Paris 2024: le karaté ne s'avoue pas vaincu

Le karaté a débarqué mercredi matin dans les locaux du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 avec l'artillerie lourde. Francis Didier, le président de la Fédération française de karaté, Antonio Espinos, le président la WKF (la Fédération internationale) et son secrétaire général, Toshi Nagura, fraîchement débarqué du Japon. Sur les smartphones et dans les dossiers, un paquet de messages de soutien venus des champions de l'art martial.
De l'autre côté de la table, Tony Estanguet, le boss, Etienne Thobois, le directeur général, Jean-Philippe Gatien, le directeur des sports, et Aurélie Merle, directrice des sports adjointe, ont encaissé les tsuki (coups de poings) pendant une heure et demi. Sommés aussi de s'expliquer sur leur choix de ne pas garder le karaté dans le programme olympique des Jeux parisiens. Le COJO a beaucoup écouté et argumenté. De ce point de vue, Francis Didier est loin d'avoir été convaincu: "A part d'avoir de nouveaux sports, je n'ai pas trouvé d'arguments pour que le karaté soit exclu", estime-t-il. Pour les recalés, la décision est injuste.
Des tatamis sous la Tour Eiffel
Le 21 février, Tony Estanguet et son équipe ont choisi de miser sur le breakdance et le skateboard pour Paris 2024. Pas encore olympique, l'art martial sait qu'il vit en CDD. Tokyo 2020, au berceau de la discipline dans la mythique salle du Budokan, puis rideau. Goûter à la saveur olympique puis se voir enlever le pain de la bouche. "On n'aura même pas fait valoir nos capacités. Je regrette le timing. On a fait voir le désarroi des athlètes", raconte Didier.
C'est cette situation que les défenseurs du karaté ont voulu dénoncer en proposant de garder le karaté comme cinquième sport additionnel et d'attendre la décision du CIO. Les bons résultats du karaté français ne sont pas un critère du COJO, désireux de lancer les sports urbains dans le bain des JO. "Si cela avait était une condition affichée au départ nous nous serions adaptés en proposant des solutions … mettre des tatamis sous la Tour Eiffel c’est possible, c’est urbain", s'est emporté Francis Didier.
La pression des Japonais
Toshi Nagura a insisté sur la pression historique qui pesait sur ses épaules, lui le représentant du Japon, l'emblème de ce sport. "On m'attend à l'aéroport à mon retour, a-t-il expliqué en substance. Les Japonais ne comprennent pas pourquoi le karaté a été retiré. J'ai la pression de faire changer cela." C'est Antonio Espinos qui a sifflé le fin du face-à-face: "On a tout dit, les cartes sont dans vos mains", a-t-il conclu.
Plusieurs rendez-vous attendent encore le karaté. A la fin du mois, le COJO donnera ses inclinaisons et, dans sa session de juin, les confirmera ou pas. Le CIO ne validera les sports pour 2024 qu'après les JO 2020 à Tokyo. Mais le temps presse. Le karaté veut séduire et retourner le choix du COJO. Les réseaux sociaux, avec le hashtag #TsukiForKarate2024, ont lancé le combat. La Fédération française a mobilisé ses athlètes et va diffuser un clip ce jeudi. "Dans un sport de combat, on cherche à gagner mais pas à humilier. Il faut gagner avec panache", ajoute Francis Didier. Si le karaté réussit son retour en grâce, ce serait un fabuleux come-back.