Mekhissi refait le coup de Pékin

Mahiedine Mekhissi - -
L’image est incroyable. Mahiédine Mekhissi qui prend dans ses bras puis soulève Ezekiel Kemboi, le champion olympique de poche qui vient pourtant de le priver d’or pour quelques mètres. Le Français et le Kényan échangent ensuite leur maillot, avant que le Kényan ne fasse son tour d’honneur flanqué du maillot tricolore sur le dos ! Huit ans après Athènes, Kemboi récupère sa couronne en un temps moyen (8’18’’56), un chrono de championnat, tactique, sans lièvre parce que ce soir dans le stade olympique chaud bouillant, ce n’était pas un meeting. Mekhissi (8’19’’08) l’avait promis. Il venait chercher l’or et si d’aventure il ne pouvait pas l’avoir, il irait saluer son adversaire. Il a fait plus que le saluer. Il l’a honoré.
Un geste de respect qui traduit la joie du désormais double vice-champion olympique, qui offre à l’athlétisme tricolore sa première médaille. A 27 ans, le Rémois s’installe définitivement dans le gotha du 3000m steeple mondial. Il devance un autre Kényan Abel Kiprop Mutai (8’19’’73). Et son grand rival, Brimin Kipruto (5e), qui lui a barré la route pour l’or à Pékin et à Daegu pour l’argent mondial, et qui a trébuché à plus d’un tour de l’arrivée. « J’ai une histoire personnelle avec Kipruto », répétait à l’envi le Tricolore avant la finale. Le contentieux est réglé. Cette fois, c’est le Français qui monte sur la boite.
A douze centièmes du sacre
Mékhissi gardera peut-être un peu en travers de la gorge les douze centièmes qui le séparent du plus beau des métaux. Seul face à l’armada kényane, le Français a un peu tardé à mettre ce dernier coup de rein qui en fait un finisseur redoutable. S’il a repris Mutai et l’Ethiopien Roba Gari (4e), Kemboi était trop loin. Et qui sait ce qu’il se serait passé s’il avait accéléré 50m plus tôt ? Il n’empêche. Ce qu’a fait le Français est très fort. Lui qui n’avait jamais couru sous les 8’10 cette saison, a abordé les Jeux sûr de son fait. « Ce sera tactique, j’ai plusieurs scenario en tête, assurait-il avant la course, j’ai hâte d’y être, le plus dur, c’est de patienter. » Il n’y a plus rien à attendre. La médaille est autour du cou.