RMC Sport

Les clés du succès tricolore

-

- - -

Avec cinq médailles olympiques, le biathlon français a déjà fait mieux qu’à Turin il y a quatre ans. Décryptage de ce succès dans une discipline qui ne compte que 300 licenciés dans l’Hexagone !

Un budget en hausse
Même s’il grimpe, le budget du biathlon reste ridiculement petit par rapport aux autres sports, mais également par rapport aux autres délégations. Les bons résultats de Turin (quatre médailles) ont néanmoins permis aux dirigeants de la discipline de recevoir une enveloppe de la Fédération française de ski (dont il dépend) légèrement plus conséquente que celle perçue lors derniers Jeux. Surtout, les sports nordiques bénéficient aujourd’hui de la fameuse "structureuse", une machine de 850 kilos qui transforme les skis en joaillerie, achetée il y a trois ans par le comité de Franche-Comté. Installée à Prémanon (Jura), le véritable QG du biathlon, elle est "prêtée" à la FFS et constitue aujourd’hui l’une des clés de la bonne tenue des Français sur la neige. Le budget du biathlon s’élève à 700 000€. A cette somme, il faut ajouter cinq cadres techniques, payés par l'Etat (environ 50 000€ par an et par technicien). Et pendant que les Français se déplacent avec des bus et des petits fourgons, les Norvégiens promènent un semi remorque avec du matériel haute-technologie d’une valeur de… 700 000€. « C’est une façon de faire qui ne sera jamais la nôtre. Mais il faut reconnaitre qu’au regard de l’investissement et de la rentabilité, c’est quand même intéressant », lâche malicieusement Fabien Canu, directeur de la préparation olympique.

Une politique de jeunes
La France a organisé sa détection autour de sept pôles espoirs. C’est d’ailleurs de l’un d’eux (Dauphiné) que sortent les frères Fourcade et Marie-Laure Brunet. Ces jeunes quittent le cocon familial aux alentours de 15 ans. « Ils ont fait le choix de se déraciner très tôt », explique Christian Dumont, le patron du biathlon français. Le but est de trouver la perle rare de plus en plus tôt et de l’accompagner vers les sommets. « On doit pouvoir les accueillir et mettre les moyens pour vite identifier les jeunes et les amener vers le haut niveau », poursuit Dumont. Le biathlon compte à peine 300 licenciés. C’est grâce à cette stratégie que sortiront les Jay, Brunet, Dorin et Fourcade (tous moins de 25 ans) de demain.

Un encadrement performant
Après les Jeux Olympiques de Turin, toute l'équipe d'entraîneurs a été renouvelée, à l'exception de Christian Dumont. Promu patron du biathlon, ce dernier a accordé sa confiance à des jeunes entraîneurs inexpérimentés. Siegfried Mazet (32 ans), l'entraîneur du tir, n'avait jamais entraîné au haut niveau et officiait en club, à La Chapelle en Vercors (Isère). « Christian a su faire en sorte que la transmission du savoir ne se perde pas, se félicite Canu. Je les vois travailler, ce sont des véritables horloges. Ils sentent le sport du haut niveau. » Ce staff s’est également attaché à faire évoluer deux générations. D’un côté les Sandrine Bailly (30 ans) et des Vincent Defrasne (33 ans), de l’autre les Marie Dorin (23 ans) ou Simon Fourcade (21 ans). « On a la chance d’avoir les plus anciennes qui nous ont aidées dès notre arrivée sur la Coupe du Monde », explique Marie-Laure Brunet (21 ans). Un passage de témoin qui devrait faire de nouvelles étincelles dès demain sur les relais. Au plus grand bonheur d’une délégation française qui espère bien battre son record de médailles à Vancouver (11). Grâce à une discipline qui compte à peine 0,01% des effectifs de la Fédération française de football…

Pierrick Taisne et Pierre Dorian, à Whistler pour RMC Sport