RMC Sport

Martin Fourcade : «Je me suis fait mal»

-

- - -

Le vice-champion olympique de biathlon, fou de bonheur, mesure la portée de sa performance.

Martin, que représente pour vous cette médaille d’argent ?
C’est un joli rêve. Des médaillés en biathlon, j’en avais deux ou trois affichés dans ma chambre quand j’étais gamin. C’est l’aboutissement de beaucoup de travail. C’est un objectif mis en place avec les coachs. Je venais ici pour ça. Ça montre que le travail a été fait dans le bon sens et que les ambitions n’étaient pas trop hautes. 

Vous avez été très performant en ski. Pas de regrets d’avoir laissé échapper la médaille d’or ?
Vice-champion olympique, il n’y a pas de quoi avoir de regrets... Le départ était un peu timide. A un moment donné, je n’y croyais plus. Devant, ça se regardait. Ça ne faisait pas le travail pour creuser l’écart avec ceux qui avaient des pénalités. J’ai réussi à me faire mal comme rarement. Je suis heureux.

Cette médaille doit-être le fruit de beaucoup de sacrifices…
Oui. C’est plusieurs heures d’entraînement par jour. C’est aussi habiter loin de sa famille, et partir loin de chez soi quand on est tout petit. Il y a aussi plusieurs heures de bonheur à l’entraînement. Il ne faut pas l’occulter. C’est également une ambiance dans le biathlon qui est extraordinaire. Voilà, c’est la huitième médaille. La machine France est à nouveau en marche. Je suis content d’avoir réenclenché le moteur. Il reste de belles épreuves avec le ski alpin et le combiné.

« J’ai un faciès qui ne retranscrit pas la douleur »

Vous revenez de loin, alors que vous étiez complètement passé à côté du sprint…
Oui, ma 35e place… elle n’était pas forcément facile à vivre au sein de l’équipe. J’ai eu un coup de moins bien après le relais. Mais c’est le fait d’avoir su me remobiliser qui me permet d’être médaillé aujourd’hui. Beaucoup de monde est heureux pour moi mais j’ai une grosse pensée pour ceux qui étaient là quand ça n’allait pas.

Vous avez pu compter sur le soutien de vos proches.
Oui, notamment Simon qui m’apprend beaucoup, qui m’apporte beaucoup. Une médaille en relais concrétiserait tout : notre travail d’équipe, la bonne ambiance au sein du groupe et le soutien que l’on s’apporte mutuellement.

Durant la course, vous n’avez pas été gêné par les cris et encouragements du public ?
Je suis surtout très attentif aux consignes que me donnent les coaches, à ce qui passe autour de moi durant la course. Je peux paraître un peu tête en l’air mais j’essaie de me tenir informé. Je n’ai pas un faciès qui retranscrit trop la douleur. Certains pensent que je ne me fais pas mal mais pourtant si, je me fais mal comme les autres. C’est peut-être une qualité que j’ai, celle d’être un peu plus lucide lors des moments-clés.

Comment peut-on arriver deuxième en manquant deux tirs ?
Même moi, je ne savais pas comment répondre à cette question avant la course. Il faut de tout je pense. De l’envie, des circonstances de course avec notamment des leaders qui ne prennent pas leurs responsabilités. Ça m’a permis de combler l’écart. Il y avait un Autrichien devant moi qui avait déjà une médaille d’argent autour du cou. Moi, je n’en avais pas. C’est aussi ça qui a fait la différence.

La rédaction