Joubert : les raisons d’un fiasco

Le Poitevin a perdu toute chance de médaille olympique dès le programme court. - -
« Brian a commis des erreurs ! » C’est par ces propos inhabituellement sévères que le président de la fédération française des sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet, a commenté le crash de Brian Joubert, mardi à l’issue du programme court des Jeux de Vancouver. Le Français, qui abordera le libre de jeudi, 18e et sans plus aucun espoir de médaille olympique, n’a pas été épargné par le patron fédéral, pourtant historiquement aux côtés du Poitevin depuis ses débuts sur la scène internationale en 2001.
Champion du monde en 2007, triple champion d’Europe en 2004, 2007 et 2009, Joubert abordait le rendez-vous de Vancouver avec l’obsession olympique, après une 6e place à Turin et une 14e place à Salt Lake City. « Brian n’a pas été professionnel cette saison dans sa préparation, déplore Gailhaguet. La fédération l’a suivi dans tous ces choix, même quand nous ne les partagions pas tous. »
Après sa troisième place aux Mondiaux 2009, l’athlète se sépare de Jean-Christophe Simond pour rejoindre Laurent Depouilly, avec qui il est monté sur la plus haute marche européenne en 2004. Il s’entoure des chorégraphes bulgares Tatiana Denkova et Maxim Staviski, deux anciens champions du monde de danse sur glace. Blessé au pied droit en décembre, il ne prend part qu’à quatre épreuves avant les JO : le Masters d’Orléans (2e), le Trophée Bompard (4e), le Trophée NHK (1er), et les Europe de Talinn (3e). Cette blessure le retarde dans sa préparation olympique. « Après les championnats d’Europe, on a vu que je manquais de caisse, déclare-t-il. On a mis l’accent sur la condition physique. »
Gailhaguet : « On ne peut plus fonctionner de la même manière »
Joubert boucle sa préparation à Courchevel, avant d’effectuer ses derniers réglages chez lui, à Poitiers, au moment où ses camarades des Jeux prennent l’avion les uns après les autres pour la Colombie-Britannique. Arrivé à Vancouver le 12 février, quatre jours avant son programme court, Joubert refuse de loger au village olympique, préférant une maison, située à quinze minutes de la patinoire du Pacific Coliseum, qu’il partage notamment avec sa mère Raymonde. « Lors de mes deux premiers JO, je ne me sentais pas forcément bien là-bas, se justifie-t-il. J’étais tout le temps seul. Je pensais que ça serait plus convivial. J’ai été déçu par l’ambiance. Alors cette année, j’ai décidé d’être avec mes proches et je me sens mieux comme ça. »
A 25 ans, Brian Joubert est à la croisée des chemins. Après sa contreperformance, il a refusé d’abdiquer, se donnant encore deux ans au plus haut niveau. « Je serai derrière lui mais on ne peut plus fonctionner de la même manière, conclut Didier Gailhaguet. Il faut que notre fédération exige de Brian des choses qu’il ne nous a pas donné en tout cas cette saison. » D’ici là, le Français va disputer le programme libre sans aucun objectif de médaille. « Ça va faire bizarre », lâche le Français.