Le nouveau succès d’Estanguet

Tony Estanguet - -
Tony Estanguet est devenu un expert en exercice de haut vol. Onze jours après son troisième sacre en canoë-monoplace (C1) alors qu’il avait failli ne pas se qualifier pour les Jeux, il vient de réussir ce qu’aucun Français n’avait fait auparavant. Douillet, Mauresmo et Dénériaz s’y étaient cassé les dents. Estanguet, lui, s’est fait élire à la commission des athlètes du CIO.« J’arrive avec ma jeunesse mais je ne suis pas là pour tout révolutionner, prévient le triple champion olympique au micro de RMC. Il faut garder cette proximité avec les athlètes car beaucoup ont de la méfiance vis-à-vis du CIO. Les athlètes peuvent compter sur moi pour faire passer leurs messages. »
Samedi après-midi, le CIO a publié les résultats du vote pour l’élection de quatre candidats (parmi 21). Le champion a été choisi par l’ensemble des athlètes des JO de Londres, présents au village olympique, au même titre que les trois autres : la spécialiste slovaque de tir Danka Bartekova (2295 voix), le rameur australien James Tomkins (1802), et la nageuse zimbabwéenne Kirsty Coventry (1797). Le Français a été élu à la quatrième et dernière position avec 1779 voix. « C’est génial, a réagi Isabelle Sévérino, présidente de la commission des athlètes du CNOSF. On avait échoué de peu avec Antoine Dénériaz, tout le mérite revient à Tony qui n’a pas ménagé ses efforts dès le lendemain de son titre. »
Le Japonais exclu, Estanguet élu
On l’a vu sillonner le village olympique, médaille autour du cou (« c’est plus facile avec »), le stade olympique, Wimbledon, le triathlon. Partir à la chasse aux voix. Les Françaises, bien sûr, mais aussi celles des grosses délégations qui n’avaient pas de candidats, les Américains, notamment. Une campagne de tous les instants pour combler les handicaps, celui d’une discipline très « européenne », sans parler de l’existence d’un rival céiste, l’Italien Antonio Rossi. A lecture des résultats, les efforts d’Estanguet, qui a arraché le dernier billet, n’ont pas été superflus.
« Je lui souhaite la bienvenue au CIO, a déclaré Jean-Claude Killy, membre du CIO, à l’antenne de RMC. On a vraiment besoin de gens comme lui, qui défendent magnifiquement leurs valeurs, avec beaucoup de discrétion, d’humilité mais aussi beaucoup d’efficacité. Il faut qu’il reste lui-même, qu’il s’introduise tout doucement. Il faut qu’il construise sa vie de ‘‘dirigeant sportif’’, qu’il apprenne. Dans deux ou trois ans, il se sera fait une place, il aura la confiance de ses pairs. »
Un « fait de course » a aussi joué en faveur du représentant tricolore. Deux candidats ont été exclus par le CIO après réclamations de certains pays. Exit le Japonais Koji Murofushi et le Taïwanais Mu-Yen Chu pour ne pas avoir respecté le règlement. L’affaire avait provoqué le report à la dernière minute des résultats. Un rebondissement qui a fait les affaires d’Estanguet, car le Nippon était arrivé premier… Sans ça, il terminait au pied du podium. Miraculé du Lee Valley White Water Centre le 31 juillet, Estanguet a encore une fois marché sur l’eau. « C’est une formidable récompense pour le sportif et pour l’homme », s’est félicité la ministre des Sports Valérie Fourneyron pour RMC Sport.
Le titre de l'encadré ici
Commission des athlètes, à quoi ça sert ? |||
Tony Estanguet devient le troisième Français à entrer au CIO après Jean-Claude Killy et Guy Drut. En tant que membre de la commission des athlètes, pour huit ans, le céiste prendra part aux décisions concernant l’attribution des villes hôtes, l’entrée et la sortie de sports au programme des Jeux, les changements apportés à la Charte olympique, sorte de Constitution des JO. Il votera à chaque fois que le CIO sera réuni en session (109 membres actuellement). « Tony nous fournira des informations de l’intérieur, ce sera très précieux », se réjouit Isabelle Sévérino, patronne de la commission des athlètes du CNOSF. « Les membres du CIO sont incontournables, souligne Guy Drut. Qu’on les aime ou pas, on ne peut pas considérer de candidature olympique sans les membres du CIO. Si personne ne le comprend en France et bien on passera encore à côté. »