Lizeroux, au nom du frère...

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Le dimanche 25 janvier 2009 restera à jamais gravé dans la mémoire de Julien Lizeroux. Ce jour-là, le skieur de la Plagne remporte sa première victoire en Coupe du monde, lors du prestigieux slalom de Kitzbühel. Au moment de la cérémonie du podium, l’émotion le submerge. Six mois plus tôt, en juillet 2008 à Wengen, le Français perdait son frère adoré, Yoann, lors d’un saut en base-jump. « J'ai fermé les yeux, explique Lizeroux, et j'ai pensé à mon frère pendant tout l'hymne. Je sais qu'aujourd'hui, il est fier de moi. Je lui dédie cette victoire et j'aurais aimé qu'il soit là pour partager ce moment. »
Ce drame aurait pu l’anéantir, il l’a renforcé. Sa détermination n’est plus à démontrer. Blessé au genou droit en 2001, puis au gauche en 2005, le slalomeur avait déjà montré sa grande détermination pour revenir sur les pistes. Mais la disparition de Yoann dont il était très proche lui donne une force supplémentaire, presque surnaturelle. Sa victoire à Kitzbühel en est la preuve éclatante. Il n’a jamais été aussi fort.
Entouré de Pitchoune, sa mère qui le suit sur chaque épreuve en Camping Car depuis la mort de Yoann, Julien Lizeroux poursuit sa route. L’an dernier, il gagne à Kranjska Gora avant de briller aux championnats du monde de Val d’Isère. Devant son public, le skieur remporte deux médailles d’argent en super combiné et slalom et signe les seuls podiums de l’équipe de France masculine. Le tricolore terminera la saison 2009 à la troisième place du classement général de la Coupe du monde de slalom.
Force surnaturelle
En janvier 2010, le Savoyard surclasse tous ces adversaires à Adelboden. Partie de la douzième place à l’issue de la première manche, il réalise une deuxième descente de folie. Programmée une semaine plus tard, l’étape de Wengen, là où son frère s’est tué, aurait pu jeter un voile. Lui positive. « Je ne dirai pas que je suis triste, au contraire, affirme-t-il. Je suis content de venir ici. Déjà, c'est un endroit que j'ai toujours adoré. Et j’y reviendrai à chaque fois avec plaisir. Parce que c'est le dernier endroit où j'ai vu mon frère vivant... »
A 30 ans, le slalomeur va participer à ses premiers Jeux Olympiques à Vancouver. La plus belle chance de médaille française, après la blessure et le forfait de son ami Jean-Baptiste Grange, n’en fait pas toute une montagne. « J'aborde toutes les courses les unes après les autres avec autant d'importance les unes que les autres. De toute façon, si on veut arriver performant en février, il faut arriver en confiance. »
Le natif de Moûtiers ne se met aucune pression sur les épaules. « Je suis en pleine santé et je crois que c'est le plus important. Je gagne ma vie en faisant ce que j'aime le plus au monde : être sur des skis. Je ne suis peut-être pas l'homme le plus heureux du monde, mais, en tout cas, je n’en suis pas loin ». Avec pourquoi pas une médaille d’or autour du cou… Au nom de Yoann !