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On a aimé, on n’a pas aimé: les JO 2018 par les envoyés spéciaux RMC Sport

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Les JO 2018 se sont achevés ce dimanche à Pyeongchang. Alors, derrière les podiums, dans les coulisses, c’était comment la Corée du Sud ? Les envoyés spéciaux RMC Sport racontent leurs découvertes, leurs impressions, leurs anecdotes, tout ce qu’ils ont aimé… ou pas !

Maureen Lehoux

J'ai aimé

- L'émotion de vivre l'arrivée de Perrine Laffont dans l'air d'arrivée avec ses proches, ses parents, son entraîneur. Leurs retrouvailles aussi lorsque la skieuse est devenue championne olympique. Il neigeait à gros flocons, il faisait très froid... Elle avait beaucoup de mal à réaliser l'exploit qu'elle venait d'accomplir. J'ai eu l'impression que le temps s'était arrêté et que cette championne venait d'écrire l'une des plus belles pages de l'histoire olympique. A 19 ans, elle réalisait son rêve. Elle ouvrait le compteur de médailles de l'équipe de France. Elle lançait parfaitement les Jeux. Et mes premiers Jeux dans la peau d'une journaliste, aussi.

Je n'ai pas aimé

- La difficulté de se comprendre. L'incompréhension était fréquente au quotidien. Les Coréens, même s'ils n'ont pas forcément compris, ne veulent pas dire non. On a donc parfois été envoyés dans la mauvaise direction sur certains sites olympiques avant de finir pas trouver le bon endroit. Pareil dans les restaurants où les commandes peuvent être un peu compliquées. Le summum a été lors d'un léger incident avec ma voiture. Bloquée sur une route de compagne coréenne dans des bouchons, j'ai très légèrement appuyé ma voiture sur celle de devant. Les voitures n'avaient rien mais les excuses n'ont pas suffi... La police, l'assurance sont arrivés en renfort. Personne ne parlait anglais. Le léger incident aurait pu durer cinq minutes, il a fallu trois bonnes heures pour le régler. 

- Et aller, pour une Bretonne, je suis quand même obligée d'évoquer le froid. Dur, dur de tourner avec une caméra, de vivre aussi tout simplement, lorsqu'il fait -25 degrés en ressenti !!! 

Anthony Rech

J'ai aimé

- La médaille d’argent en snowboard cross de la jeune Julia Pereira de Sousa et la grande émotion vécue avec sa famille lors de la finale. Une belle bande de Sudistes généreux, accueillants. Une jeune championne au caractère bien trempé, qui a adoré faire les interviews juste après la course, notamment avec Jean-Jacques Bourdin sur RMC, assise dans notre voiture de reportage. Quelle fraîcheur !

- Faire le chauffeur pour Perrine Laffont, en or sur les bosses. Je la récupère à son hôtel à Phoenix le lendemain du titre, on monte en voiture et on discute deux minutes sur la médaille, la fête, ses quelques heures de sommeil, puis elle me demande : "Cela ne te dérange pas si je dors ? Comment on incline le siège ?" Elle s’est réveillée quasiment à notre arrivée au club France. "Cela fait du bien !"

- La gentillesse des Sud-Coréens. Toujours souriants, très respectueux et disponibles.

Je n'ai pas aimé

- Les nombreuses chutes en skicross et en halfpipe. Ces champions vont très loin pour décrocher une médaille olympique. Parfois trop, à l’image de Kevin Rolland tombé trois fois lors de la finale de halfpipe et arrivé en mode puzzle en zone d’interview.

- Le vent de Pyeongchang. Des ressentis à -25°C. Sur le pas de tir du biathlon, c’était dur.

Louis Amar

J'ai aimé

- Les Coréens et l'organisation. Dans un pays très porté sur le respect des règles et de l'ordre, pas facile de gérer un flot de touristes, athlètes et journalistes occidentaux. Autres mœurs, autres habitudes, ça aurait pu mal se passer. Mais en fait, pas du tout. Les Coréens ont été d’une disponibilité et d'une gentillesse de chaque instant, prêts à nous aider ou à nous renseigner, dépassant leurs petites réticences initiales. Quant aux sites de compétitions, tout était parfait et bien en place. Le lieu n'était pas exceptionnel, une espèce de ville fantôme au milieu de nulle part, mais on a quand vécu de beaux Jeux !

- La cérémonie d'accueil de la Corée du Nord. Rares sont les moments dans une carrière où on a l'impression de vivre un instant d'histoire. Le jeudi 8 février, ça a été mon cas au moment de la cérémonie d'accueil de la délégation nord-coréenne au village olympique. L'hymne a été joué (il est interdit en Corée du Sud), le drapeau hissé (c'est interdit aussi), devant des centaines de journalistes du Sud, qui semblaient vraiment émus de voir des Nord-Coréens. Évidemment, ça n'aura pas d'impact à long terme dans la relation entre les deux pays, mais c'était une première en plus de 50 ans.

Je n'ai pas aimé

- Le froid et la nourriture. Vraiment un froid horrible. Du vent venu de Sibérie, des températures ressenties en dessous des -25°C. Bref, un enfer. Avec les micros gelés dans les mains, la caméra inutilisable avec des gants... Compliqué. Quant aux restos, c'est le seul bémol sur la ville et la façon dont elle a vécu les Jeux. Trop d’endroits fermaient tôt, avant 22h. Et puis peu de variété dans la nourriture coréenne. En gros, des barbecues et des bouchées vapeur avec des bouillons, donc un peu lassant. Quelques restos ont essayé de se mettre aux spécialités occidentales... mais ils n'auraient pas dû.

Morgan Maury

J'ai aimé

- L'équipe de France masculine vitesse de ski alpin. Trois mois après le décès à l'entraînement de leur ami et coéquipier David Poisson, les Bleus ont frôlé la médaille de bronze lors du Super-G avec la quatrième place de Blaise Giezendanner. Une récompense qui aurait changé la face d'une saison lourde pour eux, sans leur "Kaillou". Ils auraient très bien pu se louper dans les grandes largeurs. Vu le contexte, l'échec était admissible. Sans podium en Coupe du monde cette saison, ils ont su aller chercher leurs qualifications lors des classiques de janvier.

Le groupe composé d’Adrien Théaux, Johan Clarey, Brice Roger, Maxence Muzaton et Blaise Giezendanner, ainsi que les absents Nicolas Raffort et Guillermo Fayed sont restés d'une disponibilité et d'un courage exemplaires après les événements de Nakiska. Même à quelques heures d'une descente olympique, ils étaient toujours disponibles et souriants pour répondre aux questions. Des hommes en or, amoureux de leur sport, de la vitesse et de leur ami. Le CIO a refusé le sticker hommage à David Poisson sur leurs casques. Il en fallait plus pour les atteindre. Ils n'ont pas failli. Respect.

Je n'ai pas aimé

- Le vent. Il a mis en danger les épreuves de ski alpin sur les sites de Jeongeon (vitesse) et Yongypong (technique). La première semaine, il a repoussé la descente masculine, le slalom géant féminin et le combiné masculin. La deuxième, le combiné féminin a glissé un jour plus tôt. Cela a tassé le programme. Ces reports ont perturbé les athlètes et pire, empêché certains de tout disputer comme Mikaela Shiffrin qui a renoncé à la descente pour se consacrer au combiné.

-Les organisateurs et la Fédération internationale de ski ont essayé de prendre des décisions le plus rapidement possible pour le bien de tous. Le vent coréen, avec des rafales à plus de 100 km/h, a chamboulé le programme et joué des tours à quelques skieurs au moment des courses. La prochaine fois, penser à se méfier des villes où se dressent des parcs d'éolienne.

Thibault Giangrande

J'ai aimé

- Mon interview imprévue avec Johannes Boe. Lundi 19 février, 6h45 en France, 14h45 à Pyeongchang. La veille, Martin Fourcade a remporté sa 2e médaille d'or sur ces JO, sur la mass-start. Le lendemain, c'est le relais mixte. Je suis à environ 400 mètres du Stade Olympique, dans une zone aménagée pour les spectateurs, en train d’enchaîner les duplex pour BFM Sport. Au milieu des spectateurs, j'aperçois les manteaux oranges de la délégation norvégienne, entourés de plusieurs journalistes de leur pays. Johannes Boe est présent, en pleine interview.

Je m'approche de l'attaché de presse norvégien et lui demande dans un anglais parfait (pour un élève de 6e) s'il est possible de poser quelques questions au rival de Martin Fourcade. Refus. Je m'éloigne un peu pour ma prochaine intervention en direct, prévue à 7h pile, mais je garde Johannes Boe dans mon champ de vision.

Trente secondes avant de prendre l'antenne, je vois le Norvégien terminer son interview et commencer à s'en aller, seul. Il marche vers la sortie. Je lui cours après et l'interpelle. Il s'arrête, accepte dans un sourire de répondre à quelques questions. La veille, il s'est loupé sur la mass-start (16e), mais il reste disponible. Il sait que je vais lui parler de Martin Fourcade, il répond avec élégance. Dans mon oreillette "4, 3, 2, 1...". Johannes Boe est en direct sur BFM Sport.

- La rencontre rafraîchissante de la quinzaine. Vendredi 16 février. La France se réveille avec le sourire de Julia Pereira De Sousa Mabileau, médaillée d'argent en snowboard cross. Elle a 16 ans, elle est inconnue du grand public… et de certains journalistes également (coucou). Le soir, elle vient fêter sa médaille au club France. Elle s'arrête à mon micro pour une interview de trois minutes. Une révélation. Pétillante, à l'aise, elle décroche la médaille d'or de l'interviewée ! Un bonheur de parler de sa médaille, de sa vie d'une adolescente de 16 ans encore au lycée, qui n'aime pas la philo, qui va retrouver les cours et sa copine Tess Ledeux. Julia Pereira De Sousa Mabileau, "mais on peut dire seulement Pereira", est ma découverte de ces Jeux olympiques.

Je n’ai pas aimé

- La découverte du climat. Quelle joie de quitter la France ce samedi 3 février, avec cette impression qu'il pleut depuis huit ans sans discontinuer. C'est parti pour trois semaines de JO sous le soleil de la Corée du Sud. L'arrivée à Pyeongchang se fait dans une voiture dont le tableau de bord indique -16°C. C'est froid, mais c'est sans le vent. Quand la portière s'ouvre, il vient fouetter mon visage et me faire ressentir la vraie température de Pyeongchang : -25°C. Pendant dix jours, les couches de vêtements superposées n'y changeront rien : ce début de JO est placé sous le signe du congélateur. La deuxième semaine sera heureusement beaucoup plus chaude : environ -2°C.

- La nourriture coréenne. Le premier repas en Corée du Sud a réussi l'exploit de rendre celui de l'avion, quelques heures plus tôt, exquis. La viande, cuite sur un mini-barbecue posée sur la table, est tout à fait correcte. Les sauces qui l'accompagnent beaucoup moins. Ça pique beaucoup, le goût est (très, très, très) prononcé. Les légumes sont crus, difficiles à identifier. Pas de dessert, pas de fruit, le ton est donné. La première semaine me permet de retrouver la ligne, avant de pouvoir accéder au restaurant du Club France. Cuisine traditionnelle française, j'y mangerai midi et soir pendant deux semaines : +5 kilos.

Camille Gelpi

J’ai aimé

- Le coup de cœur, le titre en patinage de Bruno Massot avec sa partenaire Aliona Savchenko. C'est le titre de la persévérance pour ce Français naturalisé allemand. Privé de compétition et de galas rémunérateurs pendant un an et demi, à cause des atermoiements de la Fédération française, habitant et s'entraînant en Allemagne avec 200€ par mois pour vivre, il aurait pu se décourager. Mais ils ont tenu bon, avec sa partenaire, pour arriver finalement sur ces Jeux en grands favoris. Il aurait aussi pu prendre ce titre comme une revanche. Il est apparu au contraire apaisé, serein, répétant juste à qui veut l'entendre que ce qui ne tue pas rend plus fort. Une vraie leçon. 

Je n’ai pas aimé

- Le "cri de gueule", comme on dit, pour les commentateurs en France (Brunet, Ménès…), répétant à l'envi que ces Jeux sont un échec parce qu'il n'y a pas beaucoup de public au ski alpin. C'est faire preuve d'une étroitesse de vue assez regrettable. Oui, en France, en Europe, les disciplines alpines sont les disciplines reines. Mais ce n'est pas forcément le cas en Amérique du Nord ou en Asie.

Il y avait d'ailleurs un public enthousiaste sur les disciplines de freestyle, chères aux Nord-Américains. Quant aux sites de glace, ils étaient pleins la plupart du temps, avec une ambiance folle. Short track, patinage de vitesse, patinage artistique, les Coréens en sont dingues et ça s'est vu. C'est une chance d'avoir assisté à une course de short track dans cette patinoire survoltée. C'est ça aussi les Jeux, regarder plus loin que le bout de son nez.