Où sont les femmes ?

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« Où sont les femmes, avec leurs gestes de plein de charme ? » s’interrogeait Patrick Juvet. A l’ISU (Fédération Internationale de Patinage), on n’en pense pas moins des patineuses tricolores : « Vous avez des filles qui patinent ? C’est vrai ? » en rajoutant un brin mesquin : « Je pensais que vous n’aviez que Joubert ! » Un constat sévère mais réaliste des jeunes françaises, une nouvelle fois absente des Jeux Olympiques d’hiver. Retour en arrière pour comprendre ce manque.
Mars 2009, championnat du monde à Los Angeles. La représentante française Candice Didier est inscrite et doit terminer dans les 25 premières du classement pour décrocher le quota olympique. Fébrilité dans le clan tricolore, mais après son passage dans le court, la fédération semble rassurer. « Ça va passer », entend-on. La jeune fille a de l’expérience, la maturité nécessaire, mais a la réputation de ne jamais tenir sous la pression. Le lendemain, le programme court doit valider le quota olympique mais l’impensable arrive : Didier chute lourdement, ne se relève pas et sort de la patinoire sur une civière. Pas de classement, donc pas de quota. Il faut passer par une épreuve préolympique six mois plus tard en Autriche.
C’est la même Candice Didier qui s’y colle. Raté, la France ne sera pas aux Jeux Olympiques. La Fédération réussit quand même par un concours de circonstance à récupérer ce fameux quota pour qu’une Française soit à Vancouver. Mais le clan français est gêné. La politique des sports de glace en France est aussi de donner une chance aux jeunes et ainsi préparer l’avenir à l’image de Florent Amodio, 19 ans, retenu pour les JO. La relève est là, l’avenir semble promis à deux jeunes filles : Léna Marrocco et Yretha Silette. Problème pour ces deux adolescentes, leur âge. Les règlements n’autorisent pas l’inscription à des compétitions séniors quand les sportives n’ont pas 15 ans révolus. Vancouver n’aura donc pas de représentantes nationales, mais un cadre de la FFSG rappelle avec ironie « Ce n’est pas très grave car si on inscrit une fille et qu’elle termine 30ème, à quoi bon ? »
La politique de la Fédération semble aussi avoir une part importante dans le manque de résultats chez les filles. Voyant depuis plusieurs années que les podiums seraient utopiques, la FFSG a donc privilégié ses cadres, sa vitrine en leur offrant le confort et les conditions pour ramener des médailles. Brian Joubert à Poitiers et Delobel / Schoenfelder à Lyon en sont les meilleurs exemples. Un investissement rentable pour une fédération qui ne dispose pas de grands moyens financiers, et qui ne peut donc jouer sur tous les tableaux en matière de patinage artistique. Le dernier podium pour une française remonte à 1997. Vanessa Gusméroli avait alors décroché le bronze aux championnats du monde de Lausanne.