
Le golf et le rugby disent merci à Rogge

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« J’ai beaucoup contribué à la reconquête de ce territoire qu’on avait un peu perdu dans la famille olympique. (…) Je n’ai pas ménagé ma peine pour convaincre de la richesse du rugby à 7. C’est un jour historique pour le rugby. » Oui, Bernard Lapasset peut légitimement s’enorgueillir d’avoir été l’artisan du retour du ballon ovale aux Jeux olympiques, après une traversée du désert de 85 ans. Les résultats du vote, hier à Copenhague, donnent raison au Français : 81 voix pour, 8 voix contre, pour 1 abstention. Dans la même veine, le golf a applaudi à sa réintégration dans la famille olympique. La dernière fois qu’on avait vu des putts aux JO, c’était en… 1904. Les membres du CIO ont adoubé la petite balle blanche par 63 voix, 27 contre, et 2 absentions. Le DTN du golf tricolore Christophe Muniesa ne s’étonne pas de ce score plus serré : « Ce résultat est une victoire symbolique. Le golf a longtemps cru qu’il pouvait vivre à l’écart des autres sports, et a aussi pâti d’une image de sport de riches. » Le golfeur nord-irlandais Darren Clarke, vainqueur de 19 tournois professionnels, a ainsi apporté sa fausse note à ce concert d’allégresse : « J'ai toujours été contre parce que j'ai grandi en regardant les Jeux qui sont pour moi un événement pour les amateurs. (…) Je ne pense pas que le golf devrait y être. »
« Perdre contre un sport qui n’existe pas… »
Dans un langage encore plus cru, certains représentants de sports recalés ont exprimé leur colère. « Aujourd’hui, le karaté et le squash représentent 70 millions de pratiquants dans le monde, tempête le président de la Fédération française de squash, Jacques Fontaine. Que le rugby à VII soit capable de me présenter 10% de ça ! (…) Personne n’en a même vu jouer un quart de minute ! Perdre contre le golf, pourquoi pas, mais perdre contre le rugby à VII, un sport qui n’existe pas…»
Ancien international de rugby, Jacques Rogge s’est personnellement positionné en faveur d’un des deux sports qu’il estime capables de « susciter l’intérêt de la jeunesse ». Au grand dam du baseball et du softball sacrifiés, mais aussi d’autres disciplines qui rêvaient à un avenir olympique. « La décision était prise avant », accuse, lapidaire, Jacques Fontaine. C’est là que le bât blesse. En août, la commission exécutive du CIO élimina cinq des sept sports en course au terme d’une procédure qui n’était pas initialement prévue. Certains poids-lourds du CIO, comme Dick Pound et Anita deFrantz, s’en sont ouvertement émus, dénonçant un abus de pouvoir. « On a mis les membres devant le fait accompli. On aurait dû voter pour les 7 sports, et non 2 dans une logique de "ça passe ou ça casse" », a déploré le Canadien Pound, candidat malheureux à l’élection à la présidence du CIO en 2001. Une première victoire dans la douleur pour Rogge, réélu peu avant le vote pour un nouveau mandat de quatre ans. Mais une victoire quand même.