RMC Sport

Les JO de Londres, une addition très salée

La flamme et les anneaux olympiques

La flamme et les anneaux olympiques - -

Pascal Perri, économiste et intervenant des Grandes Gueules sur RMC, dresse le bilan des Jeux Olympiques 2012, qui viennent de s’achever. Les Londoniens vont être mis à contribution pour rattraper un coût global qui s’est envolé.

Les Jeux Olympiques de Londres auraient couté entre 11 et 12 milliards d’euros. C’est beaucoup plus que les 3,4 milliards de £ (environ 4 milliards d’€) prévus dans le dossier de candidature, il y a 5 ans. Plusieurs économistes de la City estiment que la note globale, coûts indirects inclus, sera supérieure à 20 milliards d’€. Ils rappellent par exemple que la Grande-Bretagne a du déployer des missiles sol air tout autour de Londres pour prévenir d’éventuelles attaques aériennes terroristes. Les Anglais peuvent être fiers de leurs Jeux, mais ils vont devoir assumer une belle ardoise. David Cameron, le Premier ministre, assure que les recettes directes et indirectes sur 4 ans représenteront plus de 16 milliards d’€. Le solde sera positif, dit-il, les Jeux auront rapporté plus qu’ils n’auront couté.

Cette hypothèse est très optimiste. Il faut compter sur la crise économique qui réduit les occasions de voyage et de loisir. Nul ne sait aujourd’hui si Londres bénéficiera de l’impact de ces Jeux et des images diffusées partout dans le monde. Dans la bataille des destinations touristiques, par exemple entre Londres et Paris, vis-à-vis des nouveaux voyageurs asiatiques (30 millions de touristes chinois par an), les JO pourraient cependant faire pencher la balance en faveur de Londres dans les arbitrages des voyageurs. Pourtant, les Jeux anglais ont été des jeux de crise, marqués par un appétit de consommation moyen. Il est trop tôt pour donner des chiffres précis, mais les envoyés spéciaux de RMC Sport ont rencontré des hôteliers et des restaurateurs partiellement satisfaits.

7,8 milliards d’euros pour les transports

A ce stade, les Jeux ont rapporté aux grandes marques associées, dans le secteur de la restauration rapide, sur les sites olympiques, ou aux partenaires des JO. La marque Adidas affirme que ses ventes ont progressé de 24 % sur le marché anglais au cours des derniers jours. Le hic, car il y en a un, c’est que ceux qui encaissent ne sont pas ceux qui vont payer la facture. Les contribuables seront appelés à financer les importantes dépenses d’infrastructure de la capitale britannique. Ils en bénéficieront, comme par exemple les travaux de rénovation urbaine ou l’amélioration du métro londonien. Dans le seul secteur des transports, la facture atteint 7,8 milliards d’€. Le métro de Londres est désormais plus moderne, plus rapide et plus efficace.

Pour les 12 millions d’usagers quotidiens, c’est une bonne nouvelle, mais une nouvelle qui risque fort de faire flamber les prix déjà élevés des abonnements. Les Jeux ne sont pas faits pour gagner de l’argent, mais des médailles. Il existe une bulle olympique. Pendant les Jeux et au cours des semaines qui suivent, le pays organisateur bénéficie d’un coup de pouce en matière de consommation. Puis vient le temps du bilan. Dépenses contre recettes. En marge de ce bilan strictement comptable, les très beaux Jeux londoniens renforceront la réputation de savoir-faire de l’Angleterre. Les entreprises anglaises en bénéficieront indirectement. Quand elles auront à affronter des concurrents sur les grands marchés, elles pourront se prévaloir du bilan olympique britannique. La réputation n’a pas de prix.

Pascal Perri