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Mekhissi veut laver l’affront

Mahiedine Mekhissi

Mahiedine Mekhissi - -

Abonné aux places d’honneur depuis les JO de Pékin, Mahiedine Mekhissi, qui entre en lice ce vendredi (14h), vise l’or olympique du 3000m steeple. Pour redorer l’image d’un demi-fond français, ternie par les affaires de dopage et les mauvais gestes.

« J’ai envie de courir, je n’ai qu’une envie : courir… » Mahiedine Mekhissi est arrivé avec l’ensemble des athlètes tricolores le 31 juillet, et il n’en peut déjà plus d’attendre. Les séries du 3000m steeple débutent ce vendredi (14h) et la finale dimanche (22h25). « Le plus dur à gérer, c’est la patience. » Parce qu’à 27 ans, le gars de Reims, voilà quatre ans qu’il attend ce jour. Depuis sa médaille d’argent surprise à Pékin derrière Brimin Kipruto. Un titre de vice-champion olympique terni par les soupçons de dopage. Les années qui ont suivi lui ont permis de confirmer sa performance. En août 2010, il s’impose à Bruxelles en 8’02’’52, et s’il bute à une seconde du record européen de Bob Tahri, il frappe les esprits et entre dans la cour des grands. « Aujourd’hui, je suis attendu. Il y a quatre ans, je n’avais pas fait de conférence de presse (sourire). J’ai un statut de leader. Je suis là pour la médaille. »

Un standing conforté aux derniers Mondiaux de Daegu, avec cette médaille de bronze (8’16’’05), derrière les Kényans Ezekiel Kemboi et Brimin Kipruto. Kipruto encore lui. « J’ai un contentieux avec lui par rapport 2008 et 2011, j’ai une affaire personnelle avec lui », lâche-t-il un brin amusé. L’humour n’était en revanche pas au rendez-vous quand Mekhissi et Mehdi Baala, le spécialiste du 1500m, en sont venus aux mains sous les yeux médusés du public du meeting Herculis à Monaco, en 2011. L’athlète est coupable d’un nouveau coup de sang il y a quelques semaines aux Championnats d’Europe à Helsinki, lorsqu’il jette au sol une mascotte venue récompenser sa victoire. Quand on lui parle dopage, il ne fait pas dans le détail. Le steepler Nour-Eddine Gezzar, suspendu par la FFA après un contrôle positif à l’EPO ? « S’il n’est pas là, c’est qu’il y a des raisons. Il n’y a pas de place pour les tricheurs, pour les faibles. »

« Si le mec est devant, j’irai le féliciter »

Est-il fort d’ailleurs, alors qu’il dit se présenter « en pleine possession de (ses) moyens » ? Cette saison, il n’est jamais descendu en dessous des 8’10, et pointe au 12e rang des performeurs mondiaux, loin, très, très loin de Paul Kipsiele Koech (7’54’’31). Il a changé ses plans de préparation, a passé plus de temps à Reims et moins à Font-Romeu pour retrouver de la « caisse », lui, connu pour ses finishs ravageurs. Il dit ne pas penser qu’aux Kenyans, mais aussi aux Ougandais, aux Ethiopiens, aux Marocains, aux Qataris, aux Américains. « Je ne courrai pas pour avoir des regrets, ça je le sais. Si je ne suis pas champion olympique, c’est qu’il y aura eu plus fort que moi. Si le mec est devant moi, j’irai le féliciter. » La nuit, il rêve de ligne droite. Pour laver tous les affronts.

Louis Chenaille (avec J-F.P.) à Londres