Paris 2024: qui remportera la diffusion des Jeux olympiques en clair?

Du 26 juillet au 11 août 2024, Paris vibrera au rythme des Jeux olympiques - AFP
Et si France Télévisions, groupe du service public et diffuseur historique des Jeux olympiques, ne retransmettait pas en clair ceux de Paris 2024? Un scénario contraignant pour les téléspectateurs, surtout pour des JO maison, mais néanmoins très probable. En effet, le groupe américain Discovery a acquis les droits de retransmission en Europe des JO de 2018 à 2024 auprès du Comité international olympique pour 1,3 milliard de dollars. Si France Télévisions a d’ores et déjà acquis les droits de diffusion des JO 2018 et 2020 en clair dans l’Hexagone, la situation est plus délicate pour les Jeux de 2022 et 2024.
Pour l’instant, Discovery possède les droits télé de Paris 2024. Conséquence: les JO seront diffusés sur la chaîne payante Eurosport, propriété du groupe américain. Mais, rassurez-vous, l’accord entre Discovery et le CIO prévoit que les droits soient revendus à des chaînes gratuites avec une obligation de 200 heures de compétition retransmises en clair.
Des JO sans France Télévisions ?
Par le biais de sa présidente Delphine Ernotte, France Télévisions s’est dit intéressé pour l’achat des droits télé de Paris 2024 à Discovery… mais pas à n’importe quel prix. "Ça fait des décennies que l'on diffuse les JO, on ne va pas renoncer l'année où ça se passe à Paris! (…) Mais on ne peut pas payer n'importe quel prix pour les droits sportifs. C'est l'argent du contribuable", expliquait-elle fin janvier au Journal du dimanche. Problème: la facture risque d’être effectivement un peu trop salée…
En raison de l’organisation de l’évènement sur le sol français, le groupe américain Discovery entend faire grimper les enchères. "Nous pensons que les droits des JO 2024 à Paris valent au minimum le prix payé pour une Coupe du monde de football", a indiqué Julien Bergeaud, le directeur général de Discovery France, dans un entretien au Figaro. "Au moins 150 millions d’euros", selon le groupe américain.
Un peu trop pour France Télévisions qui, dans un contexte de coupes budgétaires, "n'écarte pas l'hypothèse de renoncer tout simplement aux JO de 2024", selon le JDD. Pour rappel, le groupe audiovisuel public avait dépensé 50 millions pour les Jeux de Rio en 2016. Soit trois fois moins!
Selon le dirigeant Discovery International, France Télévisions est même peu actif sur le dossier Paris 2024. "Nous les respectons beaucoup, mais ils semblent avoir moins d’ambitions. Vu l’engouement par ailleurs, les JO pourraient se faire sans eux", prévient-il, ajoutant que l’édition 2024 devrait être diffusée "de manière multicanal et multiplateforme".
Bataille des chaînes pour Paris 2024
Par ailleurs, la concurrence est rude. Le groupe TF1 s’est, lui aussi, déclaré intéressé pour l’achat des droits de retransmission de Paris 2024. "Pour les JO de Londres en 2012, nous avions diffusé la cérémonie d'ouverture. Si, dans le cadre d'une négociation possible, on pouvait diffuser ou co-diffuser en 2024 la cérémonie d'ouverture, de clôture, quelques grandes compétitions de sports nationaux collectifs, ça nous intéresserait", a déclaré Ara Aprikian, directeur général adjoint du groupe, sur les ondes de France Inter. Hormis la cérémonie d’ouverture des JO de Londres en 2012, TF1 n’a pas retransmis d’épreuves depuis les JO d’Atlanta en 1996, laissant la place à France Télévisions notamment.
Selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), le groupe M6 serait également sur le coup. Mais ce n’est pas tout… Selon un rapport publié le 12 février par le CSA, "le groupe Discovery pourrait décider de vendre ses droits en clair par lots en isolant les cérémonies d'ouverture et de clôture, les épreuves attractives et les sports collectifs", c'est-à-dire à plusieurs chaînes.
"Il pourrait aussi envisager de co-diffuser avec une autre chaîne payante et de garder des exclusivités pour sa filiale Eurosport. Enfin, il pourrait décider de vendre un lot mobile comme en Italie, où le groupe a vendu ces droits mobile pour les Jeux de 2018 et 2020 à l'opérateur télécom TIM", indique le rapport du CSA.
Comprenez que les nouveaux acteurs émergents dans la bataille des droits sportifs en France, comme l’opérateur télécom SFR, pourrait prendre part aux débats. Traditionnellement, les Jeux olympiques n’intéressent pas vraiment les chaînes commerciales. Mais à évènement exceptionnel, situation exceptionnelle. Pour l’instant, les négociations sont toujours en cours.