Pourquoi un retour en masse des athlètes russes aux JO d'hiver 2026 semble encore improbable

Trois ans après, ils pourraient faire leur grand retour. C’est en tout cas un sujet qui revient sur la table depuis plusieurs semaines, à un an des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de Milan-Cortina 2026. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la doctrine du Comité international olympique (CIO) au sujet des conditions de participation aux compétitions des athlètes russes et biélorusses a plusieurs fois été modifiée.
Après une interdiction totale de participer aux événements lors de l’éclatement du conflit en 2022, la CIO a revu sa position en 2023 avant d’arriver à une participation de certains athlètes russes sous bannière neutre lors des JO de Paris 2024. Ainsi, 32 sportifs étaient inscrits sur les listes des derniers Jeux. Et la Russie espère désormais un retour total de sa délégation pour les prochains Jeux olympiques d’hiver en 2026 du côté de Milan, assurant discuter avec le CIO. "Nous défendrons les intérêts de nos athlètes et de notre équipe olympique. Le règlement de cette question nécessitera du temps et des efforts supplémentaires", a fait savoir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, début février.
Coe et Lappartient favorables à un retour
D’autant plus que les candidats à la présidence du CIO se retrouvent avec des visions totalement différentes sur ce cas précis. L’un des favoris pour succéder à Thomas Bach, Sebastian Coe, demande un retour total des athlètes russes dans toutes les compétitions internationales. De son côté, David Lappartient, le président du comité national olympique et sportif français (CNOSF), lui aussi candidat, estime que les Russes "ne devraient pas être suspendus indéfiniment par le Comité olympique. C'est un pays de sport donc l'objectif serait de les faire revenir dans le giron du CIO". Et d’ajouter: "Mais il y a des raisons pour lesquelles le CIO a suspendu aujourd'hui le Comité olympique (russe), des violations de la Charte olympique mais aussi le fait que dans leurs statuts et sur leur territoire d'action ils ont intégré dans leur giron d'autres territoires qui appartiennent à un autre pays souverain dont les frontières sont reconnues par l'ONU. Il est donc évident que ces sujets doivent être traités en amont avant que des décisions puissent être prises."
Quid de Milan-Cortina 2026 ?
Sauf que tout le monde n’est pas de cet avis. Des sources racontent que "quelques pays bloquent" le retour des athlètes russes, mais ces nations ont du poids. "Dans le reste du monde, on ne comprend pas forcément pourquoi ils ne sont pas réintégrés", explique un proche du dossier. Dans certains sports, comme l'aviron, des athlètes russes sont déjà présents dans certaines compétitions de jeunes. "On considère que comme ils étaient mineurs au moment du début de la guerre, ils ne peuvent pas être impliqués", poursuit ce proche du dossier.
Alors qu’en sera-t-il lors des Jeux olympiques de Milan-Cortina 2026? Du côté du CIO, on fait savoir que les règles pour les Jeux de Milan-Cortina devraient être les mêmes que pour les Jeux de Paris 2024. "Les compétitions pour se qualifier arrivent très rapidement et ça paraît difficile de changer les critères de sélection en quelques mois. Les discussions sont régulières avec les fédérations internationales pour permettre la réintégration ou pas des athlètes concernés", explique un proche du CIO.
Oui pour le patinage, non pour le hockey sur glace
Certaines fédérations internationales ont déjà clairement affirmé leur position. C’est le cas du hockey sur glace, sport majeur en Russie. Début février, l’IIHF a voté une exclusion de la Russie pour la prochaine Coupe du monde en 2026. Les responsables de la fédération nationale n’acceptent toutefois pas cette sentence et rappellent que c’est le CIO qui "prendra la décision".
À l’inverse, début décembre, l’Union internationale de patinage (ISU) a autorisé le retour des athlètes russes et biélorusses dans certaines compétitions et sous certaines conditions. Une porte ouverte afin de se qualifier pour les prochains Jeux d’hiver. Pour le moment, rien n’est clair, le flou demeure. Et l’élection du prochain président du CIO mi-mars n’arrange pas la situation.
La question sera un sujet majeur lors de la prochaine session du CIO. Pour la première fois depuis le début du conflit, Russes et Ukrainiens seront présents physiquement. Les deux parties devraient d’ailleurs en profiter pour s’exprimer devant les représentants du comité international olympique.