurs ou encore du représentant des maires de stations de ski et Fabienne Buccio, la préfète de région.
Quid des disciplines additionnelles?
Les dépenses se divisent en deux parts égales: la moitié pour le coût opérationnel, et technologique de préparation et gestion des sites ; l’autre moitié concerne l’administration, les ressources humaines, les coûts marketings et commerciaux.
Pour les recettes, un quart de l’enveloppe proviendra de fonds publics (État et collectivités) tandis que les 75% autres seront abondés par le privé, suivant la répartition suivante : 30% par le CIO et 45 % (soit environ 500 millions d’euros) que les services du Cojop devront aller chercher auprès de partenaires.
Derrière cette unanimité qui permet un bon pas dans l’avancée de la mise en place des JO de 2030, qui patine depuis que la France les a obtenus en juillet 2024, se cachent de nombreuses questions qu’il faudra encore résoudre. Comme la liste des "disciplines additionnelles" (décidées et à discrétion du CIO) et/ou des "sports additionnels" (choisis par le Cojop). Dans la deuxième acception, il faudra que ces épreuves supplémentaires s’autofinancent car aucune ligne budgétaire ne leur sera consacré... C’est tout l’enjeu d’équilibriste que les organisateurs devront réussir. "Il y aura des discussions", indique un participant. Qui du kilomètre lancé, du freeride, du télémark, du gravel ou du trail sera au planning? Ces choix se feront après les Jeux olympiques de Milan-Cortina, le Cojop plaidant la patience dans ce dossier.
La carte définitive devrait bientôt être dévoilée
En revanche, la carte définitive des sites pourrait s’écrire plus rapidement: avant le prochain conseil d’administration du 15 décembre? La visite (et l’ordre choisi …) des membres du CIO sur les zones des compétitions, programmée début décembre, pourrait donner des indications. Il semble de plus en plus vraisemblable que Val-d’Isère trouve sa place sur l’échiquier, mais avec l’impérieuse nécessité que la station prenne en charge l’hébergement des athlètes... "La Savoie, c’est le nœud gordien à dénouer, si possible avant les élections qui vont vite arriver", espère un élu, grand connaisseur du dossier: la région Sud a elle toutes ses épreuves bien définies et pourrait accueillir, l’essentiel des nouveaux sports et/ou disciplines choisis par les instances.
Et la répartition entre les deux grandes stations du département – Val-d’Isère d’un côté et Courchevel de l’autre – des épreuves est loin d’être faite. Les acteurs sur le terrain, que ce soit dans les Trois Vallées (Courchevel) ou en Haute-Tarentaise (Val-d’Isère) ne savent pas exactement ce que le Cojop va décider. Le dispatching peut-il se faire entre les catégories d’épreuves (la vitesse à Courchevel et la technique à Val d’Isère) ou par sexe (les hommes à Courchevel et les femmes à Val-d’Isère), en sachant que dans la première version, Courchevel aurait 14 jours d’épreuves (en comptant les entraînements obligatoires des descentes, Super G et team events) et dans la deuxième, que 9? Un vrai casse-tête qui va occuper les débats (pour le moment crispés…) dans les Vallées, entre tous les acteurs de terrain, pour certains engagés dans le renouvellement de leur mandat municipal en mars 2026.
Il semble en revanche acquis que Méribel n’est (vraiment) plus dans la liste des sites et que Tignes, qui avait été évoqué pour reprendre les Jeux paralympiques, initialement programmés à Méribel, n’y figure pas. Des Jeux para qui pourraient ainsi passer d’une vallée à l’autre: Courchevel a fait acte de candidature pour récupérer ces épreuves. La station a procédé à un tour d’horizon des possibilités, après une première réussie, en décembre 2024, avec une Coupe du monde de paraski en géant hommes et femmes.