Lamy-Chappuis en piste pour le doublé

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La pilule est difficile à avaler. Quatrième de l’épreuve par équipe mardi, l’équipe de France a vu le podium lui passer sous le nez pour quelques secondes. La faute à un concours de saut mitigé et un troisième relais de Sébastien Lacroix mal maîtrisé. Dans les rangs français, certains comme Maxime Laheurte ont eu du mal à cacher leur colère : « Ça fait chier. Ça fait deux fois, deux années de suite, exactement la même connerie. On s’arrache. On la méritait… » D’autres gardent la tête froide. Leader de la Coupe du monde et champion olympique sur petit tremplin, Jason Lamy-Chappuis est de ceux-là.
En patron, le champion olympique individuel prend les choses en main et rejoint son copain de Bois d’Amont quelques minutes après l’arrivée. Pas question de jeter la pierre sur un membre de cette équipe, soudée depuis huit ans et les années en juniors. Pas question non plus que ce groupe n’explose. « Jez » entraine « Seb » devant la presse. Comme pour montrer que cette équipe partage les bons et mauvais moments. « Il a tout de suite dit : ‘je reste avec Sébastien pour rencontrer la presse’. Tout simplement parce que Jason est comme cela. Il a la classe. Il avait envie de soutenir Sébastien », raconte Nicolas Michaud, patron de l’équipe de France. Et quand les deux hommes se retrouvent devant les journalistes et qu’il faut analyser la course de son compatriote, Jason détourne la question et préfère insister sur les lacunes de l’équipe en saut, le matin de la compétition.
Confiance en lui
Depuis qu’il a pris les commandes de la Coupe du monde, le natif de Missoula (Etats-Unis) s’est métamorphosé. Décontracté dans la vie, il a pris confiance en lui, tout en gagnant le respect de ses adversaires. La joie du clan américain, finalement pas si mécontent d’être dominé sur le petit tremplin par celui qu’ils avaient tenté de débaucher cinq ans plus tôt, en témoigne. Mais ce gamin de 23 ans à la gueule d’ange sait aussi se muer en bête de compétition quand l’évènement approche. « Jason est capable d’être très proche de ses coéquipiers et adversaires, poursuit Michaud. Mais attention : quand il chausse les skis et monte au sommet du tremplin, il se transforme en tueur. »
Deuxième sur le petit tremplin, l’Américain Johnny Spillane l’a appris à ses dépens. Ce jeudi, « JLC » aura l’occasion de réaliser un incroyable doublé. Du jamais-vu depuis Jean-Claude Killy en 1968 et ses trois titres à Grenoble. « Il sera un client pour la gagne. Il a la faculté de positiver les choses pour se donner encore plus de chances pour la suite », conclut Michaud. Médaillé d’or le même jour que Vincent Jay en biathlon, Lamy-Chappuis considère avoir déjà réussi ses Jeux. Même s’il avouait il y a un mois préférer remporter le titre par équipes plutôt qu’en individuel. « Tout ce qui arrive maintenant n’est que du bonus », sourit le principal intéressé. Une deuxième médaille lui permettrait néanmoins d’entrer dans une nouvelle dimension et de se positionner comme LA star française de ces Jeux.
Programme : saut à 19h, ski de fond à 22h françaises