L’argent ne fait pas encore le bonheur

battue en finale des moins de 63 kgs, la Française a du mal à cacher sa déception sur le podium. - -
Même si le bilan est là avec pour le moment 9 médailles dont 7 d'argent, même si la valise à médailles des Tricolores commence à se garnir considérablement, force est de constater qu’on est, pour le moment, loin, très loin du score que l’on pouvait envisager après quelques jours de compétition. En effet, on attendait l’or pour Lucie Decosse, l’or pour Tony Estanguet, l’or pour Manaudou, et encore et toujours l’or pour le relais 4x100 m nage libre messieurs. Au lieu de cela, il faudra se contenter de l’argent, sept fois et du bronze, deux fois.
Sans dénigrer les performances réalisées par nos Bleus à Pékin, la déception est à la hauteur de l’attente placée en eux. Enorme. Légitime. A force, on pourrait finir par croire que ces derniers ont pris la fâcheuse tendance de s’emmêler les pinceaux au moment de se présenter face à leur destin…. vous l’aurez compris, celui de devenir champions olympiques. « Une médaille d’argent, c’est quand même bien mérité après le travail que j’ai fourni aujourd’hui. J’ai fait des manches intéressantes. L’Allemand était tout simplement meilleur que moi. Il faut savoir admettre lorsque quelqu’un vous est supérieur ». L’explication de Fabien Lefèvre, titré en argent en K1 messieurs, trahirait presque une propension à la résignation immédiate. Mais les derniers propos du kayakiste en disent longs : « Je suis content d’offrir cela à la France… même si j’espérais mieux ».
Pouvait mieux faire ?
Mieux, Tony Estanguet le souhaitait également. Mieux assurément, il s’entend, qu’une élimination en demi-finales, une surprise, une mauvaise blague également pour le porte-drapeau des Bleus. « C'est une grande désillusion car j’avais envie de faire un truc, et je me suis vraiment donné beaucoup de mal pendant deux ans pour préparer ces Jeux ». Que dire alors d’Alain Bernard, piégé lors de son finish dans le relais 4x100 par l’Américain Jason Lezak… ou encore de Lucie Decosse, sèchement mise à terre alors que le titre olympique lui tendait les bras. « Je sais que c'est quand même une médaille d'argent mais... J'étais venue pour l'or... Je me contenterai de l'argent, mais j'avais vraiment envie de ramener l'or ». Même ceux que l'on n'attendait pas, comme Vencelas Dabaya, ont montré une certaine réticence dans la prise de risques. « J'étais sûr de pouvoir soulever 190 kg, mais quand je me suis rendu compte du poids demandé par les coaches, j'ai réalisé que la charge était vraiment au-dessus de mes possibilités et je me suis désuni. Comme j'avais déjà gagné la médaille d'argent, je n'ai pas tenté de la soulever au 3e essai ».
Certains ont des mots durs, des mots que la déception à elle seule ne saurait motiver. Nicolas Lopez, argenté pour les premiers JO de sa carrière, n’échappe pas à la règle. « J'aurai des regrets pendant quelques heures. Dans un mois, je serai content de ma médaille d'argent. Mais si j'avais perdu en étant très fort, j'aurais juste dit « Bravo Monsieur », mais là, j'aurais pu faire mieux ». Visiblement, il n’y a pas que pour le tout public et les spécialistes que l’abonnement à l’argent pris par les Bleus agace. Gêne. Dérange. Vivement que l’or pointe le bout de son nez. Et que nos Bleus, dans le geste final, se donnent vraiment à fond.