La peur d’un « Nagano bis » !

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« Nagano bis ». Deux mots qui font frissonner d’effroi l’olympisme depuis le début de l’année. Vancouver risque de connaître les mêmes turpitudes que l’hôte des JO en 1998 : épreuves reportées, courses tronquées, iniquité entre les concurrents… La faute à un climat océanique, identique à celui de la ville japonaise, qui rend la météo extrêmement capricieuse. La cité canadienne n’avait ainsi jamais connu un mois de janvier aussi doux. Et n’a pas vu tomber un flocon de neige. « C’est dû au phénomène El Nino, qui a une répercussion sur tout l’ouest du Canada, explique Dominique Charron, prévisionniste pour la chaîne de télévision canadienne Météo Media. Ces températures de 3 ou 4 °C au-dessus de la normale vont se poursuivre dans les prochaines semaines. » Soit durant toute la durée des Jeux.
Les doutes ne concernent pas tant Vancouver elle-même que les deux sites choisis pour abriter les épreuves alpines. A 125 km au nord de la ville organisatrice, Whistler pourrait réserver quelques mauvaises surprises, malgré les 48 cm de neige au sol recensés au 1er février. Le lieu est si imprévisible que la FIS avait renoncé à y organiser une épreuve de Coupe du monde après trois virées catastrophiques entre 1996 et 1998. Mais toutes les courses avaient pu se dérouler lors des épreuves préolympiques de 2008. Avec peu de précipitions et de nouvelles chutes de neige prévues dans les dix jours, les skieurs ne devraient pas trop s’arracher les cheveux.
Danger sur Cypress Mountain
Un gros danger plane en revanche sur leurs collègues du snowboard et du ski freestyle. Leur lieu de compétition, Cypress Mountain, n’est qu’à vingt minutes en voiture de Vancouver. Avec des conditions météo très similaires. « Et là, c’est nettement plus problématique, reconnait Dominique Charron. Ça nécessite des mesures drastiques. » Le comité d’organisation des JO (Covan) a ainsi mis sur pied une équipe de quarante-cinq personnes, qui travaillent jour et nuit pour combler le manque de neige. Deux énormes camions font des va-et-vient incessants pour rapatrier de l’or blanc.
« Tout devait être prêt début janvier et on est loin du compte, s’inquiète Joël Franitch directeur sportif du snowboard français. On était ici l’an passé et les freestyleurs n’ont pas pu sortir de la semaine à cause du brouillard. » Un autre élément inquiétant. « La neige, on peut toujours l’amener ou se débrouiller pour la fabriquer, poursuit Franitch. Avec du brouillard, on ne peut rien faire. En plus, quand la neige se fait attendre comme ça, elle peut arriver d’un coup et on peut se retrouver sous deux mètres de neige. L’inquiétude est réelle. » Elle ne devrait pas se dissiper avant le coup d’envoi des JO, le 12 février.